Affaire Martinez Zogo : Me Charles Tchoungang tire à boulet rouge sur la partie civile

A l’audience du 09 juin dernier au Tribunal militaire de Yaoundé, le défenseur des accusés Jean-Pierre Amougou Belinga et Bruno Bidjang Bikoro Oba’a dénonce les « manœuvres dilatoires » et impute à ses confrères, la responsabilité des lenteurs judiciaires.
Par Florentin Ndatewouo
La colère de Me Charles Tchoungang contre la partie civile et le civilement responsable est totale. A l’audience du 09 juin dernier au Tribunal militaire, il ne tarde pas à le faire savoir : « Monsieur le président, nous savons désormais ceux qui n’ont pas intérêt à ce que la vérité se sache dans cette affaire. » L’Avocat des accusés Jean-Pierre Amougou Belinga et Bruno Bidjang Bikoro Oba’a pointe ainsi du doigt ses confrères d’en face. Il reproche à ces derniers d’être à l’origine des lenteurs judiciaires, observées dans le cadre de la procédure en cours devant la Cour d’Appel du Centre : « La Cour a rejeté les requêtes en récusation qui ont été déposées par nos confrères. Me Assira a déposé une seconde requête pour ensuite nous faire savoir qu’il renonçait à celle-ci. Seulement, lorsque nous nous sommes approchés du Greffe de la Cour, nous avons constaté qu’il y avait bel et bien la requête. Pendant ce temps, nos clients sont en détention et attendent leur jugement. Nous ne comprenons pas cette attitude de nos confrères. »
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La défense de Jean-Pierre Amougou Belinga et Bruno Bidjang ne décolère pas. Me Charles Tchoungang dénonce la violation par ses confrères, des principes déontologiques qui régissent la pratique de l’Avocature: « Dans la profession, il existe un devoir de diligence. Et là, je parle en tant qu’ancien Bâtonnier. Ce qui a été fait constitue une faute déontologique. Les confrères auraient dû nous informer par écrit. L’administration, la Justice est écrite. »
La partie défenderesse évoque « une manœuvre dilatoire ». De l’avis de Me Charles Tchoungang, l’attitude de la partie demanderesse trahirait une faiblesse : « Ils ont peur de nous affronter. Il ne suffit pas seulement d’accuser, encore faudrait-il apporter la preuve des accusations. »
Absent à l’audience, Me Claude Assira s’est fait tout de même représenté par sa collaboratrice : « A la dernière audience au niveau de la Cour d’appel, Me Assira a tenu à indiquer à haute voix qu’il renonçait à la récusation de certains membres de la Collégialité. Il n’est pas exact de dire que nous souhaitons faire durer la procédure. »
« Ces Juges ont été récusés pour rien. Nous avons d’ailleurs entendu des choses surprenantes dans les couloirs… » Me Charles Tchoungang
Cette réaction de la représentante de la Direction générale de la Recherche extérieure (Dgre) va davantage accroitre le courroux de son contradicteur : « Vous n’avez pas 06 mois de Barreau jeune dame. Je peux donc comprendre que vous ayez du mal à intégrer un certain nombre de choses », assène Me Charles Tchoungang. « Vous n’avez pas acté le retrait de votre requête. Ce n’est pas la chambre criminelle de la Cour d’appel qui est compétente pour connaitre de cette requête, mais plutôt la présidente. Voilà pourquoi votre demande est demeurée auprès de la présidente de cette juridiction. »
Me Charles Tchoungang va de ce pas remettre en cause le choix de ses collègues, de procéder à la récusation de certains membres de la Collégialité. Ce dernier estime que la récusation est l’arme ultime de l’Avocat. A cet effet, « ce dernier ne doit l’utiliser qu’en dernier recours. Les modalités concernant la récusation des Juges sont encadrées. Elles sont extrêmement strictes. » Me Charles Tchoungang de s’ériger en fervent défenseur des Magistrats visés par la récusation : « Ces Juges ont été récusés pour rien. Nous avons d’ailleurs entendu des choses surprenantes dans les couloirs… Les confrères d’en face ont même souhaité la mise en retraite de ces hauts Magistrats… » De quoi renforcer l’indignation de la défense et instruire par la même occasion, le procès de la demanderesse : « Je trouve que c’est extrêmement grave. Lorsqu’on se trompe de nom, du grade et la position qu’un Magistrat occupe au sein de la Collégialité, je suis en droit de me poser des questions. Il s’agit d’un cas d’outrage à Magistrat. » Me Charles Tchoungang dit redouter que le même scénario se reproduise devant la juridiction militaire.
Il convient de noter que la récusation est un mécanisme juridique prévu par les dispositions de l'article 591 et suivants du code de procédure pénale camerounais. L'audience du 09 juin dernier a été renvoyée au 30 juin prochain, en vue de l'attente de la décision de la Cour d'appel.
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