Amadou Vamoulke : « Ce soir, j'ai le sentiment que le droit de la force a vaincu la force du droit. »

Amadou Vamoulke : « Ce soir, j'ai le sentiment que le droit de la force a vaincu la force du droit. »
Amadou Vamoulke, déclaré coupable, entre autres des faits de détournement de bien publics en coaction avec Polycarpe Abah Abah, de la somme de 570 millions Fcfa, à l'audience d'hier au Tribunal criminel spécial à Yaoundé/20/12/2022

L’accusé s’exprime ainsi pour la dernière fois, après la déclaration de culpabilité, par la collégialité à l’audience d’hier 20 décembre de l’année en cours au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé.

 

Par Florentin Ndatewouo   

 


Ce que j'ai entendu ce jour (2à décembre, Ndlr) est pour ainsi dire, la fin de ma marche vers le rouleau compresseur. On a démarré, roulé sans état d'âme.  Inesquivable, quoique vous fassiez… J'espère que le commutateur de ce rouleau compresseur que je vois d'ici, va se reposer enfin ! Je ne dis pas « pourra reposer en paix », même si cela peut lui arriver, comme à tout être vivant.

 Une question à laquelle je n'ai pas de réponse. Celle de savoir ce qui fait qu’un modeste citoyen comme moi arrive à effaroucher tant de « grands » comme on dit dans notre pays, au point qu'ils donnent l'impression de ne pas pouvoir vivre tant qu'ils ne m'auront pas neutralisé.

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Apparemment, il s'agit de neutraliser à tout prix. Y compris, au prix d'une forfaiture. La forfaiture étant comme chacun le sait, une utilisation à mauvais escient, de moyens que l'on possède, que parce que le peuple veut ainsi.

 

 

« La justice se fera même si le ciel doit tomber. » Amartya Sen, dans l'idée de Justice



Ce soir, j'ai le sentiment que le droit de la force a vaincu la force du droit. 
Je peux bien concevoir d'être condamné. Je me ferrai une raison comme beaucoup d'autres, avant moi, et continuerai à vivre le temps que la providence m'aura impartie, et que d'autres veulent raccourcir absolument.

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Monsieur le Président, je voudrais me permettre d'évoquer un nom. Celui d'Amartya Sen, prix Nobel d'économie, enseignant à la LONDON SCHOOL OF ECONOMY, qui a commis un ouvrage impressionnant, non plus en économie sa matière, mais en droit. Le livre s'intitule l'idée de Justice. Il y  déclare en substance que la Justice dans les pays colonisés par les occidentaux insiste sur les concepts aériens, alors qu'il s'agit de rendre la vie possible sur terre.
il dit que sur les frontons de nombreux palais de justice en occident, on peut lire cette phrase : « la justice se fera même si le ciel doit tomber. »
Et Amartya Sen de commenter : « A quoi aura servi la justice si le ciel tombe? »

 

Je me pose la question : Qu'est-ce que volontairement je n'ai pas fait ou fait à la CRTV au point de me retrouver ici. 


On doit toujours s'interroger sur le sens de ce que l'on fait en pensant à la jeunesse qui est éminemment majoritaire dans ce pays et qui sera le vrai juge des juges(…)