Affaire CRTV : Les faits reprochés à Gabriel Belinga

Affaire CRTV : Les faits reprochés à Gabriel Belinga

Chef du service de la comptabilité et de la fiscalité à la CAMEROON RADIO TELEVISION, durant la période allant de 2011 à 2015, il est poursuivi pour répondre entre autres du chef du détournement présumé en coaction avec le directeur général d’alors, Amadou Vamoulke, de la somme de 10 milliards Fcfa.

Par Florentin Ndatewouo 


« Le comptable peut-il enregistrer une opération dont il n'a pas eu connaissance, ou dont, les pièces justificatives ne lui ont pas été transmises? » Ainsi, interroge Me Atangana. « Non. Cependant, lors des rapprochements, il doit mettre en exergue cette absence des pièces », répond son client, Gabriel Belinga.


Cet accusé est entendu ce 08 avril au Tribunal criminel spécial (Tcs) de Yaoundé. L’audience de ce jour porte sur l’interrogatoire principal de Gabriel Belinga.
 Gabriel Belinga occupe le poste de chef de service de la comptabilité et de la fiscalité à la CAMEROON RADIO TELEVISION, (CRTV). Il exerce cette fonction durant la période allant de 2011 à 2015. 

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Il lui est reproché les faits présumés de détournement de biens publics en coaction avec le directeur général de la CRTV d’alors, Amadou Vamoulke. Le montant à eux imputé s’élève à 10 milliards Fcfa. 


La somme querellée se décompose en 03 parties. Le montant de 04 milliards 316 Fcfa, correspond à un paiement effectué au profit de la société réassurance. Ledit paiement est réalisé en date du  02 août 2012. 


L’accusé affirme que les opérations y relatives ont effectivement été enregistrées dans les livres comptables de la CRTV. En revanche, « Concernant la somme de 08 milliards 532 millions 835 mille, le service de la comptabilité et de la fiscalité n'en a eu ni la pièce, ni la connaissance de ce montant pour pouvoir enregistrer une quelconque opération », fait savoir Gabriel Belinga. La même réponse vaut pour les opérations liées à la somme d’01 milliard 910 millions 158 mille 210 Fcfa. 

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De plus, Gabriel Belinga est appelé à répondre du chef de détournement de biens publics de la somme de 235 millions Fcfa. « De l'exploitation du rapport de l'auditeur, il ressort que les opérations qui ont mené au détournement de la somme de 235 millions Fcfa, n'apparaissent pas dans le journal des banques, mais plutôt dans le journal en caisse. Cela est-il possible ? » Questionne une fois de plus, Me Atangana. Son client de réagir par la négative : « De la comptabilité que nous tenions, cela n'est pas possible. »
L’audition de sieur Belinga donne également l’occasion à l’accusé, d’édifier le tribunal sur les missions, ainsi que le mode de fonctionnement du service dont il a la charge à l’époque des faits. 

«Chaque comptable avait un journal particulier dont il assurait le traitement des opérations. Les journaux de caisse, un comptable.  Les journaux de banque, un comptable. » Gabriel Belinga, accusé

Il ressort des dépositions de la défense que, le service de la  comptabilité et de la fiscalité de la CRTV s’attèle à la tenue de la comptabilité générale. A cet effet, il procède à la  production des états de synthèse annuelle appelée « états financiers, outre les aspects fiscaux ».  
Constitué de 08 personnes, le service de la comptabilité et de la fiscalité s’organise autour de la comptabilité dite  auxiliaire : « En effet, chaque comptable avait un journal particulier dont il assurait le traitement des opérations. Les journaux de caisse, un comptable.  Les journaux de banque, un comptable. Le journal Trésor, un comptable, le journal des achats un comptable, le journal des opérations de vente, un comptable etc», expose Gabriel Belinga. 

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En sa qualité de chef de service, sieur Belinga se charge au quotidien de la centralisation de toutes les opérations dans un serveur. « J'avais également en charge, les journaux dits d'opérations diverses (amortissement, provision). J'avais également la charge des opérations de fiscalité », développe l’accusé. 

« Non. Cela est vérifiable dans les états financiers. Le principe de comptabilité auxiliaire suppose que chaque comptable fasse des écritures de manière autonome et distinctement des autres (…) » Gabriel Belinga, accusé.


 

« Pouvez-vous dire au tribunal comment s'effectuait le travail du comptable qui s'occupait du journal des opérations de banque et du trésor ? » S’enquiert Me Atangana : « il recevait les pièces du service des finances et de la Trésorerie. Il les enregistrait dans les différents journaux. Il plaçait les pièces correspondant dans les journaux. Il établissait à chaque fin du mois, les états des établissements bancaires », explique Gabriel Belinga. Et de poursuivre : « A la fin de la journée, je reportais par un traitement informatique, les écritures dudit comptable, après avoir vérifié que chaque écriture est représentée par une pièce. » 

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 A la question de savoir si, le compte relatif au journal des virements internes a été déséquilibré à un moment ou à un autre, la défenderesse réagi par la négative : « Non. Cela est vérifiable dans les états financiers. Le principe de comptabilité auxiliaire suppose que chaque comptable fasse des écritures de manière autonome et distinctement des autres (…) » Ces opérations ne se limitent tout de même pas là :« Parallèlement, le comptable en charge des opérations de banque enregistre le même compte de virement interne, mais dans le sens opposé. » 
Quid du rôle du chef de service dans le cadre de ces opérations ? « Le chef de service de la comptabilité qui centralise les données, vérifie que les comptes sont soldés.  C'est son instrument de contrôle. » 
Gabriel Belinga est le dernier accusé à déposer dans le cadre de cette cause. Son interrogatoire principal s’est achevé ce jour.
 A la demande de Me Pondi Pondi, l’audience a été renvoyée au 30 avril prochain. La défense d’Amadou Vamoulke entend contre-interroger sieur Belinga Gabriel.