Affaire Martinez Zogo : Le premier témoin de l’accusation raconte

A l’audience d’hier 01er septembre au Tribunal militaire de Yaoundé, Léonard Ekoto partage son émoi, après la découverte en date du 21 janvier 2023-du corps sans vie- de l’animateur de l’émission « embouteillage », diffusée sur la station de la radio amplitude Fm : « Un corps en décomposition, couché sur le dos… »
Par Florentin Ndatewouo
« J’ai vu un truc horrible que je n’avais jamais vu depuis que je suis né. Un corps en décomposition, couché sur le dos, les bras en l’air… » Ainsi, se souvient Jean Léonard Ekoto. L’émotion est encore perceptible lorsqu’il a déposé hier 01er septembre au Tribunal militaire de Yaoundé.
Le tout premier témoin du commissaire du gouvernement est entendu dans le cadre de son interrogatoire principal.
La date du 21 janvier 2023 est à n’en point douter, celle qui demeure à jamais graver dans sa mémoire. Ce jour, en début d’après-midi, sieur Ekoto s’investi dans ses travaux champêtres. Ensuite, il retourne à son domicile, sis au lieudit Ebogo III. « Je suis rentré aux environs de 16H. Je me suis mis en tenu de sport. J’ai couru du 01er au 02ème carrefour. A certain niveau, j’ai eu envie de me soulager. J’ai emprunté la piste à droite. Je suis allé en brousse… » C’est alors qu’il fait la découverte d’un corps sans vie.
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Sieur Ekoto est sous le choc. « A l’instant, l’envie de faire mes besoins a complètement disparu… Je suis immédiatement ressorti de là. » Il entreprend alors d’alerter le chef du village de sa découverte.
« La zone où j’ai découvert le corps n’était pas fréquentée du grand public. » Léonard Ekoto, témoin du Ministère public
Ainsi, Léonard Ekoto se rend à la chefferie. « Malheureusement, à mon arriver, le chef n’était pas présent. J’ai plutôt trouvé ses notables. Je leur ai fait part de ma découverte. Ils ont retransmis la nouvelle au chef à son retour. »
Au moment de la découverte du corps inerte, Léonard Ekoto a pu identifier la présence d’un fil de couleur jaune. «…Le fil jaune était situé à 20 mètres à peu près du corps. Il y avait aussi les traces des pneus d’un véhicule. » Au regard de l’épaisseur des traces laissées par le véhicule, le témoin pense qu’il s’agissait des pneus d’un véhicule de marque prado. « Les traces des pneus allaient jusqu’au bord du trou où se trouvait le corps. En bas de cet endroit, il y a une rivière aménagée. Cette rivière est fréquentée. Aux abords, on y cultive des tomates et même du maïs », ajoute le témoin de l’accusation. « La zone où j’ai découvert le corps n’était pas fréquentée du grand public. »
« Je me sentais menacé. Etant chez moi, je n’arrivais plus à dormir. Il y avait des gens qui venaient dans la cour. Ils faisaient des allées et venues. Ils étaient tous habillés en vestes noirs. Je ne l’ai avais jamais vus avant… » Léonard Ekoto, témoin du Ministère public
Le lendemain de la découverte, sieur Ekoto observe une présence inhabituelle des véhicules dans cette contrée. Deux jours plus tard, il reçoit la visite du chef du village. Ce dernier est accompagné du commissaire de police de Soa. « Je me sentais menacé. Etant chez moi, je n’arrivais plus à dormir. Il y avait des gens qui venaient dans la cour. Ils faisaient des allées et venues. Ils étaient tous habillés en vestes noirs. Je ne l’ai avais jamais vus avant… »
Sieur Ekoto est placé en garde-à-vue aux environs de 13h, le 23 janvier 2023 par le Commissaire de police : « Il m’a dit que cette mesure visait à me protéger contre les malfrats. » Durant cette période, Léonard Ekoto reçoit les visites de sa grand-mère. Cette dernière lui apporte les vêtements de rechange. Il est nourrit par le Commissariat. « Je suis libéré le 20 février après avoir été entendu au Secrétariat d’Etat à la défense (Sed). »
Me Calvin Job, Avocat de la partie civile :"Nous avons un témoin qui a été très cohérent."
Léonard Ekoto est entendu pendant près de 04 heures par les différentes parties aux procès. Le chef du village d’Ebogo III, sa majesté Godefroy Nkodo a succédé celui-ci dans le box des témoins. La suite de la cause est prévue ce 02 septembre.
Ces témoins font partie des 44 cités par le Commissariat du gouvernement près le tribunal militaire de Yaoundé. Au rang de ces témoins, figurent les journalistes Xavier Messè, directeur de publication du journal Calame ; Zéphirin Koloko, directeur de publication du journal Avenir.
Assassinat, torture ; usurpation de titre ; conspiration de torture, violation de consigne…
Il convient de noter que dans le cadre de cette affaire, 17 accusés sont attraits par devant la juridiction militaire. Ils répondent des faits présumés d’assassinat, torture ; usurpation de titre ; conspiration de torture, d’arrestation et de séquestration ; torture en coaction ; complicité d’arrestation, séquestration ; coaction d’assassinat ; complicité de torture et violation de consigne (comportement amoral susceptible de ternir l’image et l’honorabilité des forces de défense.
Ces faits sont prévus et réprimés par les dispositions combinées des articles 74 (2), 95 (1), 96, 97, 219, 276 (1a) 277-3 (1), 291 de la loi du 12 juillet 2016 portant code pénal camerounais, et l’article 40 de la loi du 12 juillet 2017 portant code de justice militaire.
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