Affaire Metouck : Le tribunal rappelle énergiquement la Sonara à l’ordre.

Affaire Metouck : Le tribunal rappelle énergiquement la Sonara à l’ordre.

A l’audience du 03 juillet dernier au Tribunal cri-mi-nel spécial (Tcs) Yaoundé, le président de la Collégialité exprime son courroux-à l’égard de la réticence-dont fait montre cette entreprise publique-face à la demande de certification des pièces à conviction, introduite par la défense. 

Par Florentin Ndatewouo

Le ton est ferme : « Nous ne sommes pas ici pour jouer. Dites ça à la Sonara. On ne joue pas avec la liberté des gens ici. C'est la dernière fois ! » Ainsi, le président de la Collégialité met en garde les Avocats de la Société nationale de Raffinage (Sonara). A l’audience du 03 juillet dernier au Tribunal criminel spécial (Tcs) de Yaoundé, le président du Tribunal exprime son in-dignation face aux agissements de la partie demanderesse : « Soyons un peu sérieux devant ce tribunal. Rappelez à la Sonara que nous n'allons pas accepter de blocage. Ça fait longtemps que cela dure. Le Procès doit être équitable. Nous voulons que ce Procès se déroule dans la sérénité.» Le Juge du siège dénonce ainsi, la réticence à répétition de l’accusation, à procéder à la certification des pièces à conviction produites par la défense : «  Si vous n'avez pas ces pièces, dites qu'elles n'existent pas ou que vous refusez de les certifier », en conséquence : «  (…) on comprendra alors que vous n'avez rien contre ces accusés et qu'ils sont détenus ici pour rien », renchérit le président de la Collégialité. 

Lire aussi: Affaire Charles Metouck : La défense dénonce une ENTRAVE la JUSTICE.

L’intervention du président de la Collégialité est consécutive à la pla-inte exprimée au cours de l’audience par la défense de Charles Metouck : « J'ai été appelé le vendredi 28 juin à 14h, par mon estimé confrère de la Sonara. Il m'a demandé d'aller à la Sonara pour récupérer les pièces. Nous avons pris les dispositions nécessaires. J'ai envoyé mon collaborateur. » 
Me Marius Alima est loin de s’imaginer la surprise que l’on réserve à ce dernier : «  Il est arrivé à la Sonara le lundi 01er juillet à 08h. Là-bas, on lui dit que les pièces ne sont pas certifiées et que la dame qui devrait s'en occuper est en train d'aller en mission à Douala », relate le défenseur de Charles Metouck : «  J'ai rappelé mon confrère. Je lui ai dit, "en me demandant d'aller chercher ces pièces, je croyais que cela signifie que les documents sont prêts." C'est en ce moment, que les appels ont été effectués », poursuit  Me Marius Alima.  

Lire aussi: Affaire Charles Metouck : La défense demeure dans l'attente.
La saisine de la Sonara par Me Marius Alima vise à régulariser les pièces à conviction, en appui à la défense des intérêts de son client, Charles Metouck. Cette requête porte sur la recherche des pages manquantes des contrats relatifs à la réglementation générale applicable aux écoles d'entreprise, mission laïc française.

Il convient de noter que le point 15 de l'ordonnance de renvoi du juge d'instruction, fait grief à Charles Metouck, d'avoir en sa qualité d'ancien directeur général de la Sonara, fait procéder au décaissement de la somme de 229 millions Fcfa, dans le cadre d'une en l'absence de contrats. Des accusations que la défense entend battre en brèche, à coups d'arguments et de documents.

______________________________________________« Est-ce que le comportement de la Sonara partie au procès est normal ? »

___________Me Marius Alima_________________

En effet, à l’audience du 27 mars de l’année en cours, nombre de documents ont été produits par la défenderesse. A la suite de la consultation desdits documents, le représentant du Parquet général constate des irrégularités. Ces irrégularités portent en partie sur l’absence de certaines pages contenues dans les contrats relatifs à la réglementation générale applicables aux écoles d'entreprise, mission laïc française.

Lire aussi: Affaire Sonara: La certification des pièces en débat

A titre d’illustration, pour le compte de l’année 2008-2009, le Ministère public dénombre au total, 20 pages manquantes. Il s’agit, entre autres, des pages 01, 02, 03, 04,06, 10, 12 , 13, 14, 16. « Il faut corriger ce qu'il y avait à corriger. Les contrats qui avaient des pages manquantes ont été retournés tels qu'elles. Les pages manquantes n'ont pas été trouvées. On n'a même pas eu la délicatesse de les accompagner par un courrier. » Il n’en faut pas plus, pour provoquer le courroux de Me Marius Alima : « Est-ce que le comportement de la Sonara fera Jurisprudence devant ce tribunal ? Le jeu auquel joue la Sonara est un jeu qui porte atteinte aux droits de la défense. Est-ce que le comportement de la Sonara partie au procès est normal ? » La défense de Charles Metouck ne dé-colère pas : « Je ne sais pas le langage que la Sonara voudrait que nous utilisions afin qu’elle comprenne que nous voulons la manifestation de la vérité. Elle n'a même pas pris la peine de chercher ces documents. » 
Me Junior pointe lui aussi, un doigt accusateur sur les agissements de la partie demanderesse. A cet effet, il propose une alternative, à savoir, l’application des dispositions de l’article 314 du Code de procédure pénale, relatives à l'admission de la preuve secondaire. 

Initialement prévue le 04 juillet dernier, la suite de la cause a été renvoyée aux 22 et 29 août prochains. L’audience sera consacrée à la poursuite de la production des pièces par la défense de Charles Metouck, ainsi que son interrogatoire principal.