Amadou Ali : Quelles contributions pour la Justice ?
Sous le magistère de l'ancien garde des sceaux, l'arsenal juridique camerounais s'est enrichi de nouveaux textes, parmi lesquels, le Code de procédure pénale.
Par Florentin Ndatewouo
En 2001, lorsqu'Amadou Ali arrive à la tête du Ministère camerounais de la Justice, le Cameroun mène une bataille judiciaire contre le Nigéria. Le différend qui oppose l'Etat du Cameroun et son voisin porte sur la péninsule de Bakassi, riche en pétrole et gaz naturel. Devant la Cour international de Justice (Cij), le Cameroun a gain de cause, en date du 10 octobre 2002. Les intérêts du Cameroun sont préservés grâce à l'intervention de nombreux acteurs parmi lesquels figure Maurice Kamto, en sa qualité d'Avocat. Ce dernier sera nommé deux ans plutard ministre délégué auprès du ministre de la Justice, devenant ainsi le collaborateur d'Amadou Ali.
Dans le cadre de la gestion de cette affaire, l'action conjuguée de ces deux membres du gouvernement débouche sur la signature le 12 juin 2006, des accords de Greentree, entre le président de la République du Cameroun, Paul Biya, et son homologue nigérian d'alors, Olusegun Obasanjo Ondimba. A la faveur de ces accords, le retrait des troupes nigérianes de l'espace querellé est acté. Le transfert d'autorité à la partie camerounaise également.
Amadou Ali est passé de vie à trépas hier 27 septembre.«J'ai appris avec tristesse le décès de M. Amadou Ali, ancien Vice-Premier Ministre avec qui j'ai collaboré pendant près de dix ans, d'abord dans le cadre du dossier Bakassi, ensuite au Ministère de la Justice...» Ainsi, réagit Maurice Kamto. L'ancien collaborateur du défunt poursuit :« Notre pays perd en lui une personnalité politique de premier plan et un grand commis de l'Etat. Je garde de lui le souvenir gratifiant des batailles victorieuses menées ensemble au service de notre pays, qui seules importent. J'adresse à sa famille mes sincères condoléances et l'expression de ma sympathie émue. Que son âme repose en paix.»
Maurice Kamto, ministre délégué auprès du ministre de la Justice du 8 décembre 2004 au 8 décembre 2011(à gauche), Amadou Ali (à droite) ministre de la Justice garde des Sceaux du 21 avril 2001 au 08 décembre 2011.
Sous le magistère d'Amadou Ali, l'arsenal juridique camerounais a connu une évolution. Nombre de lois ont été promulguées, à l'instar de:
-La loi du 23 avril 2003, fixant les attributions, l'organisation et le fonctionnement de la chambre des comptes de la Cour suprême;
-La loi du 21 avril 2004 portant organisation et fonctionnement du Conseil constitutionnel ;
-La loi du 27 juillet 2005 portant code de procédure pénale (Elle entrera en vigueur le 01er janvier 2007);
-La loi du 25 avril 2006 relative à la déclaration des biens (en attente d'un décret d'application);
-La loi du 27 décembre 2006, fixant l'organisation et le fonctionnement de la Cour suprême, modifiée et complétée par la loi du 12 juillet 2017;
-La loi du 29 décembre 2006 portant organisation judiciaire, modifiée et complétée par la loi du 14 décembre 2011;
-La loi du 29 décembre 2006 fixant l'organisation et le fonctionnement des tribunaux administratifs, et son texte modificatif;
-La loi du 29 décembre 2008, fixant l'organisation, les attributions, le fonctionnement des tribunaux régionaux des comptes...
L'implémentation de l'opération épervier, instruite par le président de la République, pour traquer les prévaricateurs de la fortune publique s'est faite sous l'ère Ali.
Décédé à l'âge de 79 ans, Amadou Ali a occupé plusieurs portefeuilles ministériels. Il est nommé Secrétaire général de la présidence de la République avec rang et prérogatives de ministre en 1996. Il cumule avec les fonctions de Secrétaire État à la défense (Sed). Les questions de sécurité semblent épouser sa carrure de haut commis de l'État. Ainsi, après un an passé au Secrétariat général de la Présidence de la République, il devient ministre d’État délégué à la Présidence chargé de la Défense.
Amadou Ali trône à la tête de ce département ministériel jusqu'au 21 avril 2001, date à laquelle il succède à Robert Mbella Mbappe au Ministère de la Justice. Pendant 10 ans, il officie comme garde des sceaux. A sa mort, Amadou Ali était vice-premier ministre, ministre délégué à la Présidence chargé des relations avec les Assemblées.