Déferrement : Deux corps amochés en souffrance au parquet.
Par Florentin Ndatewouo
Des pavés au flanc gauche de la cour du parquet portent encore des taches de sang. Celles-ci ont été noircies sous l’effet de la chaleur du soleil. Il s’agit du sang d’individus transportés hier 14 janvier devant la table de déferrement du Tribunal de grande instance (Tgi) de Yaoundé Centre-administratif. Couché à même le sol, le premier, un peu plus robuste que le second, présente un visage amoché. Les yeux au beurre noir. Du sang coagulé s’échappe des narines pour se mélanger à de la salive en provenance de sa bouche entrouverte. La mâchoire de l’infortuné s’est déplacée vers la gauche. Ce qui laisse envisagée qu’elle aurait subi une fracture. Il respire à peine. Bien qu’affaibli lui aussi, son vis-à-vis se trouve dans un état moins critique.
Cette situation mobilise l’attention. Nombre de personnes présentes au parquet encerclent ces déférés. Les bras croisés, certains observent la scène avec tristesse. Une source ayant requis l’anonymat dit avoir suivi une conversation téléphonique d’un magistrat du parquet : « Vous avez emmené un individu qui est déjà mort. Vous espérez que nous en fassions quoi ? On ne défère pas les morts au parquet », se souvient-t-il. Après cette échange entre ce magistrat et son interlocuteur, des gendarmes entrent en scène : « ils vont tirer les déférés jusqu’à l’extérieur pour les laisser dans la cour à côté du véhicule rouge-là. Quelques temps après, l’endroit où se trouve le corps sera recouvert d’un drap blanc », va-t-il poursuivre, le cœur meurtri. Ni l’identité des détenus, encore moins la destination réservée à ces corps n’a été révélée.
Une version des faits que nous n’avons pas pu confirmer indique que ces personnes déférées hier 14 janvier au parquet auraient été arrêtées au quartier Mendong à Yaoundé. Suite à un vol perpétré dans un callbax, dans le cadre d’une opération de transfert Mobile Money, la clameur du public alerte des gendarmes. Il s’ensuit une chasse à l’homme. Deux individus sont arrêtés : « Les forces du maintien de l’ordre les auraient molestés pour s’emparer du téléphone portable à partir duquel le transfert d’un montant de 300 000 Fcfa aurait été réalisé. » Une situation marquée d’incertitudes pour laquelle l’ouverture d’une enquête permettrait de l’élucider.