Présomption de détournement : Les Avocats de Basile Atangana Kouna victimes du covid-19.

Présomption de détournement : Les Avocats de Basile Atangana Kouna victimes du covid-19.

 

L’accusé explique que l’un de ses défenseurs a reçu un vaccin dont il souffre des effets secondaires, tandis que l’autre est interné à Orca. Ainsi, l’absence de Me Atangana Ayissi et Me Sack à l’audience de ce 17 juin provoque le mécontentement de leurs collègues. Ces derniers y voient un frein à la procédure en cours devant le Tcs, prolongeant ainsi le séjour de leurs clients en prison.

 

 

Par Florentin Ndatewouo

 

Les Avocats de Basile Atangana Kouna n’ont pas montré patte blanche. A l’audience de ce 17 juin au Tribunal criminel spécial (Tcs) de Yaoundé, Me Ndjon Alfred, se fait le porte-voix de son confrère, Me Atangana Ayissi. « Me Ayissi présente ses excuses eu égard à son indisponibilité pour assurer la défense de son client et procéder éventuellement à la CROSS-EXAMINATION des témoins de l’accusation. » Excuses rejetées, oppose Me Ndjodo Bikoun, l’un des Conseils de l’Etat du Cameroun : « Si j’avais à répondre de ces excuses, elles seraient rejetées. J’espère que mes confrères tiennent en compte les intérêts de leurs clients. Nous avons l’habitude de dire que Kondengui n’est pas le Hilton. J’ai des comptes à rendre à un client et ce n’est pas n’importe quel client. Il s’agit de l’Etat du Cameroun. Mon vœu c’est que la procédure évolue. » Me Ndjodo de se demander s’il ne s’agit pas d’une manœuvre relevant du « dilatoire ». Me Dominique Frousse s'inscrit dans la même mouvance : "Nous venons de loin. Nous dépensons l’argent de l’Etat et nous prenons des risques pour arriver ici. Vous auriez pu nous prévenir."

Un argument sur lequel le Ministère public s’appuie lui aussi dans ses réquisitions. « Nous sommes aussi embarrassés que vous. Nous osons croire qu’il ne s’agit pas d’un dilatoire. Nous sommes embarrassés parce que nous sommes en matière criminelle. Nous devrions interroger les témoins de l’accusation. Cette diligence ne peut être accomplie sans la présence du conseil d’au moins un des accusés. »

 

 

« Si vous prenez une décision ferme, demain les gens seront ici. Lorsqu’on est accusé, on n’est pas en position de force. »

 

 

L’absence des Avocats de l’accusé Basile Atangana au procès suscite des mécontentements- aussi bien du côté de l’accusation- que de la défense. C’est le cas de Me Faustine Fotso Kamdem. L’avocate de l’accusé Victor Stanislas Atangana souligne que la présence à l’audience des témoins du Ministère public est une aubaine : « Ils peuvent être là aujourd’hui et demain ne pas l’être. » Elle appelle à la fermeté du Tribunal : « Si vous prenez une décision ferme, demain les gens seront ici. Lorsqu’on est accusé, on n’est pas en position de force. »

 

Le Tribunal suspend l’audience pour délibérer. Revenus en salle une vingtaine de minutes plus tard, les membres de la collégialité annoncent la reprise de l’audience. L’accusé Basile Atangana Kouna demande à prendre la parole. La présidente de la collégialité répond favorablement à sa requête. Elle interrompt sa prise de notes dans le plumitif d’audience pour prêter une oreille plus attentive à l’intervention de l’ex-ministre de l’Eau et de l’Energie. L’accusé Basile Atangana opère sa mue. Il devient l’avocat de ses avocats : « Je ne voudrais pas qu’on fasse croire que j’aurais élaboré une stratégie avec mes avocats. Je suis le premier à vouloir sortir de prison. Me Atangana est malade. On lui a administré le vaccin contre le covid-19 et cela a provoqué des effets secondaires. Me Sack est interné à Orca. Il souffre lui aussi du Covid-19. »

Après avoir écouté les explications de l’accusé, le Tribunal suspend une fois de plus la cause pour arrêter la prochaine date d'audience.

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Dans le cadre de cette affaire, le Ministère public, l’Etat du Cameroun (CAMEROON WATER UTILIES COOPORATION, CAMWATER), et le Ministère des Finances ont engagé les poursuites judiciaires à l'encontre de nombre d'accusés. Basile Atangana Kouna, Sollo Jean William, Victor Stanislas Atangana, René Martin Mbida, Jean Parfait Koé, Jean Dieudonné Mah répondent des faits de détournement de biens publics et complicité.

A la suite des délibérations, la date du prochain procès est fixée aux 10 et 11 août de l’année en cours. Il sera question pour les avocats absents d’assurer l’assistance de leurs clients. L’audition des témoins de l’accusation initialement prévue ce 17 juin est reportée à cette date.