Questions orales : La représentation nationale interroge le « SILENCE » de l’exécutif
Ceci, en lien avec les propos accusatoires des acteurs internationaux au sujet de la gestion de la guerre dans le Noso. Par ailleurs, la problématique de l’équité dans la redistribution des ressources financières issues de l’exploitation forestière et faunique entre le ministère des Forêts et de Faune, et le ministère des finances a été débattue au cours de la séance plénière du 26 mars dernier.
Par Florentin Ndatewouo
Nombre de députés s’interrogent sur le rapport qu’entretien le Cameroun et les puissances étrangères sur la gestion de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Au cours de la séance plénière du 26 mars consacrée aux questions orales, les honorables Mariam Goni, Ebangha Johanna, Ngo Issi Rolande Adèle questionnent le « silence » de l’Etat camerounais face aux « attaques » extérieures. Félix Mbayu indique d’entrée de jeu que la « diplomatie s’accommode mal de l’agitation et du spectaculaire. » Le ministre délégué auprès du ministre des relations extérieures, chargé des relations avec le Commonwealth fait savoir que le Cameroun concentre de nombreux intérêts qui attisent les convoitises. Félix Mbayu souligne que les acteurs internationaux « (…) encouragent le gouvernement à la résolution définitive de cette crise, et ne manquent pas parfois de s’impliquer dans la situation qui prévaut dans notre pays, d’une manière qui ne correspond pas toujours aux canons de la diplomatie et avec des agendas cachés pour certains.»
A la représentation nationale, Félix Mbayu relève que la diplomatie a tendance à épouser une stratégie « douce et invisible », qui s’inscrit dans la long durée, pour obtenir des résultats probants et efficace vis-à-vis de partenaires traditionnels et stratégiques. « Il n’est pas à exclure qu’elle puisse s’exprimer de manière ferme, forte et publique pour affirmer sa position. Toujours est-il que dans un échange diplomatique le procédé privilégie la graduation dans les interventions. » Le ministre note que l’action diplomatique du Cameroun épouse ces stratégies sur la question du Noso.
« Toutefois, si le pari au niveau de la volonté politique semble gagné, il n’en demeure pas moins que cette ambition intervient dans un contexte de mondialisation où le rapport de force n’est pas toujours à l’avantage de l’Afrique»
La gestion du patrimoine forestier et faunique s’est inscrite au centre des échanges à l’Assemblée nationale. Au cours de la séance plénière du 26 mars dernier, l’honorable Roger Nkodo Dang interroge le premier ministre sur l’équité dans la redistribution des ressources financières issues de l’exploitation forestière et faunique entre le ministère des Forêts et de Faune, et le ministère des finances. Joseph Dion Ngute note qu’en vertu de la loi forestière de 1994, le Fond spécial de Développement forestier était supposé recevoir une partie des recettes générées par l’exploitation forestière. Ceci, en vue de soutenir de manière plus efficiente le développement des activités concourant à la gestion durable des ressources forestières et fauniques, en l’occurrence l’aménagement et le renouvellement de la ressource.
Le chef du gouvernement observe que « Si cette disposition était effectivement appliquée, le Fond spécial de Développement forestier devait recevoir en moyenne 8 à 12 milliards Fcfa chaque année pour financer les activités dans ce secteur. » Joseph Dion Ngute fait appel au décret du 10 avril 1996 fixant les modalités de fonctionnement des Fonds spéciaux prévus par la loi du 20 janvier 1994 portant régime des Forêts, de la Faune et de la Pêche. Ledit décret prévoit que « la quote-part du produit des taxes forestières reversées à ce fonds et dont le montant est déterminé annuellement. Ces taxes se rapportent entre autres à la redevance forestière annuelle adossée sur la superficie, à la taxe d’abattage des produits forestiers, à la taxe de transfert d’une concession forestière et à l’acquittement de divers droits.» Le premier ministre rappelle que le fond spécial de Développement forestier est devenu un compte d’affectation spécial du fait de la loi de finances 2020. Ce compte reçoit chaque année une subvention de l’Etat plafonnée à 2 milliards Fcfa.
L’honorable Roger Nkodo Dang a sollicité du premier ministre, des réponses relatives aux mesures prises à l’effet de garantir la gestion durable du patrimoine forestier et faunique. Joseph Dion Ngute précise que « la mesure relative à l’arrêt de l’exploitation des bois en grume à partir de 2022 atteste de la volonté des Etats du Bassin du Congo de traduit en actes concrets, leur vision politique de réorientation stratégique de la filière bois. » Le premier ministre relève cependant des obstacles : « Toutefois, si le pari au niveau de la volonté politique semble gagné, il n’en demeure pas moins que cette ambition intervient dans un contexte de mondialisation où le rapport de force n’est pas toujours à l’avantage de l’Afrique», explique-t-il.