Affaire contre-amiral Fouda et cie : Dr Olive Ngobo REPLIQUE
Arrêtée et détenue pendant 30 jours au Groupement territorial de Gendarmerie du Centre, cette spécialiste en relation internationale, stratégie et sécurité évoque des règlements de comptes. Au cours d’un point de presse donné hier 14 octobre à Yaoundé, l’enseignante au sein des forces de défense déplore avoir perdu une grossesse de 07 semaines, au cours de sa période de détention. Elle rejette en bloc les accusations dirigées contre sa personne. Dame Ngobo dénonce par la même occasion, l’ « acharnement » de ses détracteurs, au rang desquels, le colonel Didier Badjeck.
Par Florentin Ndatewouo
Il est des situations où le silence ne vaut pas toujours son pesant d’or. L’actualité relative à l’affaire qui convient désormais de nommer contre-amiral Joseph Fouda Vs Mbapou et compagnie s’inscrit dans ce registre. Dans cette affaire le Dr Olive Ngobo s’y retrouve contre son gré.
Cette spécialiste en relation internationale, stratégie et sécurité va d’ailleurs payer un lourd tribut : «J’étais enceinte. Pendant ma période de détention, j’ai perdu une grosse de 07 semaines. J’ai été torturée. J’ai subi des sévices corporels», décrie dame Ngobo : « Les médicaments que les femmes enceintes prennent m’ont été enlevés. Ils ont séquestré et ma personne, et mes médicaments… » Fait-elle savoir hier 14 octobre.
Au cours d’un point de presse donné à Yaoundé, dame Ngobo tient à faire un démenti. Ce, à la suite des accusations « non fondées » dont elle a été l’objet : « J’ai tenu à ce que ce démenti soit fait afin que mon nom sorte de la saleté. »
Le Dr Olive Ngobo a passé 30 jours de détention au groupement territorial de Gendarmerie du Centre. Elle sera ensuite conduite à la prison centrale de Yaoundé Kondengui. Elle y séjournera pendant 19 jours. « Je vaquais à mes occupations et un matin, on m’a tendu un guet-apens. On m’a kidnappée… »
Le Dr Olive Ngobo est appréhendée en date du 31 juillet de l’année en cours. Son arrestation repose sur un mandat d’amener émis par le Parquet d’instance d’Ekounou. Ledit mandat de justice serait motivé par l’existence d’une dette présumée que dame Ngobo aurait payée en 2022. « Arrivée au groupement à 11h le 31 juillet, pendant que je suis en attente du procès-verbal qui m’accompagne au Parquet d’Ekounou, on me retient de force… » Dame Ngobo affirme n’avoir jamais fait l’objet d’une convocation, avant son arrestation. Bien plus, « il n’existe aucune plainte contre moi», ajoute-elle.
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Dans l’intervalle, le motif de l’arrestation contenu dans le procès-verbal connait une mutation : « A 23h, on m’annonce que je fais partie d’un gang de bandits qui usurpent de l’identité du contre-amiral, Joseph Fouda. » Des suspicions auxquelles s’oppose la mise en cause : « En aucun cas, en aucun jour, j’ai pris le risque de sous-traiter au nom d’une autorité. Jamais ! Pourtant, je côtoie et je travaille avec les autorités depuis 17 ans. »
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« L’acharnement, la haine, la rancune qui animent certaines personnalités depuis le Ministère de la Défense est après moi »
____Dr Olive Ngobo, épouse Monthe Djya______
Dame Ngobo perçoit au travers de ces manœuvres, la manifestation d’un règlement de comptes : « l’acharnement, la haine, la rancune qui animent certaines personnalités depuis le Ministère de la Défense est après moi », va-t-elle marteler.
Cadre d’appui à la Présidence de la République, Olive Ngobo Elok épouse Monthe Djya est consultante des Nations Unies. Elle dispense des enseignements au sein des forces de défense et de sécurité.
