Affaire Mebe Ngo’o et cie : L’ex-Mindef réclame la présence d’autres complices.

Affaire Mebe Ngo’o et cie : L’ex-Mindef réclame la présence d’autres complices.

Répondant aux questions liées au détournement présumé de fonds dans le cadre des marchés spéciaux passés en 2015, l’ex-Mindef sollicite la présence d’autres acteurs impliqués dans le processus de l’exécution de la commande publique.  Il rejette une fois de plus la thèse de l’accusation.  

 

Par Florentin Ndatewouo

 

Le détournement des biens est une infraction dont la commission révèle d’une œuvre collective.  Tel est l’avis d’Edgard Alain Mebe Ngo’o. Le postulat de l’accusé repose sur la pluralité d’acteurs intervenant dans la chaine d’exécution des marchés publics.

Ainsi, à  l’audience du 15 juillet dernier, l’ex-ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense (Mindef) réfute une fois de plus, l’accusation du détournement de biens publics (Dbp). Edgard Alain Mebe Ngo’o défend l’idée d’après laquelle, la consommation effective de l’infraction nécessite l’engagement des poursuites judiciaires à l’encontre de ces complices : « Nous devons être ici dans le box avec tous les acteurs de la chaine de l'exécution de la commande publique. L’ordonnateur délégué à qui je ne reproche rien, le contrôleur financier qui travaille en toute indépendance, le comptable… Ils devraient être cités comme complice. » Par contre,  l’accusé déplore la présence à ses côtés, d’autres accusés, poursuivis « injustement »  pour complicité de détournement. Au rang desquels, Bernadette Minla Nkoulou, épouse mebe Ngo’o.

 Le Tribunal lui fait grief d’avoir encaissé de l’argent à travers sa société Limousine Prestige. Le montant querellé est de 01 milliard 300 millions Fcfa, issu d’une  décision de déblocage des fonds « sans pièces d’emploi ». Cet argent a été débloqué en vue de la préparation de la fête du 20 mai 2012.

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Edgard Alain Mebe Ngo’o s’oppose à la thèse du détournement, défendue par le Ministère public. L’ex-Mindef indique les fonds ont fait l’objet d’une répartition en deux temps. Les ressources ont servi à l’achat des équipements Hcca (Habillage, couchage, camouflage, ameublement, Ndlr), d’une part.  « L’autre partie avait vocation à être débloquée en espèce pour être mis à la disposition des responsables militaires pour la préparation matérielle du 20 mai. »

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« cet argent n’a pas été détourné. Les pièces sont aux services des affaires générales où se trouvent également les affaires de la société Limousine prestige. »

 

 

Edgard Alain Mebe Ngo’o note que la gestion des fonds relatifs à l’organisation de la traditionnelle fête du 20 mai obéit à une logique. En amont, les responsables militaires expriment des besoins au plan financier, à travers des requêtes. De son côté, le Mindef procède à un arbitrage, au regard de l’étroitesse de l’enveloppe budgétaire disponible.  L’ex-Mindef martèle que « cet argent n’a pas été détourné. Les pièces sont aux services des affaires générales où se trouvent également les affaires de la société Limousine prestige. »

En outre, la gestion des marchés spéciaux s’invite de nouveau dans les échanges. Edgard Alain Mebe Ngo’o est interrogé par son avocate, Me Noelle Amougou Koé sur les marchés passés au cours de l’année 2015. Ces marchés sont au nombre de 13, parmi lesquels 10 marchés dits fictifs. Ajouter à cela, 02 marchés qualifiés à la fois de « fictifs » et de « surfacturés »

Au total, le  montant du détournement de biens publics  par surfacturation est de 122 millions 480 mille 964 Fcfa. Les pertes financières liées aux marchés « fictifs » s’élèvent à 368 millions 557 mille 107 Fcfa.  Le total du détournement allégué des marchés à la fois dit fictifs et surfacturés est de : 491 millions 038 mille 071 Fcfa.

Edgar Alain Mebe Ngo’o s’inscrit en porte à faux de ses accusations. « Le Mindef ne passe pas le temps à réfléchir à comment détourner de l’argent. Mais, il travaille à la mise en condition opérationnelle et matérielle des hommes ».

