Antoinette Meyoa Menyeng : « Monsieur Vamoulke réduit la CMCA à une épicerie d’un malien au quartier »
Entendue à l’audience du 08 février dernier au Tcs à Yaoundé, l’ancienne directrice de la régie publicitaire CAMEROON MARKETING COMMUNICATION AGENCY reproche par ailleurs à l’Ex-directeur général de la CRTV, « la concentration des pouvoirs ».
Par Florentin Ndatewouo
Amadou Vamoulke :
Comment comprenez-vous notre implication pour coaction de détournement de biens publics alors que les documents du Consupe ne mentionnent nulle part mon nom ?
Antoinette Meyoa :
Il ne revient pas à moi, dame Essomba devant votre Tribunal de dire comment je comprends mon implication. Je suis justiciable. J’ai été renvoyée devant votre Tribunal pour établir la vérité que vous les juges allés certainement révéler. Pourquoi son nom ne figure pas au Conseil supérieur de l’Etat (Consupe) ? Ma modeste personne ne me permettait même pas que je sois membre du Conseil de Discipline budgétaire et financière (Cdbf) du Consupe. Il ferait mieux d’orienter sa préoccupation vers cette instance.
Mais, je voudrais demander à monsieur Amadou Vamoulke en qualité de Directeur général de la CAMEROON RADIO TELEVISION (CRTV), sauf erreur de ma part, la mission de contrôle, de vérification du Consupe dépêchée auprès de la CRTV lui avait fait le débriefing de leur rapport de mission. Lequel contenait mon nom comme celle qui assurait la gestion de la CAMEROON MARKETING COMMUNIACTION AGENCY(CMCA). Monsieur le président, honorable membre de la Cour, il ne m’en avait pas parlé. J’ai été informée le jour où on me remettait ma lettre de traduction au Cdbf, pratiquement 01 an après. Par honnêteté intellectuelle, et soucieux de la vérité, il aurait demandé à l’équipe en mission de rectifier le fait que ce soit moi qui aie été accusée.
Amadou Vamoulke :
Je signais les chèques dites-vous. Qui ordonnait la préparation desdits chèques et qui me les envoyait pour signature avec notes explicatives ? Au demeurant, en évoquant la confrontation devant le juge d’instruction, vous avez omis de signaler que sieur Wongibe qui vous a remplacé et madame Odile Mballa qui était directrice générale adjoint de votre temps ont dit avec insistance que c’est vous qui aviez l’essentiel des pouvoirs. Pourquoi cette omission ?
Antoinette Meyoa :
Je ne trempe pas dans le mensonge. Je relate les faits tels qu’ils se déroulaient. Que monsieur Vamoulke présente au Tribunal les actes qui relèvent des pouvoirs qu’il m’aurait délégués. Lors de mon EXAMINATION- IN-CHIEF, j’ai présenté tous ses domaines d’intervention en ce qui concerne la gestion de la CMCA avec les preuves à l’appui. Je ne suis pas dans le simple bavardage, je ne suis pas journaliste. Monsieur Vamoulke réduit la CMCA à une épicerie d’un malien au quartier où il n’ y a que 02 acteurs : le propriétaire de la boutique et le vendeur.
Avant mon arrivé à la CMCA, un nouvel organigramme avait été mis en place. Il y a la décision numéro 00661 du 16 novembre 2005 portant nomination des chefs de service et assimilés à la CRTV à partir de la page 30 consacrée à la CMCA. Cette décision signée du directeur général de la CRTV, Amadou Vamoulke ressort l’ossature de la CMCA avec ses différents services. C’est dire que je ne fonctionnais pas seule. Chaque service avait ses attributions et travaillait. Il y avait une unité des finances qui n’était pas tenue par moi. Donc, je ne saurais préparer les chéquiers, je ne les remplissais pas. Au-dessus de ce service d’unité des finances, il y avait un directeur général adjoint en charge de la comptabilité et de finances, bien que décédé. En tant que directeur de la CMCA, on ne pouvait pas me donner la position du compte bancaire parce que c’est le chef de service de l’unité des finances qui était habilité à accomplir les formalités administratives avec la banque.
Il y avait une concentration de pouvoirs à travers l’endos des chèques venant des 10 régions du Cameroun. Les chèques doivent être acheminés à Yaoundé aux frais de la CMCA pour être endossés parce que c’est monsieur Amadou Vamoulke lui seul qui les endossait. Evidemment, cela créait d’énormes problèmes parce qu’au terme de l’endos, et après dépôt à la banque, certains de ces chèques étaient retournés auprès de la CMCA pour provision insuffisante. C’est sans compter les retards d’01 mois, 03 semaines, que cela occasionnait.
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Amadou Vamoulke :
Ayant renoncé à percevoir un quelconque salaire comme gérant statutaire de la CMCA, alors que c’est mon droit, alors que vous en perceviez un en tant que Dg, j’ai accepté l’allocation forfaitaire mensuelle de 400 mille Fcfa, que vous aviez budgétisée en ma faveur, sous la rubrique viatiques. Dites au Tribunal si je vous ai imposé cette dépense, et sinon, sur la base de quel pouvoir ? De même, tous les ans, vous prépariez un rapport et un budget de la CMCA, donc j’aimerais que vous disiez au Tribunal si j’intervenais dans l’élaboration desdits documents.
