Droit à l'éducation : Une jeune rescapée de la catastrophe de Mbankolo renvoyée de l'école
Élève en classe de 4ème série allemande au Lycée Christ Winner de Mbankolo, Marie Thérèse Menye est jugée insolvable. Les responsables de son établissement scolaire lui réclament le paiement de la somme de 99 000 Fcfa, au titre des frais de scolarité.
Par Florentin Ndatewouo
Thérèse Menye est victime d'une double peine. La première lui est infligée par la catastrophe de Mbankolo. Dans la nuit du 08 octobre de l'année en cours, un évènement inattendu se produit. Tout bascule. La vie de Thérèse Menye n'est plus la même. Comme nombre d'habitants au lieu-dit chefferie Nkol Etam, dans l'arrondissement de Yaoundé II, le domicile de ses parents subit de plein fouet, la fureur des eaux. Ce, suite à la rup-ture d'une digue. Celle-ci entraîne dans sa furie, d'énormes pertes en vies humaines et matérielles...
Depuis lors, Marie Thérèse Menye et sa famille peinent à se retrouver. Elle compte parmi la soixantaine de familles recasées à la maison du parti du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) de Nkomkana à Yaoundé.
Cependant, alors qu'elle peine déjà à se remettre du traumatisme provoqué par le sinistre, Marie Thérèse Menye voit ses études accuser un coup... Elle est désormais confrontée à un second défi.
Élève en classe de 04 ème série allemande au Lycée "Christ Winner de Mbankolo", elle est expulsée de son établissement scolaire. Motif ? les responsables de lui reprochent son insolvabilité. Les frais exigés pour sa scolarité s'élèvent à 99 000 Fcfa.
Marie Thérèse Menye affirme avoir imploré la clémence des dirigeants de son établissement scolaire. En dépit des explications par elle fournies-en appui de sa demande d'indulgence-ses interlocuteurs jouent la carte de l'insensibilité...
Depuis lors, Marie-Thérèse Menye passe le plein de ses journées à l'intérieur du site de recasement, aux côtés de nombre de rescapés. Pendant ce temps, ses congénères bénéficient des enseignements au sein des établissements scolaires. Son droit à l'éducation est ainsi bafoué.
A la douleur provoquée par la catastrophe, s'ajoute désormais celle liée à la privation d'un droit fondamental: l'éducation.
"L'Etat garantit à tous l'ÉGALITÉ DE CHANCES D'ACCÈS à l'éducation sans DISCRIMINATION de sexe, d'opinions politiques, philosophiques et religieuses, d'ORIGINE SOCIALE, culturelle, linguistique ou géographique." Article 07 de la loi du 04 avril 1998 portant orientation de l'éducation
Marie Thérèse Menye est jugée et condamnée deux fois pour les mêmes faits. Le sacro saint principe juridique Non bis in idem est transgressé.
Il convient de souligner que le droit à l'éducation est consacré par la loi fondamentale du Cameroun. "L’Etat assure à l’enfant le droit à l’instruction. L’enseignement primaire est obligatoire. L’organisation et le contrôle de l’enseignement à tous les degrés sont des devoirs impérieux de l’Etat", peut-on lire dans le préambule de la Constitution du 18 janvier 1996.
Dans le même ordre d'idées, l'article 07 de la loi du 04 avril 1998 portant orientation de l'éducation dispose :"L'Etat garantit à tous l'ÉGALITÉ DE CHANCES D'ACCÈS à l'éducation sans DISCRIMINATION de sexe, d'opinions politiques, philosophiques et religieuses, d'ORIGINE SOCIALE, culturelle, linguistique ou géographique."
Visite effectuée au site de recasement à la maison du parti Rdpc de Nkomkana à Yaoundé/07/12/2023
Par ailleurs, Mairie Thérèse Menye ne peut compter sur ses propres efforts pour s'acquitter de ses frais de scolarité. Considération prise de son âge, elle ne peut légalement exercer une activité génératrice de revenus pour épauler ses parents:" Les enfants ne peuvent être employés dans aucune entreprise, même comme apprentis,
avant l’âge de quatorze ans(...)" Ainsi dispose l'article 86(1) de la loi du 14 août 1992 portant Code du travail.
Face à cette situation, nombre d'associations interpellent les pouvoirs publics. Le Réseau INCLU, l'association MEDCAMER, Yoheda, Unipsy se sont rendus hier 07 décembre sur le site de recasement des sinistrés sis à la maison du parti du Rassemblement démocratique du peuple camerounais de Nkomkana à Yaoundé. Le cas Menye est découvert au cours de cette descente destinée à apporter du reconfort aux familles sinistrées, à travers une remise de dons.