 

 

« les marchés sont signés par mes soins lorsqu’ils n’excèdent pas 200 millions Fcfa. »

 

Signature des contrats d'avenant par l'ex-ministre délégué à la présidence, chargé de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo'o.  

L’accusé procède ensuite à l’appréciation de nombre de documents en sa possession. La pièce portant sur le crédit de paiement d’un montant de 39 milliards 729 millions 600 mille Fcfa, ainsi que l’ordre de paiement passent au peigne fin. Au sujet de cette dernière pièce, Edgard Alain Mebe Ngo’o fait savoir que le document est visé du contrôleur financier d’alors, sieur Akoa Akoa Samuel, avec la mention « dépense validée ». Ladite pièce est signée de l’ordonnateur délégué, le capitaine de vaisseau, Djou Atangana Alphonse Marie. Des éléments qui, aux dires de l’ex-Mindef, attestent de  « la régularité et la conformité des marchés. »   

L’examen de ces documents est suivi de celui joint à l’imprimé de la demande de procédure simplifiée : « Il porte la signature  de l’ordonnateur délégué et du contrôleur financier. Le bon d’engagement est signé à la fois de l’ordonnateur délégué et du contrôleur financier. Il y a également la signature du comptable. » Edgard Alain Mebe Ngo’o reconnait avoir lui aussi procédé à la signature de la  décision de déblocage des fonds. Il précise tout de même qu’«  Elle est postérieure à la signature des marchés».  Dans cette dynamique, l’ex-Mindef rappelle que  « les marchés sont signés par mes soins lorsqu’ils n’excèdent pas 200 millions Fcfa. »

  Après plus de 04h d’audition, l’audience est suspendue. La cause est remise au 25 et 27 août prochains. Les accusés sont également attenus les 07 et 08 septembre de l’année en cours.

Dans le cadre de cette procédure, Edgard Alain Mebe Ngo’o, Bernadette Minla Nkoulou épouse Mebe Ngo’o, Victor Emmanuel Menye, Ghislain Mboutou Elle, Leonard Maxim Mbangue répondent de nombre d'infractions. Les accusés sont poursuivis par le Ministère public, et l’Etat du Cameroun (Ministère des Finances, pour corruption, détournement de biens publics (Dbp), violation du code des marchés, prise d’intérêt dans un acte, blanchiment aggravé des capitaux, complicité de Dbp.

 

 

Les 10 marchés spéciaux  dits fictifs :

Cote R-1795 montant :148 millions 500 mille 269 Fcfa ;

Cote R-1796 montant : 42 millions 988 mille 797 Fcfa ;

Cote R- 1797 montant : 48 millions 100 mille Fcfa ;

Cote R-1798 montant : 44 millions 800 mille Fcfa ;

Cote R-1799 montant : 184 millions 555 mille 108 Fcfa ;

Cote R-1100 montant : 43 millions 530 mille Fcfa ;

Cote R-1101 montant : 43 millions 530 mille Fcfa ;

Cote R-1102 montant : 54 millions 152 mille 600 Fcfa ;

Cote R-1103 montant : 38 millions 498 mille ;

Cote R-1784 montant : 168 millions 622 mille 481 Fcfa ;

Cote R-1785 montant : 199 millions 934 mille 626 Fcfa. 10 marchés spéciaux sont dits fictifs :

Cote R-1795 montant :148 millions 500 mille 269 Fcfa ;

Cote R-1796 montant : 42 millions 988 mille 797 Fcfa ;

Cote R- 1797 montant : 48 millions 100 mille Fcfa ;

Cote R-1798 montant : 44 millions 800 mille Fcfa ;

Cote R-1799 montant : 184 millions 555 mille 108 Fcfa ;

Cote R-1100 montant : 43 millions 530 mille Fcfa ;

Cote R-1101 montant : 43 millions 530 mille Fcfa ;

Cote R-1102 montant : 54 millions 152 mille 600 Fcfa ;

Cote R-1103 montant : 38 millions 498 mille ;

Cote R-1784 montant : 168 millions 622 mille 481 Fcfa ;

Cote R-1785 montant : 199 millions 934 mille 626 Fcfa.