Jean William Sollo:"Le juge d'instruction et l'Avocat général ont été induits en erreur"
L'ancien Directeur général de la CAMEROON WATER UTILITIES CORPORATION (CAMWATER), réagit ainsi au cours de son audition du 22 septembre dernier. Il est entendu au Tribunal criminel (Tcs) de Yaoundé. Contre-interrogé par son coaccusé, Jean Parfait Koé, il réfute l'accusation de détournement de biens publics, à travers le recours aux cabinets privés de recouvrement. Ces accusations sont contenues dans les dépositions de l'expert commis à cet effet.
Par Florentin Ndatewouo
Jean Parfait koé
Reconnaissez-vous avoir signé un contrat de recouvrement des créances de la CAMWATER (CAMEROON WATER UTILITIES CORPORATION (CAMWATER) auprès de l'État avec le cabinet koe-éco le 09 octobre 2014?
Jean William Sollo
Oui.
Jean Parfait Koé
Répondant à l'une des questions de Me Faustine Kamdem, vous avez affirmé que les contrats de recouvrement n'étaient pas des marchés publics. Pourquoi ces contrats n'étaient pas des marchés publics ?
Jean William Sollo
Ces contrats n'étaient pas des marchés publics.
Jean Parfait Koé
Reconnaissez-vous toutes les correspondances que vous avez bien voulues nous adresser dans le cadre de notre partenariat?
Jean William Sollo
Je sais que nous avons eu des échanges de correspondances. Mais je n'ai pas de correspondances sous la main.
Jean Parfait Koé
Est-ce que monsieur Mah et monsieur Onguene, respectivement, Daaf (Directeur des affaires administratives et financières, Ndrl) et sous directeur comptable visaient ces courriers ?
Jean William Sollo
Ces courriers étaient préparés et visés par la Daaf.
Jean Parfait Koé
Confirmez-vous que certains de vos courriers étaient écrits sur proposition du cabinet koe-eco qui les transmettait par la suite au Ministère des Finances ?
Jean William Sollo
Oui.
Jean Parfait Koé
Lors de l'audition du 04 juillet 2018, monsieur Tchokogue, l'expert, a déclaré pour ce qui concerne les commissions de 03 milliards 149 millions 321 mille 770 Fcfa, payées pour le recouvrement des créances auprès du Ministère des Finances, des subventions allouées à la CAMWATER, qu'il s'agirait plus ou moins d'une distraction de fonds. Puisqu'on ne saurait payer des commissions pour recouvrer des créances de l'État sur l'État.
Ces déclarations ont d'ailleurs été reprises non seulement par le Juge d'instruction dans son ordonnance de renvoi, mais également, par l'Avocat général, dans ses réquisitions intermédiaires. Pensez vous que Monsieur Tchokogue a induit en erreur le juge d'instruction et monsieur l'Avocat général ?
Jean William Sollo
ils ont été induits en erreur dans la mesure où le décret de création de la CAMWATER fait de lui un établissement public à caractère industriel et commercial. Il est doté d'une comptabilité privée, qui en fait une société anonyme, fonctionnant comme une société privée.
La CAMWATER peut donc recourir à des tiers pour recouvrer ses créances auprès de ses débiteurs, y compris le Ministère des Finances, tout comme les autres sociétés anonymes de l'époque.
Il ne faudrait pas confondre ici le fonctionnement d'une société à capital public, à celui d'un établissement public administratif (Epa). C'est d'ailleurs pour cela que le Ministre des Finances lui-même a signé avec le Directeur général de la CAMWATER que j'étais à l'époque, un échéancier de paiement dans lequel il est précisé que la CAMWATER peut Ester en justice contre l'État en cas de non-respect de l'engagement pris. Un Epa ne le peut pas.