Affaire Bruno Bekolo et cie : L’accusé Mboutou Augustin Marie réfute l’accusation du détournement de 290 millions 048 mille 500 Fcfa.

Le directeur des affaires administrative et financière à l’époque des faits dit n’avoir pas reçu ces fonds. « On n’a jamais mis à ma dispositions cette somme. Qui a mis à ma disposition ? Pour faire quoi ? Et quand ? »
Par Florentin Ndatewouo
Augustin Marie Mboutou ne change pas d’avis. L’accusé reste constant. A l’audience du 17 août de l’année en cours, le pensionnaire de la prison centrale de Kondengui à Yaoundé ne présente pas bonne mine. Son état de santé se veut préoccupant. En témoigne ses chevilles enflées, qui peinent à intégrer ses chaussures samara. A l’appel de son nom, il répond présent. Cramponné sur ses deux béquilles, il se déplace avec beaucoup de peine et de lenteur, pour rejoindre le box des accusés. Une fois installé, les hostilités sont engagées. Face à la collégialité, il ne recule pas d’un pouce. L’avocat général l’interroge sur la production d’un ensemble de pièces justificatives de l’utilisation supposée des fonds dont il est accusé du détournement. Au sujet des dépenses liées à la somme de 41 millions 850 mille Fcfa, sieur Mboutou apporte des précisions. D’entrée de jeu, il note que cet argent comporte deux volets. Le premier volet porte sur la somme de 36 millions Fcfa. Montant destiné au paiement des livres « présumés non-livrés, censés être payés par la caisse d’avance à hauteur de 70 millions Fcfa, dont j’aurais dû être le régisseur. » Le second volet est relatif à la somme de 5 millions Fcfa. Argent devant servir au paiement des primes d’une commission ad-hoc chargée de faire l’inventaire du personnel de l’Etat à l’Université de Douala. Sieur Mboutou Augustin Marie ne se reconnait pas dans l’infraction du détournement de biens publics : « Je n’ai pas perçu cet argent. Les 70 millions Fcfa ont été payés par le comptable lui-même. »
Courant 2008, l’Université de Douala entend enrichir ses bibliothèques de livres. Elle sollicite l’appui du Centre d’exportation du livre français (Celf) auprès de qui elle envisage l’opération. L’achat querellé des livres est l’objet d’une mission en France. De l’avis de sieur Mboutou, cette mission est composée ainsi qu’il suit :
- Chef de mission : le recteur monsieur Bekolo Ebe Bruno,
-membres : Ndoko Bikon, vice-recteur chargé de la recherche ; le Directeur des Affaires administrative et financière (Daaf). « Arrivés en France avec la société, le recteur a fait la répartition ci-après : achat effectif des livres : 44 millions Fcfa, à raison de 7500 euros par établissement (11). »
L’achat de livre est couplé à l’abonnement de tous les établissements placés sous la tutelle de l’Université de Douala, à des revues scientifiques de base. Coût de l’opération : 10 millions Fcfa. A cela s’ajoute la commande du matériel didactique. Ce matériel est acquis pour le compte de la nouvelle faculté de médecine des sciences pharmaceutiques, à concurrence de 05 millions Fcfa. « Le reliquat devant servir au transport et la manutention de tout le matériel au Cameroun, y compris un don de matériel offert par l'Université de Lyon, composé de microscopes. » L’accusé Mboutou regrette que « la mission de contrôle n’a retenu comme livraison que les 44 millions d’achats effectifs des livres. » Or, « (…) La société Celf avait fait une facture globale de 70 millions Fcfa en incluant la fourniture des livres et le transport. »
Sieur Mboutou embraie sur le détournement présumé de 05 millions relative au paiement des primes des membres de la commission ad-hoc.
« Le Daaf que j’étais n’a pas géré la caisse d’avance relative à cette dépense. La dépense a été payée par l’agent comptable. »
L’accusé rappelle le contexte dans lequel cette dépense a été effectuée. Il note qu’au mois de mars 2009, le budget de l’Université de Douala n’était pas encore disponible. Le Ministre de l’Enseignement supérieur demande au recteur de mettre en place les moyens pour permettre à cette commission (est composée de 53 membres.) « Le Daaf que j’étais n’a pas géré la caisse d’avance relative à cette dépense. La dépense a été payée par l’agent comptable. » Ensuite, Mboutou Augustin Marie demande au Tribunal de procéder à la fouille du document requis par le Ministère public dans le dossier de procédure. Après consultation de cette pièce, le Ministère public s’oppose à sa recevabilité. Considération prise de ce que la pièce n’est pas certifiée. En conséquence, « elle ne peut donc être admise au dossier. » Me Atangana Ayissi lui oppose une fin de non-recevoir. Le défenseur de sieur Mboutou rappelle que cette pièce sort du dossier du Tribunal. « Elle est tirée de la côte R-18 R-19. Votre Tribunal a déjà admis cette pièce. Demander de rejeter cette pièce, signifie implicitement que vous devriez rétracter votre décision. La demande du Parquet est irrecevable. » Me Atangana Ayissi annonce la production des autres pièces avec le concours de la banque, avant la clôture des débats, comme le prévoit l’article 413 du Code de procédure pénal.
Son client est CROOS-EXAMINE sur la production :
- le compte d’emploi de 05 millions 850 mille Fcfa ;
- les pièces justificatives de la somme de 290 millions 048 mille 500 Fcfa ;
- les pièces établissant l’achat effectif d’1 million 160 mille 177 Fcfa de cahiers. Sieur Mboutou réfute une fois de plus ces accusations : « On n’a jamais mis à ma dispositions cette somme. Qui a mis à ma disposition ? Pour faire quoi ? Et quand ? »
La partie défenderesse note que les feuilles de composition n’ont pas été achetées par la caisse d’avance. « Ce n’est que le recteur qui peut signer les bons de commande ou les ordonnateurs délégués. En l’occurrence, ce sont les chefs d’établissements, le vice-recteur. »
Le témoin d’une partie de la défense a été interrogé au cours de cette audience. Dans le cadre de cette affaire, Joseph Mpouli Mpouli a également été cité comme témoin du Parquet général.
D’autres témoins seront entendus dans cette cause les 05, 06 et 12 octobre prochains, dates des prochaines audiences.