Amadou Vamoulke : « Pour danser le tango, il faut être à deux. Seul, c’est difficile. »

Amadou Vamoulke : « Pour danser le tango, il faut être à deux. Seul, c’est difficile. »

Dans un langage imagé, l’Ex-directeur général de la CRTV parle de la difficulté relative au contrôle du compte des ressources issues de  la Redevance audiovisuelle (Rav). Cette difficulté est liée au défaut de "rapprochement" entre   la Trésorerie générale et la CRTV.

 

Par Florentin Ndatewouo

 

Me Hagbe :

Quelles sont les différentes ressources financières de la CRTV?

 

Amadou Vamoulke :

Les sources de financement de la CRTV sont nombreuses. La première et la plus importante c’est la Redevance audio-visuelle (Rav). Elle est logée au Trésor dans un compte dit d’affectation tenu exclusivement et de par la loi par  le comptable du Trésor, le Trésorier payeur général (Tpg). S’il manque de l’argent, ça devrait être de la responsabilité du Tpg et lui seul.

En revanche, lorsque la CRTV a besoin d’argent, elle envoie un ordre au Tpg qui lui met à disposition les sommes demandées.

Les ordres peuvent être les virements (salaires du personnel). Le comptable du Trésor l’exécute comme le ferait un banquier. Dans ce cadre, le comptable du Trésor effectue même les virements à l’étranger.

Les autres recettes relèvent de la vente des espaces publicitaires effectuée par notre filiale, la CMCA.

Il y a des ressources  telles que la location des pilonnes de la CRTV. Nous avons crée d’autres ressources telle que la rémunération de la présence de la CRTV sur le bouquet africain. Il y a aussi des revenus spéciaux.

Me Hagbe :

Le Trésorier payeur général peut-il effectuer une opération de débit sans qu’il en ait reçu l’ordre du Dg  de la CRTV?

 

Amadou Vamoulke :

En cette matière, il y a la loi et l’application de la loi. La loi ne donne aucune autonomie au Tpg. C’est lorsque le Dg dit fais ceci de l’argent que le Tpg s’exécute. Le Tpg ne doit en aucun cas débiter le compte de la CRTV sans que le Dg le lui ait autorisé. Le compte Rav a pour particularité de ne jamais au grand jamais être au rouge. Ce qui signifie que le Tpg ne peut que donner à la CRTV l’argent dont elle dispose. Il y a une singularité. Dans les finances publiques, il y a l’unicité des caisses. Lorsque le Dg demande qu’une transaction soit faite, il arrive qu’en raison des sollicitations venues des 4 coins de la République, il soit impossible de mettre à disposition les sommes demandées. A ce moment, le Tpg envoie à la CRTV ce qu’il peut. Ce qui morcelle le paiement. La comptabilité de la Rav est tenue selon les règles propres aux finances publiques, et le Trésor peut prendre l’initiative de modifier l’intitulé du compte ou les rubriques. Ce qui ne signifie pas toucher à l’argent.

 

Me Hagbe :

Comment contrôlez-vous ces comptes ?

 

Amadou Vamoulke :

Ce n’est pas contrôlable. Pour danser le tango, il faut être à deux. Seul, c’est difficile. Vous trouverez de nombreuses correspondances sans réponses en provenance de la CRTV, demandant qu’il y ait des rapprochements. Il n’ya pas eu moyen de contrôler parce que les paiements sont morcelés.

 

Me Hagbe :

Le texte qui organise le compte dit que le Trésorier payeur général présente chaque mois la situation du compte. Les opérations de débit enregistrées à la Trésorerie dans ce compte et les opérations de sortie de fonds n’existent pas dans les livres comptables de la CRTV.

 

Amadou Vamoulke :

 Il faut demander au Tpg qui a débité le compte ? Quand est-ce qu’il a envoyé l’argent ? Il n’y a pas 08 milliards Fcfa qui sont arrivés à la CRTV.

Me Hagbe :

Avez-vous jamais réclamé à votre banquier votre relevé de compte ?

 

Amadou Vamoulke :

En tant que directeur général, je reçois tous les jours un journal rendant compte de la situation de la trésorerie dans les banques et au Trésor avec une sommation et un solde de Trésorerie.

 

Me Hagbe :

Comment n’a-t-il donc pas constaté qu’il y a un débit de 10 milliards Fcfa qui n’est pas arrivé à la CRTV ?

Amadou Vamoulke :

Le Trésor ne l’a pas communiqué.