Abus de confiance aggravé présumé: Un accusé répond du détournement de la somme de plus de 141 millions Fcfa

Abus de confiance aggravé présumé: Un accusé répond du détournement de la somme de plus de 141 millions Fcfa

Poursuivi par son employeur, Alex Cédric Djiena réfute les faits mis à sa charge. Il est entendu à l'audience du 05 septembre dernier au Tribunal de grande instance de Yaoundé. La défense crie au complot.

Par Florentin Ndatewouo

Alex Cédric Djiena plaide non coupable des faits qui lui sont reprochés. L'accusé comparait par devant le Tribunal de grande instance (Tgi) de Yaoundé Centre-administratif. Sieur Djiena répond des faits présumés d'abus de confiance aggravé.

Son employeur, dame Tiani épouse Wembe Foka lui fait grief du détournement de la somme de plus de 141 millions Fcfa.

Alex Cédric Djiena est entendu à l'audience du 05 septembre de l'année en cours. Dans ses dépositions, l'accusé affirme avoir été recruté le 01er février 2016. Il travaille au service d'une entreprise spécialisée dans la vente des fournitures scolaires.

Sieur Djiena occupe le poste de chef de l'agence de Yaoundé. "Mon rôle au sein de cette structure était de superviser l'équipe à ma disposition, et reverser de l'argent en banque. Lorsqu'il y avait des versements à effectuer à la banque, je le faisais. Ensuite, je photocopiais le relevé de compte, je photographiais et j'envoyais à la direction générale", va-t-il décliner et de poursuivre:"Les paiements par mobile money se faisaient sur un numéro géré par la responsable depuis Douala. Les paiements se faisaient aussi à la caisse."

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La défense expose ensuite sur les opérations financières. Celles-ci concernent notamment la facturation. De l'avis de la défense, la facturation des marchandises au sein de cette structure donne lieu à la délivrance de 03 reçus. L'un est destiné au client, l'autre demeure à la caisse, tandis que le troisième est dédié au service du contrôle.

"(...)Prêt de deux minutes après cet échange téléphonique, deux anti-gang, habillés en civil, sont arrivés. Ils m'ont arrêtés et m'ont conduits à la gendarmerie..." Dixit Alex Djiena, l'accusé

"Tout se passait bien", jusque dans la journée du 04 avril 2021. "Ce jour, lorsque j'arrive au travail, ma patronne m'attendait sur les lieux. C'était une surprise pour moi. Elle m'a dit qu'il m'envoyait en congé. J'en ai souvent demandé mais, on ne me l'a pas accordé. La patronne m'a demandé de ne rien prendre." Sieur Djiena va de ce pas réclamer des indemnités de congés ainsi que le paiement de son salaire du mois de mars. Son employeur lui promet d'accéder à ses différentes réclamations dans les prochains jours.

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Alex Cédric Djiena va déchanter. Certes, il reçoit quelques jours après sa mise en congé, un appel de sa patronne. Seulement, il est loin de s'imaginer ce qui l'attend. "Je me suis rendu au bureau. Lorsque ma patronne s'est aperçue de ma présence, elle a immédiatement passé un coup de fil. Au cours de la conversation, je l'ai entendu dire:"il est déjà là", conte Cédric Djiena:"Prêt de deux minutes après cet échange téléphonique, deux anti-gang, habillés en civil, sont arrivés. Ils m'ont arrêtés et m'ont conduits à la gendarmerie. Là bas, j'apprends qu'une plainte a été déposée contre moi pour détournement de la somme de 126 millions Fcfa."

A la suite de l'arrestation de sieur Djiena, un audit est mené au sein de l'entreprise. L'accusé dit n'avoir pas été entendu au cours de cet audit.

A la suite de son interrogatoire principal, sieur Djiena est contre-interrogé par le représentant du Ministère public. Le Procureur de la République donne lecture des déclarations faites par l'un des collaborateurs de l'accusé, au cours de l'enquête préliminaire:"J'ai constaté en janvier 2021 que monsieur Djiena percevait le salaire du gardien alors qu'il n'avait travaillé que deux mois." Question:" Vous avez déclaré avoir perçu le salaire mensuel du gardien, d'un montant de 60 000 Fcfa. Maintenez-vous cette déclaration?" Visiblement embarassé, l'accusé opte pour le silence en guise de réponse.

"meurtriers de l'entreprise"?

Poursuivant le contre-interrogatoire, l'accusation note que les employés placés sous l'autorité de sieur Djiena ont décrié sa gestion:"Monsieur Abanda affirme que pendant la période de fermeture de la société, vous l'avez sollicité. Vous avez vendu la marchandise et l'on n'a pas retrouvé cette opération dans la comptabilité." Sieur Djiena reprend l'usage de sa voix: "Lorsque la période de fermeture est arrivée, je n'avais pas encore fini de rédiger mon rapport. Je travaillais au sein de la société. Un client en passant s'est rendu compte que l'entreprise était ouverte. Il a acheté des marchandises. Je ne pouvais pas les comptabiliser" Motif? "parce que je n'avais pas la qualité de comptable. A la reprise des activités, le comptable m'a accusé de ne l'avoir pas fait. "

Evoquant le phénomène des "meurtriers de l'entreprise", le Procureur de la République requiert le maintient de la défenderesse dans les liens de l'accusation. A cet effet, l'accusation déplore l'usage de diverses manœuvres par la défenderesse, à l'effet de s'approprier indument des ressources financières de la société:"Il ne reversait pas dans les comptes de la société les recettes effectuées par cette dernière. Il a instauré une caisse autonome dans son bureau", martèle le représentant du Parquet près le Tgi.

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Le Conseil de la défense s'inscrit en porte à faux des réquisitions du Parquet d'instance. Il dénonce le défaut d'un audit contradictoire, à l'encontre de son client: "Les pièces produites par l'accusation ont été biaisées pour les besoins de la cause. Pourquoi n'a-t-il pas été confronté à ces pièces pendant le contrôle."

L'erreur est humaine mais l'erreur judiciaire est inhumaine." Dixit la défense

Dans la même vaine, la défense évoque "les pleins pouvoirs" dont auraient bénécifié sieur Djiena. Ce, en raison de l'absence d'un cahier de charges, précisant les prérogatives de l'accusé. "En raison des pleins pouvoirs, il a jugé de l'opportunité de recruter un autre gardien, pour préserver la sécurité de la société. Si on veut le condamner pour avoir reçu de l'argent en provenance de Dschang ou je ne sais où, c'est à tort parce qu'il avait les pleins pouvoirs."

Pour soutenir le défaut d'éléments matériels, constitutifs de l'infraction présumée, la partie défenderesse évoque l'indigence de l'accusé:"On accuse mon client pour une affaire de 141 millions alors qu'il vit dans une chambre. En prison c'est son frère qui le nourri."

Dans sa plaidoirie, le défenseur dénonce un complot qui serait ourdi à l'encontre de son client par son collaborateur: "Sieur Teikeu est son collègue qui veut son poste. C'est lui qui commande la mission de contrôle. C'est lui qui fait des rapports confidentiels."

La défense d'Alex Cédric Djiena plaide pour son acquittement, non sans mettre en garde le tribunal: "L'erreur est humaine mais l'erreur judiciaire est inhumaine."

La cause est mise en délibérée pour le 06 octobre prochain.