Droit à l’éducation : L’ÉCHEC des mesures gouvernementales
Deux mois après l’implémentation de la décision ordonnant la dispensation des cours à distance, force est de constater que cette mesure n’a pas favorisé les échanges entre étudiants et enseignants. Une situation qui interroge la responsabilité de l’Etat, à garantir le droit et la qualité de l’éducation, comme le prévoit la constitution du 18 janvier 1996 en son préambule.
Par Florentin Ndatewouo
La poursuite des enseignements à distance n’a pas été aisée au sein des institutions universitaires depuis le 17 mars. « On n’a fait qu’un seul cours sur Jitsi meet », fait savoir Grâce Nathanaëlle. L’étudiante en science économique et de gestion au niveau I à l’Université de Dschang note que la plateforme Jitsi meet a été intégrée à celle de l’université en raison des difficultés rencontrées pendant la dispensation des cours. Lesquels sont survenues lors de l’utilisation des groupes sur la plateforme Whatsapps. « Dans un premier temps, nous nous sommes inscrits sur la plateforme de la faculté pour avoir accès à des informations, les supports de cours, les fichiers de travaux dirigés (Td) et certaines corrections de Td. » Cette dernière affirme que la dispensation des cours était prévue aux heures habituelles, suivant les programmes. « Donc au final nous n’avons fais qu’un seul cours. Il était audio au lieu de vidéo et l’enseignant expliquait le support de cours. C’était difficile vue que la connexion internet n’était pas stable. On n’écoutait pas vraiment ce qu’il disait dans l’ensemble. Ce cours consommait beaucoup de mégas. »
A la faculté de droit de cette université, le scénario est plus ou moins le même. « On a eu deux plateformes. La première était foadUds.univ-dschang.org. Mais, mes camarades et moi avons eu de nombreuses difficultés. En effet, chaque étudiant qui souhaitait intégrer la plateforme n’a pas pu trouver de mot de passe », explique Joewell Epie Esong.
Face à cet obstacle, le délégué des étudiants du niveau 3 de la faculté des sciences juridiques et politiques, est appelé à assumer ses responsabilités. « J’ai écrit à la cellule informatique de ma faculté. Ils m’ont répondu le 15 avril et j’ai pu entrer en possession des mots de passe de tous mes camarades, je leur ai transmis chacun individuellement. Certains ont pu accéder à la plateforme. » Passer cet épreuve, les étudiants sont confrontés à un nouveau défi. « On a pu avoir les cours, mais on n’a pas pu avoir les échanges avec les enseignants. »
Joewell Epie Esong:
Nombre d’étudiants du niveau master I en communication à l’Ecole supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (Esstic) n’ont pas échappé aux goulots d’étranglements. La qualité de la connexion internet n’a pas été favorable au suivi des enseignements par les étudiants.
« L’Etat assure à l’enfant le droit à l’instruction… L’organisation et le contrôle de l’enseignement à tous les degrés sont des devoirs impérieux de l’Etat. »
La difficulté relative à la dispensation des enseignements constitue une atteinte aux droits à l’éducation. La protection de ce droit relève de la responsabilité de l’Etat, comme le prévoit la Constitution du 18 janvier 1996 en son préambule. « L’Etat assure à l’enfant le droit à l’instruction… L’organisation et le contrôle de l’enseignement à tous les degrés sont des devoirs impérieux de l’Etat. »De plus, la dispensation des cours à distance créée une certaine disparité, notamment en raison du défaut d’infrastructures adéquats. Or, l’article 26 de la déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948 à laquelle le Cameroun est Etat-partie garanti le droit à l’éducation pour tous. « Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire… L’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite… »
La dispensation des cours à distance procède d’ « un changement radical de la méthode pédagogique ». Elle a été recommandée le 17 mars par le gouvernement en raison de la pandémie du covid-19. Cette mesure avait pour but de limiter le risque de propagation du virus au sein des institutions universitaires.
Au regard des difficultés rencontrées pendant la période de restriction, nombre d’étudiants ont milité pour la reprise des cours en présentiel ce 1 juin.
Entretien avec le Professeur Viviane Madeleine Ondoua Biwolé, enseignant de Management, experte