Détention illégale: Lyse Davina Nguili captive à la Police judiciaire de Bonanjo à Douala.
Interpellée à Yaoundé le 13 mars pour les faits supposés de diffamation, la journaliste en service pour le site internet d’information Styvyonline Tv y est recluse depuis bientôt une semaine.
Par Florentin Ndatewouo
Lyse Davina Nguili ne jouit plus de sa liberté d’aller et de venir. La journaliste travaillant pour le compte du site internet d’information Styvy online Tv est détenue illégalement à la police judiciaire de Bonanjo à Douala depuis le 14 mars dernier. Elle a été interpellée la veille dans sa ville de résidence à Yaoundé, avant d’être déportée vers son lieu de détention actuel.
L’interpellation de Lyse Davina Nguili fait suite à une plainte contre inconnue. Cette plainte a été initiée par madame Marème Ndiaye Mbaye, directrice général de la Société générale des banques du Cameroun (Sgbc) en date du 28 juillet 2020. La plaignante accuse la journaliste des faits de diffamation, délit de presse, entre autre.
Le 24 juillet 2020, madame Marème Ndiaye Mbaye aurait pris connaissance d’un article publié sur le site Styvy oneline Tv. Ledit article accuse la plaignante des faits d’adultère. Le responsable du site, Jean Pierre Samedjeu n’étant plus joignable, Lyse Davina Nguili en fait les frais. Ainsi, les officiers de police judiciaire vont se servir des informations contenues dans le curriculum vitae de Lyse Davina pour l’appréhender. Lequel a été mise en ligne sans son consentement par son patron. « Mon Cv se retrouve là-bas parce que lorsqu’on a débuté, le contrat était que je fasse des publications. Ma rémunération était fonction du nombre de vues générés par mes contenus. C’est la raison pour laquelle j’ai accepté de donner mon accord afin qu’on me mette administratrice du site où je travaillais. Je ne sais par quel moyen le patron a procédé pour mettre mon cv en ligne sans mon accord, sans que je ne le sache. C’est ici à la police judiciaire que je découvre qu’on a fouillé et trouvé mon Cv dans les documents. » De plus, « On n’a pas cherché à savoir si j’étais là ou pas. On est venu me prendre. Hier 17 mars, je devrais comparaitre, mais la dame insiste pour qu’on emmène l’affaire au niveau du Tribunal de grande instance du Wouri », poursuit-t-elle.
Lyse Davina indique que le contenu querellé a été mis en ligne avant son arrivée au sein de cette structure.
« Toute personne ayant une résidence connue ne peut, sauf cas de crime ou délit flagrant, et s’il existe contre elle des indices graves et concordants, faire l’objet d’une mesure de garde à vue. »
Nombre d’entorses à la loi sont à déplorer dans le cadre de cette affaire. D’abord, le principe de la non rétroactivité de la loi. La journaliste est poursuivie pour un contenu qui a été publié sur le site internet pour lequel elle travaille alors même que la publication a eu lieu avant son recrutement au sein de l’entreprise. Le préambule de la Constitution du 18 janvier 1996 du Cameroun énonce : « La loi ne peut avoir d’effet rétroactif. Nul ne peut être jugé et puni qu’en vertu d’une loi promulguée et publiée antérieurement au fait punissable ». De plus, il est à déplorer la violation de l’article 118 (2) de la loi du 27 juillet 2005 portant Code de procédure pénal (Cpp). Cet article dispose : « Toute personne ayant une résidence connue ne peut, sauf cas de crime ou délit flagrant, et s’il existe contre elle des indices graves et concordants, faire l’objet d’une mesure de garde à vue. » Or, la journaliste Lyse Davina justifie d’un domicile à Yaoundé.
Par ailleurs, l’on note la violation du principe de la triple compétence. Le procureur de la République dirige et contrôle les diligences des officiers et agents de police judiciaire. L’article 140 (1) Cpp dispose que : « Est compétent, le procureur de la République :
Soit du lieu de commission de l’infraction ; soit du lieu du domicile du suspect, soit du lieu d’arrestation du suspect. » En rappel, la journaliste Davina Nguili réside dans la ville de Yaoundé. L’article incriminé a été publié à Yaoundé, et la mise en cause a été arrêtée à Yaoundé. Dès lors, l’article 140 du Code de procédure pénal a été violé, portant ainsi atteinte aux droits de la journaliste Davina Nguili. Ces entorses à la loi impliquent la mise en liberté immédiate de la journaliste, comme le prévoit l’article 3 du Code de procédure pénal énonce : « La violation d’une règle de procédure pénale est sanctionnée par la nullité lorsqu’elle préjudicie aux droits de la défense définis par les dispositions légales en vigueur… »
La journaliste Lyse Davina Nguili est détenue à la police judiciaire de Bonanjo depuis bientôt une semaine. La mobilisation s’est organisée en vue de l’obtention de sa libération.