Antoinette Meyoa :
La CMAC n’était pas une épicerie. C’est une organisation commerciale qui avait à l’époque un effectif de plus de 75 personnes. Je ne suis pas comptable, même de formation. Il y avait une unité de comptabilité, une unité des finances. Monter un budget relève des attributions des services de la comptabilité. Je prends fonction le 17 novembre 2005. Le Conseil d’administration qui approuve tous les documents, notamment le budget, se tient en général entre les mois de décembre et de janvier. Comment aurais-je pu en 01 mois élaborer le budget ? C’est invraisemblable. Monsieur Amadou Vamoulke oublie qu’il avait confié le mandat d’assistance comptable et fiscal au cabinet des impôts Fowé.
Amadou Vamoulke :
Vous est-il arrivé de présenter le budget de la CMCA devant le Conseil d’Administration de la CRTV ?
Ex-directeur général de la CAMEROON RADIO TELEVISION (CRTV), accusé de détournement de biens publics, Coaction et complicité de de Dbp
Antoinette Meyoa :
C’est monsieur Amadou Vamoulke qui nous informe de la tenue des sessions du Conseil d’administration. Il demande les différents documents à présenter au Conseil. Il quotte aux différents services. Chacun d’eux finalise les notes de présentation.
Le budget dont il parle est élaboré en étroite collaboration avec le cabinet Fowé. Ce même cabinet certifiait la Dsf ( Document statistique et fiscal) parce que monsieur le directeur général leur a donné mandat.
Pour ce qui est du rapport des activités commerciales, je l’élaborais avec tous les services commerciaux. Mais, en 2006, j’avais juste fait le plan markéting, fixer les objectifs de vente globaux et par service commercial. Tous les documents sollicités étaient transmis dans son bureau aux nombres d’exemplaires et à la date requise. C’est lui qui les transmettait par écrit au Pca et les administrateurs avec cahiers de décharge.
Le jour prévu pour la tenue du Conseil d’administration, c’est lui en tant que gérant statutaire qui rapporte tous les sujets relatifs à la CMCA. Si je suis dans la salle, c’est parce qu’il m’y a autorisé.
En termes de preuves concrètement, le Pca qui est le gérant statutaire est au centre. A sa gauche, le directeur général adjoint. Nous les collaborateurs, aussi bien moi de la CMCA, la Daaf, le Drh avions une petite table à côté. C’est le directeur général qui m’autorisait à prendre part aux sessions. C’est ainsi que quelques fois, étant interpelé sur quelques sujets, le Dg peut décider de passer la parole soit à madame le directeur de la CMCA ou à une autre personne. Je n’étais pas interlocuteur de la CMCA auprès du Conseil d’administration. Je n’en étais pas membre. Il y a des sessions auxquelles je n’assistais pas.
Je suis spécialiste en markéting et communication. En gestion, vous analysé, fixé des objectifs, et les délais pour les atteindre. Vous contrôlez aussi le niveau de réalisation.
Mes rapports d’activité découlaient de mes attributions. En tant que gérant statutaire, avez-vous fait un rapport de gestion comme le demande la loi Ohada ? Vous ne l’avez jamais fait.
Amadou Vamoulke :
Avez-vous reçu de moi les ordres illégaux ?
Antoinette Meyoa :
La CMCA est une entreprise commerciale, spécifiquement une régie publicitaire exerçant dans un marché publicitaire camerounais composé aussi bien des acteurs publics que privés. Il a donné des ordres formels qui constituent aujourd’hui des chefs d’accusation. Qu’il les assument en tant que gérant statutaire. Il s’agit des ordres de facturation, en échange de services pour ses clients ; les ordres de payer des factures, les articles publicitaires, les dépenses. Qu’il les assument et qu’il porte sa responsabilité plutôt que de se demander pourquoi son nom ne figure pas ici ou là-bas.
J’ai été acquittée pour ce chef d’accusation de coaction. Mais, je sais par ailleurs que dans le mécanisme d’échanges de services et de programmes, ordonnés par monsieur Amadou Vamoulké en sa qualité de directeur général de la CRTV, d’exécuter des programmes publicitaires pour le compte des fournisseurs et prestataires de la CRTV, dont l’ordre de facturation a été donné par lui. Cela se faisait sans réclamer un quelconque paiement. Ceci, conformément à la décision numéro 003054 du 25 septembre 2001 portant organisation des opérations transitoires effectuées entre la CMCA et le CRTV. Par conséquent, ce mécanisme d’échanges de services que moi dame Essomba connait ne saurait être considéré comme un détournement au niveau de la CMCA puisqu’aucun paiement perçu des fournisseurs et prestaires de la CRTV. Par ailleurs, les lettres d’ordre du Dg de la CRTV sont explicites : « Cette sommes fera l’objet d’une note de débours de la CMCA à la CRTV. » Donc, il n’y a pas eu malversations financières. Moi particulièrement, je n’ai commis aucune faute puisque j’ai été acquittée pour responsabilité non établie.