Présomption de détournement en coaction : « Le ministre Abah Abah et moi ne nous entendions pas »

Présomption de détournement en coaction : « Le ministre Abah Abah et moi ne nous entendions pas »

Réfutant la thèse d’une éventuelle proximité entre lui et l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Vamoulke rejette la possibilité de commission de l’infraction qui lui est reprochée.

 

 

Par Florentin Ndatewouo

 

Amadou Vamoulke et Polycarpe Abah Abah ne sont pas amis. L’ex-directeur général de la CAMEROON RADIO TELEVISION (CRTV) dit n’avoir reçu aucune aide de la part de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances au moment où il prend ses fonctions en 2005. « Le ministre et moi ne nous entendions pas.», fait-il savoir à l’attention des membres de la collégialité. Au cours du contre-interrogatoire ce 17 mai de l’accusé par l’avocat de Polycarpe Abah Abah, Amadou Vamoulke réfute l’idée d’une relation de proximité entre lui et son coaccusé. Laquelle relation aurait facilité la commission de l’infraction de coaction de détournement de la Redevance audio-visuelle (Rav) de la CRTV. « (…) la première condition pour qu’il y ait coaction est qu’on s’entende », précise-t-il devant le Tribunal criminel spécial (Tcs).

  Me Ngo, avocat de l’accusé Polycarpe Abah Abah présente le rapport d’expertise admis comme pièce à conviction. Ce rapport comporte  dans les annexes 35 et 36 du volume 2 les ordres de retrait. D’après la défense de sieur Abah Abah, lesdits ordres de retrait ont été signés au  compte numéro  470534 de la Redevance audiovisuelle par Amadou Vamoulke. Ceci,  pour des motifs divers. « Avez-vous signé d’autres ordres  qui ne sont pas mentionnés dans ce rapport ? » Ainsi, s’enquiert-t-elle.

Polycarpe Abah Abah, ancien ministre de l’Economie et des Finances.

 

 

« Monsieur le président, notre consœur embarrasse notre client. Ce n’est pas possible. »

 

 

Amadou Vamoulke estime que la question demande à être précisée, « parce que signer les ordres de retrait c’est mon travail. Je n’ai fait que ça. » L’ex-directeur général de la CRTV se propose de reformuler : «  La question aurait été pertinente si elle aurait été ainsi formulée : Avez-vous signé les ordres de retraits visant à payer les frais de recouvrement de la Rav ? » Il n’en faut pas plus pour courroucer l’avocat de Polycarpe Abah Abah : « lorsque je vous pose une question, limitez-vous à  me répondre ! » Me Ngo ne peut contenir sa colère. Son confrère, Me Wamba, avocat de Amadou Vamoulke se lève de son siège et vole au secours de son client attaqué : « Monsieur le président, notre consœur embarrasse notre client. Ce n’est pas possible. » Le ton plus apaisé, l’air innocent, l’accusé Amadou Vamoulke précise le sens de son action : « je voulais me rassurer que nous tenions le même langage. Je croyais bien faire monsieur le président. » Dans la foulée,  Me Pondi appelle ses confères à la retenue. Les avocats se ressaisissent. Le calme revenu, l’interrogatoire reprend son cours.

En guise de réponse à la question de Me Ngo, Amadou Vamoulke indique que, « Par rapport aux éléments du dossier, je ne peux pas savoir. Lorsqu’on arrive à la tête d’une entreprise, il y a la continuité du service… » Pour l’ex-directeur général de la CRTV, « il n’est pas possible de questionner tous les actes de gestion initiés par votre prédécesseur avant de signer un acte qui nécessite votre signature. Mettez-vous à ma place, vous venez d’être nommé DG et on vous apporte des parapheurs pour paiement de l’eau, l’électricité, les salaires et même les impôts. Si vous devez questionner un paiement,  l’idée de questionner un paiement destiné aux impôts n’est pas celle qui vous traverse l’esprit en premier. »  

Il est reproché à Amadou Vamoulke, de concert avec monsieur Abah Abah d’avoir sorti du compte numéro 470534 de la redevance audiovisuelle (Rav) la somme de 594 millions 258 mille Fcfa entre 2005 et 2006.

Avant le  contre-interrogatoire du conseil de Polycarpe Abah Abah, Amadou Vamoulke s’est fait auditionner par sa coaccusée, Antoinette Menyeng Meyoa Essomba.

Après une audition de prêt de 04 heures de temps, l’ex-directeur général de la CRTV éprouve de la fatigue. L’un de ses conseils, Me Pondi, demande au Tribunal la suspension de l’audience. Le Tribunal répond en faveur de cette requête. La cause est renvoyée au 18 juin, et 6 juillet prochains pour la suite du contre-interrogatoire de Amadou Vamoulke et la suite de la procédure.