Amadou Vamoulke : « Le rouleau compresseur ne loupe jamais. »
L’ancien directeur général de la CAMEROON RADIO TELEVISION (CRTV) s’est exprimé à l’audience d’hier 28 août au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé, après la déclaration de culpabilité faite par le président de la collégialité, quelques temps avant le délibéré ayant débouché sur sa condamnation à la peine de 20 ans de prison.
“Je ressens votre jugement, comme un jugement fantasmagorique. Pourquoi je le dis? Parce que si vous allez à la CRTV (CAMEROON RADIO TELEVISION, Ndlr), vous demandez au personnel : « quel est le Directeur général de la CRTV qui vous a permis de sortir de la tête de l'eau ? » On vous dira que c'est le monsieur que vous êtes en train de condamner. Il y a un directeur général qui m’a dit une fois : « monsieur le directeur général, si le décret de 2005 ne vous avait pas nommé rapidement, on aurait plus de CRTV aujourd’hui… »
Le rouleau compresseur ne loupe jamais.
Un directeur de la CRTV qui, pour permettre à la CRTV d'économiser, a réduit de moitié son salaire, et qu'on le présente comme le plus grand bandit de la République. Mais je me demande si les mots ont encore un sens.
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Si quelqu'un peut faire fonctionner une entreprise avec un quart du budget initial, et qu'on dise qu'il est un voleur, alors, est-ce que les mots ont encore un sens? La CRTV fonctionnait initialement avec un budget de 25 milliards Fcfa. Mais à mon arrivée, j’ai pu ramener ce budget à 11 milliards Fcfa…
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Je parle comme quelqu'un qui pour vous, n'existe déjà plus. Je n'ai pas eu droit à une justice.
J’aimerais avec votre permission, revenir sur un aspect de ce Procès qui me revient à l’esprit. Dans les sommes d'argent dont le détournement m’a été imputé, il y a des gens qui ont perçu cet argent. Je ne pense pas que c'est juste que de me demander de payer les sommes pour lesquels d'autres personnes ont bénéficié. Ces personnes existent. Pourquoi ne les a-t-on pas interpellé afin qu’ils viennent s’expliquer devant ce tribunal ? Pour moi, c'est une plaisanterie de mauvais goût... De ce qui a été dit par mes coaccusés, tout part de la base. On exprime les besoins à la base, et on les remonte jusqu’à la signature du Directeur général. C'est ça être un Directeur général. Un directeur général qui fait travailler tous ses collaborateurs. Comme je l’ai dit à la précédente audience, je n’attends rien de ce procès qui me soit favorable. Je vous remercie de m’avoir permis de m’exprimer."