Affaire Amadou vamoulke et cie : La partie civile FAIT LE PROCES de la presse

Affaire Amadou vamoulke et cie : La partie civile FAIT LE PROCES de la presse

Au cours de ses observations présentées à l’audience de ce 05 août au Tribunal criminel spécial (Tcs) de Yaoundé, Me Kangue qualifie les médias de « prostituée ». L’Avocate en charge de la défense des intérêts du Ministère des Finances impute à la presse, la volonté d’influencer la décision du tribunal, en faveur de l’ancien directeur général de la CRTV, par ailleurs journaliste de formation.

Par Florentin Ndatewouo


La partie civile et la presse ne sont pas en odeur de sainteté : « N'écoutez pas la presse », prévient Me Kangue, et d’assener : « (…) Elle est une prostituée qui tire le juge par la manche (…) » La haine que voue cette Avocate à l’égard des professionnels de l’information est manifeste ! « L'opinion publique, la presse n'ont rien à voir dans cette audience», va-t-elle marteler dans les propos introductifs de sa plaidoirie, à l’audience de ce 05 août au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé.  
Dans son ensemble, la partie civile est vent debout contre la presse. Elle dénonce l’écho médiatique que connait le procès qui oppose l’accusé Amadou Vamoulke et cie, à la CAMEROON RADIO TELEVISION, et le Ministère camerounais des Finances. Ce, en raison de la place accordée par la presse à cette affaire en particulier : « Tout au long de ce procès, poursuivant savamment une stratégie d'inversion des valeurs, monsieur Amadou Vamoulke et sa défense ont voulu faire le procès de la CRTV, de la justice. Il a plus plaidé son dossier devant les journaux que devant ce tribunal », note pour sa part, Me Bell Hagbe. 
La partie civile attribue aux professionnels de l’information, le pouvoir d’exercer une influence sur la décision future des juges, en faveur de l’accusé Amadou Vamoulké. Ce, eu égard à son statut de journaliste de formation. 

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«  L’article 37 (1) de la constitution dispose que la justice est rendue sur le territoire de la République au nom du peuple camerounais. Me Kangue n’est pas au-dessus de la Constitution. »

____________Homme de médias______________

Que nenni !« Est-ce la faute des médias si cette affaire dure depuis des années ? En quoi les médias sont-ils fautifs s’ils parlent de plus de mille renvois dans cette affaire ? » Ainsi questionne-t-on au sein de l’assistance. « Le but de la presse n’est pas d’influencer la décision des juges comme le prétend Me. La presse informe le peuple », rappelle un journaliste et de préciser : «  L’article 37 (1) de la constitution dispose que la justice est rendue sur le territoire de la République au nom du peuple camerounais. Me Kangue n’est pas au-dessus de la Constitution. »
L’audience de ce 05 août est consacrée aux observations de la partie civile. Lesdites observations portent sur les chefs d’accusation de détournement présumés de biens publics (Dbp) et coaction de Dbp, imputés à Amadou Vamoulke et compagnie.
A titre individuel, l’accusé Amadou Vamoulke répond de l’infraction de détournement de biens publics de par divers mécanismes, à savoir :
-Le paiement des prestataires étrangers sans contrepartie du service dû ;
-le paiement « indu » des primes ;
-Le double paiement des prestations ;
-Le manquant des caisses. 
S’agissant du mécanisme lié au paiement des prestataires étrangers sans contrepartie du service dû, la demanderesse déplore une perte financière de 878 millions 982 mille 320 Fcfa. Cette somme est déboursée par la CAMEROON RADIO TELEVISION en vue de l’acquisition des droits de diffusion de match de football, au rang desquelles la Coupe d’Afrique des Nations (Can) Angola 2010. 

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« (…)En gros, l'argent de la CRTV a fini dans un paradis fiscal. »  

______________Me Bell Hagbe______________

L’accusation note qu’en date du  31 décembre 2009, monsieur Amadou Vamoulke procède à la signature d’un contrat avec la société Ccfoot limited, pour le montant de 884 millions 249 mille Fcfa « Ccfoot qui serait une société anonyme. A l'endroit de sa signature, il y a une société du nom de crédit Suisse Trust. Pour Ccfoot, le contrat est signé par une personne non nommée. Il n'existe aucun contrat de représentation entre Ccfoot limited et la banque suisse crédit Suisse trust lui donnant mandat de signer en ses lieux et place », observe Me Bell Hagbe.

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L’Avocat en charge de la défense des intérêts de la CRTV affirme avoir effectué des vérifications : « Le siège qui serait à Genève n'est en réalité qu'une boîte postale à Genève. On s’est rendu compte plus tard que Ccfoot Limited a ses bureaux aux îles caïmans. En gros, l'argent de la CRTV a fini dans un paradis fiscal. »  


Le jour de la rencontre entre l’équipe nationale fanion masculine du Cameroun et l’île Maurice, l’office national de diffusion est informé qu’il ne dispose pas des droits de diffusion « la CRTV ne reçoit pas les images. Elle se trouve dans l'obligation de payer à nouveau, mais cette fois le vrai prestataire, pour avoir les images. » De l’avis de Me Bell Hagbe,  « la conclusion s'impose d'elle-même. Il s'agit d'un détournement de biens publics. »

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« (…) Lorsqu'on octroie une prime à une personne pour un travail pour lequel il est déjà payé, on est bien dans l'illégalité »

________________Me Bell Hagbe_______________

Amadou Vamoulke, attrait par devant le Tribunal criminel spécial de Yaoundé, pour répondre des faits de détournement des biens publics. L'ancien directeur général de la CRTV était présent à l'audience à Yaoundé/05/08/2024

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Quid du paiement « indu » des primes ?
La partie demanderesse réclame à l’ancien directeur général de la CRTV, la somme de 71 millions 485 mille Fcfa. Ce montant est sorti des caisses de la CRTV, au titre du paiement des primes de travaux de fin d’exercice budgétaire à certains personnels de la CRTV. « La question fondamentale n'est pas le paiement des primes. Mais c'est celle de savoir si les personnes ayant bénéficié y avaient droit », situe Me Bell Hagbe. « Lorsqu'on vous dit qu'un chauffeur a reçu une prime dans le cadre de l'exécution du budget, je me pose la question quel était son rôle ? » Dans son raisonnement, Me Hagbe questionne l’opportunité des primes octroyées : « On donne des primes à des gens, dont le travail quotidien est de suivre l'exécution du budget, alors qu’ils perçoivent déjà un salaire pour ce même travail tous les mois. Lorsqu'on octroie une prime à une personne pour un travail pour lequel il est déjà payé, on est bien dans l'illégalité », soutient l’Avocat de la CRTV.

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Me Bell Hagbe s’est également épanché sur l’infraction de détournement présumé de biens publics, par le moyen du double paiement des prestations ; le manquant des caisses.
Les observations de la partie civiles ont également adressé les chefs de détournement des biens publics en coaction avec les autres accusés. 

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Les observations des Avocats de la CRTV, l’Etat du Cameroun, à travers le Ministère des Finances interviennent à la suite des réquisitions finales du Parquet général. Dans ses réquisitions, le représentant du Ministère public a demandé la condamnation de tous les accusés pour les infractions mises à leurs charges. Les Avocats de la CRTV et du Ministère des Finances se sont associés à ces réquisitions. Ils se sont également constitués partie civile. 
L'affaire est renvoyée aux 12, 13, 14 août prochains, pour les plaidoiries de la défense.