Antoinette Meyoa : « Toutes les opérations de dépense de la CMCA durant la période de délégation de signature ont fait l’objet d’un audit »
Contre-interrogée le 22 février au Tribunal criminel spécial à Yaoundé, l’ancienne directrice de la régie publicitaire de la CRTV parle de son « acquittement » par le Conseil Discipline budgétaire et financière du Conseil supérieur de l’Etat.
Par Florentin Ndatewouo
Me Pondi :
En tant que directrice de la CMCA avez-vous reçu une délégation de signature ?
Antoinette Meyoa :
J’avais reçu une délégation de signature. La décision numéro 0008/CMCA du 15 mars 2006 accordant une délégation de signature à madame le directeur général de la CMCA (CAMEROON MARKETING COMMUNICATION AGENCY). Ce n’est que dans ce cadre-là que quelques dépenses ont été faites par moi sur la période allant du 15 mars au 15 septembre 2006. Sur un budget de fonctionnement de la CMCA à hauteur de 2 milliards 800 millions Fcfa, je n’ai pu dépenser que 03 millions Fcfa, confère procès-verbal du Conseil de Discipline budgétaire et financière (Cdbf) session du 06 mars 2009. Le rapporteur du Cdfbf l’a également rappelé lors de cette session : « Il est à noter que durant cette période allant du 15 mars au 15 septembre, la mise en cause (directrice de la CMCA) exécutait les dépenses par caisse et par chèque qui portaient sur les frais de fonctionnement mensuels de la CMCA et de ses unités commerciales régionales. D’où le budget varie entre 03 millions 63 mille 600 Fcfa à 2 millions 600 mille Fcfa. » Toutes les opérations de dépense de la CMCA durant cette période de délégation de signature ont fait l’objet, sur demande des membres du Cdbf en sa sessions du 14 janvier 2009 d’une demande d’audit. Lequel audit a donc été réalisé sur toutes les pièces de dépense de la CMCA pendant cette période. Les résultats ont été exposés en session du 06 mars 2009 aux membres du Cdbf et aucune faute ne m’a été reprochée. Pour preuve, mon acquittement pour faute non établie au cours de la même session du 06 mars 2009.
Me Pondi :
Pouvez-vous dire au Tribunal les différents services qui interviennent jusqu’à ce que vous marquiez votre accord de paiement ?
Antoinette Meyoa :
En tant que directrice de la CMCA, je ne procédais pas aux paiements. Lors de mon EXAMINATION-IN-CHIEF, j’ai présenté les actes de gestion qui montrent que monsieur Amadou Vamoulke avait une compétence exclusive en matière financière. Selon les procédures mis en place à ma prise de fonction, les différents services, selon leurs compétences traitaient les dossiers soumis directement au gérant statutaire. En tant que directeur, je signais juste la lettre de transmission au gérant statutaire (Gs), auquel était annexés tous les autres documents, soit administratif, ou comptable, avec le visa du directeur des Affaires administratives et financière (Daaf). Ceci, dans la mesure où les documents relèvent du domaine de la comptabilité, des finances…
Il n’y avait pas cette nécessité d’autoriser les paiements. Cela n’a jamais existé.
Le Gérant statutaire étant détenteur de tous les pouvoirs, que vaudrait une autorisation de ma part si jamais il me venait l’idée de l’exercer ?
Si c’était un manquement, la mission de contrôle et de vérification du Consupe (Conseil supérieur de l’Etat) auprès de la CRTV sur une longue période d’intervention sur le terrain et ayant audité aussi bien les procédures, les opérations, les avoirs financiers, sans compter les interviews accordées aussi bien aux responsables qu’aux personnels, cela abouti à un ou plusieurs irrégularités si cela n’était pas la norme.
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Me Pondi :
Pourquoi les dossiers de la CMCA ne sont pas transmis à la Daaf de la CRTV comme cela se fait pour les autres directions ?
Antoinette Meyoa :
La CMCA n’est pas une direction de la CRTV. La CMCA est une Société à responsabilité limitée (Sarl) créée en 2001. Elle dispose d’un organigramme qui va du gérant statutaire au chauffeur. Tous les dossiers remontent vers le gérant statutaire et y redescendent comme dans toute organisation.
La CMCA n’a aucun lien hiérarchique, ni organique avec la Daaf de la CRTV. En 2006, cette direction n’existait pas à la CRTV. Lorsque pour certains dossiers, après que le gérant statutaire a traité, cumulant à la fois la fonction de Dg de la CRTV et celle de Gérant statutaire de la CMCA, il cotait à une direction de la CRTV, distincte de la CMCA. A ce moment, le service ayant reçu le dossier rédige un soit-transmis et indique à la CMCA la direction qui le reçoit. Là, le directeur de la CRTV quitte du formel pour l’informel qu’il l’a lui-même crée.
Me Pondi :
Est-ce que la CMCA fonctionnait en régie interne ?
Antoinette Meyoa :
Cela va de soi. Le 20 août 2001, la CRTV donnait mandat à la CMCA de commercialiser de manière exclusive ses produits (article 1). L‘article 2 est plus explicite : « L’office donne mandat à la CMCA pour :
-commercialiser de manière exclusive auprès de la clientèle de toute origine, les espaces publicitaires de ses supports ;
-Elaborer et opérationnaliser les outils de gestion commerciale ;
-Développer un markéting opérationnel des antennes de l’office ;
-Développer un markéting des services rendus grâce à des études d’audience ;
-Concevoir et développer des produits attenants, connexes ou périphériques ;
-Exploiter les droits divers de l’office (vente, achat des droits, gestion du logo CRTV). » En considération de ce mandat bien étayé de son article 2, la CMCA est une régie interne à la CRTV. Quand on dit interne, cela veut dire que de par cet article, le CMCA ne peut pas prospecter et commercialiser des espaces d’un autre diffuseur, d’une autre entreprise de presse, même pas la Sopecam (Société de Presses et d’Editions du Cameroun), bien qu’appartenant à l’Etat comme la CRTV.
Cependant, la CMCA doit obéir à toutes les lois dans le domaine publicitaire. C’est dans ce cadre que la CMCA sollicite à chaque fois l’agrément du ministère.
Lors de mon EXAMINATION-IN-CHIEF, j’ai expliqué que c’est monsieur Amadou Vamoulké qui avait la gestion des ressources humaines sur tous les plans : recrutement, déploiement, paiement des salaires, planification des congés, gestion des cas d’indisciplines.