Dr Ngobo revient au Cameroun en 2015, après avoir effectué des études et exercé comme consultante aux Etats Unies. « C’est l’Etat du Cameroun qui m’appelle. Nous avions des défis sécuritaires avec Boko Haram qu’il fallait adresser. En dehors des spécialistes militaires, on avait besoin des spécialistes civils. J’entre dans le contexte civilo-militaire. »
Au Cameroun, dame Ngobo travaille sur le projet Delta Alpha contre Boko Haram. Son supérieur hiérarchique d’alors n’est autre que le Colonel Didier Badjeck.
La collaboration avec celui qui est en outre le responsable de la division de la Communication au sein du Ministère camerounais de la Défense n’est pas un long fleuve tranquille : « Je reviens dans un contexte où je travaille avec des hommes qui ont des préférences, qui ont des goûts, qui ont des aspirations… qui ont des ordres à donner dans le corps militaire. Il estiment notamment que, la femme c’est la chair fraiche. Une femme n’a pas le droit de dire non. »
Un contexte qui s’inscrit en porte-à-faux d’avec les convictions de l’universitaire : « (…)Or, je viens avec une autre mentalité, une autre psychologie. Je viens donner de mon intellect. Dans ce contexte de collaboration, les choses ne sont pas faciles. » Ainsi, dame Ngobo dit être l’objet de convoitise…Et va de ce fait en payer le prix.
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« En 2018, j’ai subi une première tentative de viol de la part du colonel Badjeck… »
____Dr Olive Ngobo, épouse Monthe Djya______
« En 2018, j’ai subi une première tentative de viol de la part du colonel Badjeck. Je ne peux pas taire, c’est connu », souligne le Dr Olive Ngobo : « On ne m’a pas écouté, on ne m’a pas donné le temps de m’exprimer. Le colonel est la hiérarchie. Auprès du ministre il a eu des faveurs et j’ai été sanctionnée à cette époque. »
A la suite de ces évènements, dame Ngobo est privée de son emploi pendant une durée de 06 mois. Toutefois, elle n’entend pas laisser pisser les mérinos. Ainsi, elle décide de mettre en mouvement l’action publique. « Lorsque je dépose ma plainte, de façon professionnelle, quelqu’un qui me connaissait s’est rapproché du ministre de la Défense pour dire « écoutez monsieur le ministre, essayez de voir cette affaire plus en profondeur. »
L’intercession auprès du ministre délégué à la Présidence, chargé de la Défense tiendra la promesse des fleurs : « J’ai donc été restaurée au travail après 06 mois d’absence à cause de cette tentative de viol. J’ai continué à travailler au sein du Ministère de la Défense », certifie dame Ngobo.
Mais la période d’accalmie qui semble régner au sein de l’environnement professionnel de dame Ngobo ne sera que de courte durée. Durant la période comprise entre fin 2019 et début 2020, elle est une fois de plus pointée du doigt.
Dr Olive Ngobo est accusée de procéder à la vente des armes à feu. « (…) Là je suis enseignante au sein des forces de défense et de sécurité depuis 10 ans. J’enseigne l’école de guerre, l’Eiforce, l’état-major. Personne n’a eu le temps de vérifier, personne n’a eu le temps de m’interpeller », regrette la mise en cause.
Illico presto, le bureau de l’enseignante est scellé. Le Dr Olive Ngobo se voit priver de son droit d’aller et de venir : « On m’avait transportée manu militari dans le car de la Gendarmerie. J’ai dû faire appel à Me Alice Kom qui est vivante. Tous mes témoins sont vivants », se souvient-t-elle, le ton ému. « A la levée des scellés placés à mon bureau, on découvre qu’il n’y avait aucune arme, aucune munition. C’était une deuxième accusation gratuite. Je suis rentrée au quartier sans emploi. »
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« (…)Les ramifications depuis le Ministère de la Défense où j’ai refusé de ne pas adhérer à un certain nombre de choses qui allaient à l’encontre de mes mœurs, m’ont poursuivies jusque-là…»
___Dr Olive Ngobo, épouse Monthe Djya_____
Cette série d’événements contraint le Dr Ngobo à saisir le Président de la République. La plaignante est reçue en audience, à la suite des instructions prescrites par le chef de l’Etat à ses collaorateurs. C’est ainsi qu’au cours de l’année 2021, le Dr Ngobo est détachée du Ministère de la défense pour rejoindre son nouveau lieu de travail, le Palais de l’unité.
