Propos liminaires : « Je me trouve poursuivi sur des déclarations que j'ai entendues et pour lesquelles je n'ai pas de preuves. »

Propos liminaires : « Je me trouve poursuivi sur des déclarations que j'ai entendues et pour lesquelles je n'ai pas de preuves. »

Léonard Maxime Mbangue dit avoir été entendu dans un climat stressant au cours de l’enquête préliminaire. Ce qui lui a fait perdre sa sérénité et faire des déclarations « décousues ».  A l’audience de ce 14 février au Tribunal criminel spécial à Yaoundé, le conseiller technique d’Edgard Alain Mebe Ngo’o dénonce la violation de ses droits. Il dit avoir vu son statut de témoin muté en celui de suspect.

 

Par Florentin Ndatewouo


 Je voudrais dire que j'ai été convoqué les 13, 19, pour être entendu comme témoin. Madame la présidente, honorables membres de la collégialité, je ne vous apprends rien. Le témoin est celui qui a vu, ou entendu. Ma convocation visait à éclairer les enquêteurs… Les auditions se sont déroulés dans un cadre tendu et stressant. Ne m'étant jamais frotté à la justice, je me suis fait assisté par mon conseil Me Assamba. Malheureusement, il s'est fait éconduire par la police, au motif que le statut de témoin assisté n'est pas reconnu au Cameroun. Cet environnement a favorisé ma deconcertation, elle m'a emmené à perdre ma sérénité et parfois faire des déclarations décousues et incohérentes. Ces déclarations portaient pour certaines, sur ses choses que j'ai entendues sur certaines personnes dans des radios urbaines, lues dans les réseaux sociaux, et pour lesquelles je ne disposais pas des preuves tangibles. Certaines insinuations des enquêteurs m'ont emmené à donner des réponses à certaines questions posées. Je me trouve donc poursuivi sur des déclarations que j'ai entendues et pour lesquelles je n'ai pas de preuves.

 

« L'enquêteur a procédé à l'extorsion des aveux, usant de la ruse pour m'incriminer. »

 

Le 03 mars 2019, je reçois une nouvelle notification. Mon statut de témoin avait été muté en celui de suspect. C'est la seule fois d'ailleurs que j'ai été entendu en présence de mon Conseil pendant toute l'enquête préliminaire. A la fin de cet interrogatoire, j'ai été retourné à la cellule des enquêtes du corps spécialisé des officiers de police judiciaire du Tcs. J'ai encore été auditionné de manière cavalière pour un complément d'enquête. J'aurais dû donc être entendu dès le début de l'enquête en qualité de suspect pour que je puisse bénéficier de tous les privilèges que le code de procédure pénale prévoit. Je pense notamment à mon droit d'être assisté par un avocat. J'estime que mes droits à l'enquête préliminaire ont été violés et l'enquêteur a procédé à l'extorsion des aveux usant de la ruse pour m'incriminer. Certains acteurs déterminants de l'exécution de la chaîne de commande de la dépense publique ont été entendus comme témoin, et sont couchés chez eux. Je décrie donc le traitement différencié à moi accordé par l'enquêteur, pour solliciter un procès équitable et un égal traitement devant les charges publiques...

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Une fois mis en détention, nous avons retrouvé mes conseils et moi-même, un cadre normal où le juge d'instruction mettait un point d'honneur sur le respect des droits de l'accusé. Aucune des déclarations faites à ce niveau n'a été faite par l'ordonnateur principal, encore moins par les témoins, même ceux retenues par l'accusation, avec lesquels j'ai été opposé lors des confrontations le 30 juin 2020. Les déclarations devant le juge d'instruction étaient donc cohérentes et précises. Le juge d'instruction a bien voulu revenir sur certaines déclarations contenues dans l'échange au cours d l’enquête préliminaire. A la suite de mes Conseils, je réitère devant vous que ces procès-verbaux d'audition à l'enquête préliminaire soient écartés, mis sous scellés au greffe près le Tcs et ne me soient pas opposables.