Grève des Avocats : Le mot d’ordre respecté

Les Cours et Tribunaux sont restés déserts ce 05 mars, au lendemain de l’appel lancé par le Barreau. Une mesure qui s’inscrit dans le cadre du mouvement de contestation des actes de violences perpétrés sur les professionnels de ce corps de métier.
Par Florentin Ndatewouo
Pas l’ombre d’une robe noir. A la salle d’audience du Tribunal de grande instance (Tgi) de Yaoundé Centre-administratif, une trentaine de détenu sont présents. Assis, menottés, ils attendent le début éventuel de l’audience. Ni le greffier audiencier, ni les représentants du Ministère public, encore moins les membres de la Collégialité ne montrent patte blanche.
Nombre d’affaires sont pourtant inscrits au rôle de l’audience criminelle de ce 05 mars. Il s’agit notamment de l’affaire Ministère public et Nama Nama Herman, Ngo Nyamb Prisca, contre Omang Ismael. L’accusé est attrait par devant le Tgi pour répondre des faits présumés de vol aggravé et trafic de stupéfiants. Les audiences de ce jour portent en majorité sur ces chefs d’accusation.
Dans l’attente de l’arrivé du Juge, des détenus échanges avec leurs proches, sous le contrôle des gendarmes.
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L’ambiance est identique à la salle S2. A l’entrée, une dame consulte le rôle des audiences. Ici, les affaires les plus récentes datent du 07 février dernier. Aucune des parties, hormis les détenus, n’est présente en salle pour prendre part aux procès de ce jour au Tribunal de première instance.
Solidarité, confraternité…
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Le mot d’ordre de grève est également suivi au pied de la lettre dans la ville de Douala: « Nous avions des audiences auxquelles nous n’avons pas assistés dans le cadre du respect du mot d’ordre », indique Me Calvin Job, Avocat au Barreau du Cameroun, basé à Douala.
Bien qu’absents des prétoires, les disciples de Thémis poursuivent tout de même leur office au sein de leur cabinet : « On fait aussi du Conseil, donc on s’attèle aux consultations demandées par les clients. On fait également un travail de rédaction des écritures pour les prochaines audiences qu’il y aura dans les semaines à venir », poursuit Me Calvin Job.
Me Mbah Éric Mbah, Bâtonnier de l'Ordre des Avocats au Barreau du Cameroun annonce des poursuites judiciaires à l'encontre des auteurs d'actes de violences perpétrés sur le Avocats/Yaoundé/03/03/2025
La non-fréquentation des Tribunaux et Cours par les Avocats est une mesure qui s’inscrit dans un mouvement de contestation lancé par le Barreau. Dans un communiqué daté du 03 mars dernier, le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats appelle ses confrères à suspendre le port de la robe pour une durée de 03 jours. Motif ? « Dans la matinée du mardi 01er mars 2025, des vidéos ont circulé de manière virale sur les réseaux sociaux montrant des agents de police exerçant des violences et autres actes dégradants et inhumains sur un Avocat et autres personnes. » Me Mbah Eric Mbah de poursuivre : « La veille, le Barreau avait déjà appris qu’un autre Avocat ayant dénoncé des violations des droits de ses clients avait été séquestré par des agents et officiers des forces de l’ordre afin qu’il se rétracte. Ce qu’il a dû faire pour recouvrer sa liberté. » Ainsi, une série de mesures est prise, à l’effet de protester contre les actes de violences perpétrés sur les Avocats.
Outre la suspension du port de la robe et la non-fréquentation des Cours et Tribunaux, le Barreau annonce des poursuites judiciaires contre les auteurs des actes de violences décriés.
Au Cameroun, les actes de violence perpétrés sur les Avocats sont légions depuis ces 10 dernières années. Cette situation rend compte du niveau de vulnérabilité du justiciable, bénéficiaire de l’office de l’Avocat. Par conséquent, les pouvoirs publics sont appelés à adresser cette problématique-avec la gravité qu’elle commande.