Cette mesure ne va visiblement pas suffire à épargner dame Ngobo : « (…)Les ramifications depuis le Ministère de la Défense où j’ai refusé de ne pas adhérer à un certain nombre de choses qui allaient à l’encontre de mes mœurs, m’ont poursuivies jusque-là», conte le Dr Ngobo et de renchérir : « C’est une succession d’événements, qui m’entraine à ce que je vis aujourd’hui. Si nous n’arrêtons pas ça là ensemble, quelle sera la prochaine accusation ? »
De l’avis de cette enseignante, les allégations relatives à l’existence d’un groupe de bandits telles que présentées à la presse ne reposent sur aucun fondement factuel : « Tout ce qu’on vous a présenté est faux. Je parle en tant que victime. Aucun groupe de bandits n’existe. C’était faux. »
Dès lors, le Dr Olive Ngobo épouse Monthe ne manque pas de partager son sentiment déception : « Pendant ma détention abusive et arbitraire au Groupement, je m’attendais à ce que le contre-amiral Fouda qui est un chef de famille, saisisse l’affaire, sachant qu’il n’a déposé aucune plainte contre moi ; je m’attendais à ce qu’il m’exfiltre de l’affaire pour mieux comprendre de quoi il s’agit… » Mais hélas ! L’espoir nourrit ne sera que de courte durée: « (…)Mais puisqu’il était question de sauver l’honneur du contre-amiral… le Dr Ngobo a servi de bouc sacrificiel pour nettoyer toute cette saleté. Entre temps, ma famille a subi, mon époux a subi, mes enfants ont subi, mon relationnel a subi, ma carrière a pris des coups. »
Et de la riposte...
Le Dr Olive Ngobo réclame justice. En date du 01er octobre dernier, elle a saisi le Commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire de Yaoundé d’une plainte. Dans cette dernière, le vice-lieutenant-colonel, Jean Alain Ndongo et compagnie sont visés. Les mis en cause sont poursuivis pour répondre des faits présumés de tentative d’assassinat, torture, séquestration, sévices corporels, enlèvement.
En outre face aux allégations liées à la tentative d’escroquerie de la somme de 10 milliards Fcfa, imputée à dame Ngobo, une plainte déposée par ses soins, à l’encontre de sieur Ngakam : «Je n’ai jamais rencontré monsieur Ngankam avant ma détention pendant 19 jours à Kondengui. Nous n’avons jamais échangé. Il faudra qu’il vienne s’expliquer devant les juridictions pour dire où et quand il m’avait rencontré. On ne va pas rester au quartier pour faire les enquêtes à tête chercheuse, du kongossa de bas étage, des ragots pour détruire l’image de quelqu’un », dénonce une fois de plus Dr Ngobo : « J’ai décidé de me défendre. J’exige que mon honneur soit restauré de façon publique, et que le préjudice moral, professionnel, financier, matériel dans le sens large soit réparé à la hauteur de l’humiliation et de l’injustice que j’ai subie. »
De plus, Dr Ngobo dit avoir été privée de ses téléphones portables depuis son arrestation.
A cet effet, elle lance un appel au ministre en charge de la défense, afin que ces biens lui soient restitués. Dans le même ordre d’idées, elle met en garde ses détracteurs : « l’acharnement est de trop ! »