Présomption de détournement : William Sollo accusé de violer les clauses de l'Afd
Selon le témoin de l'accusation, la suspension du financement de l'Agence française de Développement pendant la période des faits s'explique par le retrait, à l'initiative du Directeur général d'alors, de la somme d'01 millions Fcfa, dans le compte projet de cette institution auprès de la CAMWATER.
Par Florentin Ndatewouo
L'accusé jean Dieudonné Mah remet en cause la solvabilité de la CAMEROON WATER UTILITIES COOPERATION (CAMWATER) sous le règne de William Sollo. Il en veut pour preuve, l'incapacité pour cette structure de s'acquitter de ses dettes, contractées auprès des bailleurs de fonds. Le montant cumulé des impayés au 31 décembre 2015 s'élevait à 17 milliards 081 millions 124 mille 178 Fcfa.
L'accusé Mah s'exprime à l'audience du 17 août dernier, au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé. Il procède au contre-interrogatoire du témoin du Ministère public. Sieur Mah souligne que la CAMWATER a contracté un emprunt de 10 milliards 921 millions Fcfa, avec les intérêts de plus de 03 milliards 250 millions Fcfa à la Bgfi banque. Un montant supérieur aux coûts des honoraires payés de 02 milliards 254 millions 249 mille 283 Fcfa, pour une somme recouvré de 61 milliards 179 millions 270 mille 872 Fcfa. « La CAMWATER étant solvable comme vous le dites, pourquoi a-t-elle été suspendue par l'Agence française de Développement ?»
De l'avis du témoin de l'accusation, la CAMEROON WATER UTILITIES COOPERATION bénéficie de l'appui de nombreux bailleurs de fonds. Au rang de ceux-ci, figurent la Banque africaine de développement (Bad), la Banque Mondiale, l'Agence française de Développement. Ces bailleurs de fonds disposent au sein de la CAMWATER des comptes projets.« C'étaient des comptes dans lesquels on ne devait pas puiser de l'argent. Lorsque monsieur William Sollo est promu Directeur général, il trouve dans le compte désigné Adf qui avait un peu d'argent, et il en retire 01 millions Fcfa. C'était la condition suffisante pour que l'Afd cesse de financer pour non respect des conditions.»
«Mais, en recrutant les cabinets de consultant qui ont une incidence sur le budget de la CAMWATER, il n'a plus fait référence au Conseil d'administration. Il n'a non plus appliqué l'article 42 du contrat de concession qui dispose que la CAMWATER est soumise au code des marchés publics.»
Le financement de l'Agence française de Développement était destiné au projet de réhabilitation de la station de traitement d'eau de Mefou. Ledit projet a été confié aux entreprises Razel, satcom, sed. «Les impayés de ces sociétés vont donc monter autour de 12 milliards Fcfa. Elles vont menacer d'arrêter les travaux. Le Dg, monsieur William Sollo saisi le Conseil d'administration qui lui donne son accord pour un emprunt auprès de la Bgfi banque. Une fois l'emprunt positionné, la Bgfi qui était en cofinancement avec l'Afd rachète l'emprunt. L'État du Cameroun rachète la part de l'Afd et donne enfin à la CAMWATER sous forme de don.»
François Onguene fait savoir que le Directeur général de la CAMWATER d'alors, sieur Sollo s'est conformé aux dispositions de l'article 29 (9) du décret portant approbation des statuts de la CAMWATER. Cet article dispose :« Le Conseil d'Administration approuve les contrats de performance, y compris les emprunts préparés par le Directeur général et ayant une incidence sur le budget». L'application de cette disposition permet à la Bgfi banque, la mise à disposition d'un crédit de 10 milliards Fcfa. «Mais, en recrutant les cabinets de consultant qui ont une incidence sur le budget de la CAMWATER, il n'a plus fait référence au Conseil d'administration. Il n'a non plus appliqué l'article 42 du contrat de concession qui dispose que la CAMWATER est soumise au code des marchés publics.» Pour le témoin de l'accusation, ces éléments entachent la passation des marchés de recouvrement.
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La suite de la procédure est prévue le 08 septembre prochain. Dans le cadre de cette affaire, William Sollo est poursuivi avec 04 autres accusés. Jean Parfait Koé, Atangana Stanislas Victor, René Martin Mbida, Jean Dieudonné Mah sont attraits devant le Tcs pour répondre des faits présumés de détournement de biens publics (Dbp) et complicité de Dbp. Basile Atangana Kouna jadis impliqué dans cette affaire a recouvré sa liberté, après la restitution du corps du délit.