Affaire Art : L’accusée Maryamou regrette l’absence d’éléments attestant du caractère frauduleux de son diplôme.

Jul 4, 2021 - 12:28
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Affaire Art : L’accusée Maryamou regrette l’absence d’éléments attestant du caractère frauduleux de son diplôme.

Poursuivit pour usage frauduleux d’un baccalauréat G2, document à la base de son recrutement au sein de cette entreprise publique, la mise en cause déplore le silence de la commission en charge de la vérification de l’authenticité des diplômes. Ceci, malgré les demandes adressées par elle auprès de celle-ci.

 

 

Par Florentin Ndatewouo

 

 

Il a fallu attendre 11 ans, pour découvrir l’usage par dame Maryamou d’un diplôme jugé faux. Maryamou épouse Idrissou est recrutée à l’Agence de Régulation des Télécommunications (Art) le 1er septembre 2000, en qualité de gestionnaire d’appui. Elle est sélectionnée avec un Baccalauréat G2 obtenu au Tchad en 1998. En 2004, elle est nommée chef de service des affaires administrative et financière. Poste qu’elle occupe jusqu’en 2013. Ce n’est qu’en 2011 que va se poser le problème de l’authenticité de son  diplôme. Et ce, après qu’un comité de vérification et d’authentification des diplômes est crée. Ce comité est interne à l’Art avec un représentant du Ministère de l’Enseignement supérieur. « A la suite du rapport de ce comité, avez-vous eu des éléments sur lesquels il s’est fondé pour déclarer votre diplôme faux ? » Ainsi, questionne Me Koa, avocat de l’accusée : « Après m’avoir informée que mon diplôme était faux, le comité ne m’a jamais produit un document qui prouvait que le diplôme n’était pas authentique », répond dame Maryamou. Ces échanges ont lieu dans le cadre de l’EXAMINATION-IN-CHIEF de dame Maryamou. Celle-ci décide de déposer sous serment à l’audience d’hier 19 mai au Tribunal criminel spécial (Tcs) de Yaoundé.

 

 

« Après ma nomination au poste de chef de service des Affaires administratives et financières, j’ai trouvé qu’il était nécessaire pour moi d’améliorer mon cursus scolaire pour un meilleur rendement à mon profil de carrière. »

 

 

Dans sa déposition, dame Maryamou dit avoir pris part à un examen du baccalauréat série A4. Elle obtient ce diplôme en 2005, 6 ans avant la mise sur pied de ce comité de vérification et d’authentification des diplômes.  

Lorsque la question de l’authentification du Bacc G2 se pose, elle saisit le directeur général de L’Art d’alors. Dame Maryamou demande à Jean Louis Beh Mengue de reconsidérer son baccalauréat A4. Sa demande, dit-t-elle n’a pas de suite. Au cours du procès, elle est appelée à expliquer le choix de composer en vue de l’obtention d’un baccalauréat A4 alors qu’elle est déjà nantie d’un Bacc G2 : « Après ma nomination au poste de chef de service des Affaires administratives et financières, j’ai trouvé qu’il était nécessaire pour moi d’améliorer mon cursus scolaire pour un meilleur rendement à mon profil de carrière. » La réussite à l’examen du Bacc A4 en 2005 semble avoir développé en dame Maryamou, un goût prononcé pour les études : « Après l’obtention de mon Bac A4, j’ai obtenu un Bts (Brévet des Techniciens supérieures) en 2007. En 2017, j’ai eu une licence professionnelle en gestion des ressources humaines. »

Au terme de son audition, le conseil de dame Maryamou produit des pièces à conviction au tribunal. Il s’agit du :

-Récépissé du dépôt de demande d’équivalence daté du 14 décembre 2017 ;

-L’extrait de l’arrêté du 24 octobre 2013 portant équivalence accordée par la 69ème session ordinaire de la commission nationale d’évaluation des formations dispensées à l’étranger, équivalence accordée au Bac A4 à dame Maryamou

-Le certificat d’étude primaire élémentaire de dame Maryamou,

-L’attestation de réussite au Brevet d’étude du premier cycle (Bepc) ;

-L’attestation de réussite au Brevet de Techniciens supérieurs (Bts) ;

-Relevé de note de la licence professionnelle.

Après avoir pris connaissance desdits document, le Ministère public observe : « Sur la première pièce, on ne voit pas la mention de la certification conforme. » La partie civile se rallie à l’observation du représentant du Parquet général. Pour Me Ndongo, l’un des défenseurs de l’accusé Jean Louis Beh Mengue, « la loi n’a pas exigé la mention copie certifiée conforme. »

Les membres de la collégialité examinent les pièces, se concertent et décident : « Toutes les autres pièces sont admises à l’exception du récépissé de dépôt de demande d’équivalence daté du 14 décembre 2017 », fait savoir la présidente de la collégialité.

Dame Maryamou est contre-interrogée par les avocats de la partie civile, et le Tribunal.

 Dame Maryamou dit n’avoir reçu aucune lettre de licenciement. Elle a été à son service jusqu’ au 5 août 2019,  date de son arrestation . Pendant cette période, elle dit avoir régulièrement perçu son salaire.

 

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Florentin Journaliste