Victor Stanislas Atangana: "L'art du relationnel est la clé du recouvrement."
Le promoteur du cabinet CGS réagit ainsi, au cours de son interrogatoire principal. A l'audience du 16 octobre dernier au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé, l'accusé expose sur les activités menées par la structure dont il a la charge, en vue de permettre à la CAMWATER, d'entrer en possession de ses créances auprès du Ministère des Finances.
Par Florentin Ndatewouo
Me Faustine Fotso Chebou
Confirmez-vous avoir eu des échanges avec les agents de la CAMWATER?
Victor Stanislas Atangana
Nous avons échangé avec les agents de la CAMWATER. Les échanges se sont faits en présentiel, par téléphone et par mail. Nous avons eu des échanges par mail avec madame Gasinta Isabelle, et François Onguene tous en service à la CAMWATER.
Me Faustine Fotso Chebou:
Comment travaillez-vous ?
Victor Stanislas Atangana:
Avec le Ministère des Finances, la démarche consistait dans la mise en place d'un processus à l'amiable, cohérent et gradué, en évitant les pièges qui conduisent aux blocages. Toutes les techniques de recouvrement ont été étudiées afin d'opter pour celles les plus adaptées à notre situation.
Il s'agissait des relances téléphoniques, il faut le dire, très peu efficace dans notre contexte, des relances écrites qui sont évitables, la négociation face à face, qui est plus adaptée et qui a été la plus utilisée. Le but ici étant de faire de notre cas, le recouvrement des créances de la CAMWATER, une priorité.
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Me Faustine Fotso Chebou:
Comment relance-t-on efficacement une administration ?
Victor Stanislas Atangana:
Il faut avant tout acquérir une très bonne connaissance de l'organisation du Ministère des Finances et de ses processus, pour espérer obtenir un résultat. Notre expérience nous a fait avoir une assez bonne connaissance de ce Ministère.
Nous nous sommes par la suite mué en enquêteur, afin de comprendre pourquoi les différentes créances de la CAMWATER n'étaient pas payées depuis toutes ces années; à quel stade elles étaient bloquées dans le système, et que manquait-t-il pour quelles soient payées.
Ce travail d'investigation n'est pas simple. Il n'est pas facile d'avoir la bonne information, la vraie, dans notre administration, parce qu'il faut trouver la personne à même de transmettre l'information.
Il faut noter qu'il faut beaucoup de persévérance pour obtenir une réponse.
Une fois la cause du retard des paiements connue, il faut identifier la personne à même de la traiter, et lui demander "aimablement" de le faire, et procéder ainsi jusqu'à l'obtention du paiement. Il y a plusieurs blocages successifs.
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Me Faustine Fotso Chebou:
Quelle est la clé de votre travail ?
Victor Stanislas Atangana:
Il y en a plusieurs. Mais je dirais que l'art du relationnel est la clé du recouvrement.
La capacité à nouer des contacts avec des interlocuteurs clé, à l'intérieur du Ministère des Finances est déterminante. Se sont ces personnes qui facilitent la résolution des blocages; et sollicitent des bonnes personnes en interne. Il convient donc de choyer ces relations. Il apparaît très clairement alors que le recouvrement des créances passe par le respect de l'application des règles imposées par l'administration, puis enlever tous les grains de sable qui empêchent la mécanique de paiement, de se dérouler normalement.
Le talent du gestionnaire de recouvrement est essentiel pour comprendre le mode de fonctionnement et se créer des relations privilégiées avec les personnes pouvant aider au recouvrement.
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Me Faustine Fotso Chebou:
Quel est le temps mis pour effectuer un recouvrement ?
Victor Stanislas Atangana:
Il n'y a pas une durée arrêtée à l'avance, la réussite n'étant pas toujours au rendez-vous.
Avec le dossier qui nous concerne, nous avons travaillé de 2014 à 2016. C'est un travail à temps plein qui nécessite beaucoup de temps et beaucoup de compétences. Nous avons fait appel à des consultants divers, chargés d'apporter leurs carnets d'adresses, leur expertise, pour faciliter les contacts en interne. Et trouver des solutions juridiques administratives, fiscales, en fonction des blocages que nous rencontrions. Ce travail demande beaucoup de temps et de patience.
Me Faustine Fotso Chebou:
Est-ce que votre société, la CAMEROON GENERAL SERVICES (CGS) fonctionne-t-elle toujours ?
Victor Stanislas Atangana:
La CAMEROON GENERAL SERVICES a été créée en 2010. Elle fonctionne toujours, difficilement, vu mon absence et ses locaux sont au quartier Bastos ici même à Yaoundé.
Me Faustine Fotso Chebou:
Pourquoi selon vous, c'est vers vous que la CAMWATER s'est tournée pour trouver une solution à son recouvrement ?
Victor Stanislas Atangana:
Ils sont mieux placés pour répondre à cette question. Mais, le Directeur général de CAMWATER qui m'a précédé à ce box, lors de son Examination-in-chief a parlé de notre réputation.