Affaire Leubou et cie : L’incertitude persiste

Affaire Leubou et cie : L’incertitude  persiste
Emmanuel Leubou, Ex-chef de la cellule informatique à la Direction de la Dépense de personnel et de la pension au Ministère camerounais des Finances, accusé d'infractions présumées de détournement de biens publics (Dbp), coaction et complicité de Dbp.

L’expert en sécurité informatique présente des hypothèses, en raison de la difficulté relative à l’identification des auteurs des suppressions frauduleuses. Le Dr Bell est entendu le 07 février dernier au Tcs à Yaoundé.

 

Par Florentin Ndatewouo

 

L’identification des responsables des suppressions frauduleuses des remboursements des avances de solde et pension est l’objet d’incertitudes. Ce flou conduit à des hypothèses. Le Dr Bell en énumère 03. Pour le témoin du Ministère public, « soit l’utilisateur du compte 01X s’est déplacé physiquement pour aller s’installer sur le poste 1255 et initier ensuite les opérations de suppressions ; soit l’utilisateur du compte 01X ne s’est jamais déplacé, mais utilisait des paramètres du compte 1255 et réalisait des opérations. » Dans sa déposition, l’expert en sécurité informatique évoque la possibilité de l’intervention d’une tierce personne, étrangère au service. Dans cette hypothèse, cette dernière se serait connectée au réseau informatique de l’Application nationale pour le traitement informatique et logistique du personnel de l’Etat (Antilope), « …en usurpant l’adresse Ip ». Le Dr Bell précise : « Pour engager ce genre d’opération, il faut se préparer. Il faut avoir un certain nombre d’informations. Sinon, même au niveau de l’interface, vous serez perdu. »

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Le témoin du Parquet général est entendu le 07 février dernier au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé. Il est contre-interrogé par les Avocats de la partie civile ainsi que la défense.

A cet effet, le Dr Bell est appelé à apporter des précisions sur les risques d’attaques auxquels l’application Antilope est confrontée. Ceci, eu égard aux différentes failles détectées : « Il n’existe pas de risque zéro. »

 

 

« le USER 01X de l’accusé dame Lefang procédait à des suppressions et qu’un groupe de travail avait été constitué pour examiner ce problème et d’en trouver l’auteur » 

 

 

Le Dr Bell a procédé à l’analyse des données en provenance de l’application Antilope. Pour les remboursements des avances sur solde et pension, l’étude va de la période de 2015 à 2019. Au sujet de l’examen des suppressions, l’expertise s’est limitée à la période de 2015-2016.  Me Kamga, observe que les études menées par le Dr Bell auraient dû prendre en compte les périodes d’avant 2015. Cette posture du défenseur de l’accusé Emmanuel Leubou n’est pas anodine. Me Kamga fait savoir qu’entre 2011 et 2014, « le USER 01X de l’accusé dame Lefang procédait à des suppressions et qu’un groupe de travail avait été constitué pour examiner ce problème et d’en trouver l’auteur » 

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L’expert dit avoir pensé à cette possibilité « mais, il n’y avait aucun mandat pour demander ces informations. Cependant, la méthode nous contraint à suivre les avances et à aller au-delà de la période comprise entre 2015 et 2016, mais pas avant. »

Les suppressions frauduleuses des avances sur salaire et pensions retraite aux personnels encore en activité a causé un préjudice financier au trésor public. Le montant des pertes financières subi par l’Etat du Cameroun est de 05 milliards 587 millions 830 mille 882 Fcfa.

Nombre de personnes sont poursuivis dans le cadre de cette affaire. Leubou Emmanuel, Amadou Haman, Lefang Célestine Nkeng, Mefiro Pempeme Inoussa, sont accusés des faits présumés de détournement de biens publics (Dbp), coaction et complicité de Dbp.  

Outre les questions relatives à la sécurité, l’audition du témoin du Parquet général a porté sur les modalités d’attribution des avances de solde. La date des prochaines audiences est fixée au 04 et 07 avril de l’année en cours.