Mutilations génitales: La Cdhc encourage l'accroissement des investissements en faveur des survivantes
Dans sa déclaration en date du 06 février dernier, l'institution en charge de la promotion et de la protection des droits de l'Homme au Cameroun milite également pour la modification des pratiques coutumières qui soutiennent ou tolèrent ces pratiques. Une déclaration rendue publique à l'occasion de la célébration de la 17è journée mondiale à elle dédiée.
Par Florentin Ndatewouo
250 exciseuses sont recensées dans les 10 Arrondissements que compte le Département du Logone et Chari dans la Région de l'Extrême-Nord au Cameroun. Ces données sont enregistrées par l'association ALFAN, sur la période allant de 2022 à 2023.
De quoi susciter l'inquiétude de la Commission des droits de l'Homme du Cameroun (Cdhc). "La Commission déplore le manque d'accompagnement financier au profit des exciseuses de la Région de l'Extrême-Nord pour l'entretien du tracteur reçu du Minproff et le risque de retour des exciseuses à cette pratique inhumaine pour assurer leur survie", fait-elle savoir à l'occasion de la célébration de la 17ème édition de la journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines.
Dans sa déclaration datée du 06 février dernier, le professeur James Moungue Kobila revient sur l'ampleur du phénomène des mutilations génitables au Cameroun:"Cette pratique ignoble est caractérisque de certains groupes et que, d'après le Minproff (Ministère de la Promotion de la femme et de la famille, Ndlr), des variations s'observent selon les catégories de femmes, les proportions les plus élevées se situant parmi les femmes de 20-24 ans (03%), parmi les femmes sans niveau d'instruction (05%), parmi les femmes de l'ethnie Arabe-Choa/peuls/Haoussa/Kanuri (13%) et dans l'Extrême-Nord (05%)", décrit le président de la Cdhc.
Les données fournies par le Minproff font état d'une prévalence nationale de 1,4% de femmes ayant subi des mutilations génitales," (...)avec un pic dans les Régions de l'Extrême-Nord (5,4%) et du Sud-Ouest (2,4%), suivies des Régions du Nord (2,2%, de l'Est (1,6%) et, enfin, de l'Adamoua (0,2%)."
"(...)modifier les pratiques coutumières qui soutiennent ou tolèrent les mutilations génitales." Ainsi recommande le président de la Commission à l'égard des chefs traditionnels.
Fort de ce constat, la Commission des droits de l'Homme du Cameroun formule un ensemble de recommandations à l'attention des pouvoirs publics. Il s'agit, entre autres, de:
-L'accroissement des investissements en faveur des survivantes et des associations dirigées par les survivantes des mutilations génitales féminines;
-L'introduction des modules de formation sur les violences basées sur le genre et, spécifiquement, sur les mutilations génitales féminines dans le système éducatif formel du Cameroun.
Dans le même sillage, la Commission recommande une fois de plus aux chefs traditionnels de "(...)modifier les pratiques coutumières qui soutiennent ou tolèrent les mutilations génitales."
Il convient de noter qu'en dépit des défaillances observées dans la lutte contre les Mutilations génitales, la Cdhc se réjouit tout de même de la mise en oeuvre de multiples initiatives, à savoir: "la remise par le Minproff, avec l'appui de l'Ambassade de Chine au Cameroun, d'un tracteur de labour à 250 femmes exiseuses de la région de l'Extrême-Nord le 06 février 2008 à Yaoundé(...)" Objectif? "(...)favoriser l'abandon de leur activité d'excision au profit des activités agricoles."
De plus, la fondation Femme de valeur et distinction (Fevadis), en partenariat avec la Commune d'Arrondissement de Yaoundé VI a procédé à une levée de fonds, en date du 14 janvier 2023 à Yaoundé. Les ressources financières ainsi collectées ont été destinées à la construction d'un Centre de réinsertion et de prise en charge des victimes de Mutilations génitales.
La célébration de la 17ème édition de la journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines le 06 février dernier est placée sous le thème:"Sa voix compte pour son avenir: investir dans les mouvements dirigés par les survivantes pour mettre fin aux mutilations génitales féminines."