Affaire Amadou Vamoulke et cie : Une accusée entendue sur le détournement présumé de plus de 10 milliards Fcfa

Affaire Amadou Vamoulke et cie : Une accusée entendue sur le détournement présumé de plus de 10 milliards Fcfa

Lucie Ngamva, directrice par intérim des affaires administrative et financière (Daaf), à la CAMEROON RADIO TELEVISION entre la période allant 2013 à 2015, est contre-interrogée hier 20 mars dernier au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé. Elle répond par ailleurs de la distraction alléguée des sommes de 525 millions 384 mille 453 Fcfa, 235 millions Fcfa

Par Florentin Ndatewouo  

 

10 milliards 662 millions 669 mille 306 Fcfa ; 525 millions 384 mille 453 Fcfa, 235 millions Fcfa… Tels sont, les sommes d’argent, dont le détournement présumé en coaction est attribué aux accusés Amadou Vamoulké, Lucie Ngamva, Abel Gara.  

« Non. Il n’y a pas eu entente pour détourner les montants que vous évoqués », ainsi se défend Lucie Ngamva. L’accusée est contre-interrogée ce 20 mars. Devant la collégialité du Tribunal criminel spécial (Tcs), à Yaoundé, elle répond aux questions posées par Me Pondi Pondi, Avocat de l’accusé Amadou Vamoulké.

Lucie Ngamva se prononce sur les différents montants dont le détournement lui partiellement imputé par l’accusation : « Pour la somme de 10 milliards 662 millions 669 mille 306 Fcfa, au moment des faits, je n’étais pas encore intérimaire. En 2015, j’étais déjà à l’audit interne et de la qualité. » L’accusée fait savoir que la somme de 525 millions 384 mille 453 Fcfa intègre les dépenses de 2016. « A cette époque, je n’étais plus Directrice adjoint par intérim des affaires administrative et financière (Daaf). La même somme intègre les dépenses du septembre au 31 décembre 2015. Je n’exerçais plus à la Daaf », a-t-elle ajouter.

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Dans le même ordre d’idées, la défenderesse dit être concernée par le chèque daté du 29 août 2013. Les fonds prélevés par le biais dudit chèque ont servi à faire face aux dépenses liées à une session du Conseil d’Administration extraordinaire. Ladite session est convoquée « en urgence », par le Président d’alors. A cet effet,  « il fallait attribuer des jetons de présence du Président du Conseil d’Administration (Pca), des membres dudit Conseil, des membres de la Commission financière, des membres du Conseil supérieur de l’Etat (Consupe), qui étaient dans nos murs à l’époque ; les frais de jetons des administrateurs vivant hors de la ville de Yaoundé. » Dame Ngamva souligne que les dépenses ont été exécutées avec des décisions à l’appui.

Siège de l'office national de la CAMEROON RADIO TELEVISION, situé au lieudit Mballa II à Yaoundé/20/03/2023 

 

 

 

 

 

« Avez-vous souvenance d’une interférence du Directeur général, Amadou Vamoulke, dans le processus de sortie des sommes d’argent dont vous êtes poursuivis en coaction ? » Me Pondi Pondi, Avocat d’Amadou Vamoulke.

 

 

 

 

En outre, dame Ngamva est interpellée sur la nature des relations professionnelles entre le directeur général à l’époque des faits, et les services dont elle avait la charge. « Avez-vous souvenance d’une interférence du Directeur général, Amadou Vamoulke, dans le processus de sortie des sommes d’argent dont vous êtes poursuivis en coaction ? » A cette question de Me Pondi, l’accusée répond par la négative.

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Au cours de ce jeu de questions-réponses, le Défenseur d’Amadou Vamoulké est suivi par son client : « Savez-vous pourquoi l’expert commis par la CRTV s’est permis d’écrire dans son rapport qu’il n’y avait pas de pièces justificatives pour l’essentielle des dépenses faites via la caisse de la CRTV, alors que la présente procédure nous prouve qu’aucune pièce ne manque à l’appel ? » S’enquiert l’Ex-directeur général de la CRTV.  « Je ne peux pas savoir pourquoi. Devant le Juge d’instruction, j’avoue que j’ai perdu la tête. Durant la période au cours de laquelle j’ai assuré l’intérim, les pièces justificatives étaient régulièrement déposées au service de la comptabilité », rapporte Lucie Ngamva. « Lorsqu’on m’a donné la somme de 800 millions Fcfa, je ne pouvais pas me prononcer parce qu’il fallait d’abord aller à Mballa II (siège de la CRTV, Ndlr) les vérifier. Là-bas, on m’a donné une tonne de documents que je n’ai même pas pu produire en totalité devant le tribunal. J’en ai encore à la maison. »

 

 

 

 

 

« En dehors des missions, les autres dépenses nécessitent une décision et le nom de celui qui a ordonné la dépense, parce qu’il est tenu de produire les pièces justificatives au service des finances et de la fiscalité. » Lucie Ngamva

 

 

 

 

 

Au cours de l’audience, dame Ngamva est également contre-interrogée par Abel Gara. Cet accusé occupe à l’époque des faits le poste de sous-directeur des services des finances et de la comptabilité à la CRTV. Il sollicite des précisions sur les dépenses effectuées à la caisse, au profit du personnel de la CAMEROON RADIO TELEVISION, à l’exemple des frais de mission.

 En réponse à cette sollicitation, Lucie Ngamva présente le mode de justification des frais de mission au sein de cette entreprise parapublique. Elle indique les frais de mission  se justifient par un ordre de mission. « Lorsque vous voyagé avec votre ordre de mission, si vous allez dans une région, le chef de station régionale qui vous accueille appose son cachet. Ce cachet atteste de l’effectivité de la mission. Ce cachet, accompagné du rapport de mission qui sert d’élément justificatif », explique-t-elle. « En dehors des missions, les autres dépenses nécessitent une décision et le nom de celui qui a ordonné la dépense, parce qu’il est tenu de produire les pièces justificatives au service des finances et de la fiscalité », va-t-elle renchérir.

L’accusée Lucie Ngamva a également été contre-interrogée par la défense de Abel Gara, ainsi que la partie civile. La suite de la cause est prévue demain 21 mars.

Dans le cadre de cette affaire, Amadou Vamoulke, Jean Pierre Mbiaga, Belinga Gabriel, Ngamva Lucie, Abel Gara, Zufambom Vishiti Christianna épouse Vega sont poursuivis par le Ministère public, et la CAMEROON RADIO TELEVISION. Les accusés répondent des faits présumés de détournement de biens publics et coaction de Dbp.