Opinion: Pourquoi le Mrc devrait déposer une plainte contre l’influenceur Steve Fah ?

« Je vous dit que c’est la BAS( Brigade Anti-sardinard)-Mrc qui a tué les enfants dans le Noso...» Steve Fah

Par Florentin Ndatewouo

Ce dimanche 16 février, la vidéo compte 3808 réactions, 5.200 commentaires, 413 partages. Sur le réseau social Facebook, elle est virale. L’influenceur Steve Fah l’a publiée sur sa page Facebook Officielle avec le commentaire ci-après : « Envoyez ce colis aux gens du Mrc (Mouvement pour la renaissance du Cameroun) Svp (S’il vous plait). Voici la preuve qu’ils ont acheté les armes pour tuer les Camerounais dans le Noso (Nord-Ouest et Sud-Ouest). « Je vous dit que c’est la BAS( Brigade Anti-sardinard)-Mrc qui a tué les enfants dans le Noso. » A la suite de cette première déclaration, Steve Fah laisse circuler une série d’images qui retracent son séjour dans ces régions en crise.

 Il y effectue une descente sur le terrain. Au cours de celle-ci, il transporte des tables-bancs. Steve Fah se rend également dans une salle de classe, en compagnie de l’autorité administrative de la place. Il lance un appel à l’endroit des groupes armés non étatiques. Steve Fah invite ceux-ci à épargner les apprenants des affres de la guerre, afin de préserver leur droit à l’éducation. A la suite de cette première vidéo, il déclare : « (…) Ce que je ne savais pas, c’est que les gens de la BAS-Mrc étaient en train de cotiser pour acheter les armes afin d’envoyer aux ambazoniens. » Après cette déclaration, Steve Fah procède à la diffusion de la réaction de deux individus. Ces derniers se seraient exprimés eu égard au synthé présentée par la vidéo, au cours d’une « conférence des BAS »,  tenue en Allemagne : « Que chacun de nous dépose sa collecte. Voici ma part. Nous allons acheter des armes pour envoyer à la BAS. » Cette déclaration est accueillie par des applaudissements. Dans une autre séquence de la vidéo, un autre individu à peine identifiable, présenté au nom de Brice Nitcheu martèle : « (…) Nous devons créer des possibilités de contact direct avec Fil Marchal. »Une fois de plus, il s’ensuit, une salve d’applaudissements. 
Reprenant la parole, Steve Fah accuse en outre le Mrc-BAS d’être à l’origine de son agression lors de son bref séjour en Belgique. Il nourrit depuis lors, une haine viscérale à l’encontre de ces organisations : « Mon engagement politique est né après cette agression si vous voulez savoir. Et pour ceux qui pensent que je m’acharne sur le Mrc, j’aimerais dire Oui ! C’est un acharnement ! » Steve Fah saisi l’occasion pour une fois de plus rappeler à ses millions d’abonnés le choix de son candidat pour la prochaine élection présidentielle : « J’ai déjà été claire pour mon vote en 2025. Il y a quelques temps, je voyais deux partis politiques sérieux : Le Mrc et le Rdpc. Depuis que j’ai été agressé en Belgique, moi je ne vois plus que le Rdpc. Si je dois voter pour un parti politique cette année, honnêtement je vais voter la tranquillité. Vous devez  le respecter et vous allez le respecter. C’était ma dernière prise de parole pour donner un avant-goût de ce à quoi ressemblera 2025. Parce que mon CHALLENGE cette année sera de tout mettre en œuvre pour barrer la route à un parti criminel. Nous sommes le 14 février, et j’ai tenu à vous dire que vous ne serez jamais l’amour de ma vie. »

Ces propos tenus par la personnalité publique Steve appelle de notre part, une prise de position. 
En affirmant mordicus que « le Mrc-BAS a tué les enfants dans le Noso », en ajoutant que ces deux organisations « (…) étaient en train de cotiser pour acheter les armes afin de les envoyer aux ambazoniens », l’influenceur aux 1.4 millions d’abonnés procède ainsi à de graves accusations à l’encontre du Mouvement pour la renaissance du Cameroun. Il convient de noter que ces accusations portées par Steve Fah à l’encontre du Mrc sont constitutives d’infractions à la loi pénale camerounaise. L’on peut, sans prétendre à l’exhaustivité citer :
-La sécession ;
-L’hostilité contre la patrie ;
-Bande armé…
Aux termes des dispositions de 102 de la loi du 12 juillet 2016 portant code pénal, « Est coupable de trahison et puni de mort, tout citoyen qui :
Participe à des hostilités contre la République ;
Favorise ou offre de favoriser lesdites hostilités. »
En outre, l’on observe que tout au long de la vidéo, Steve Fah s’attèle à imputer des faits aux organisations Mrc-Bas. Il associe ainsi deux entités pourtant distinctes, en leur attribuant par la même occasion,  la responsabilité de la crise qui sévit dans les régions du Noso depuis 2016. Partant, il n’hésite pas à qualifier le Mrc d’organisation « criminelle ». 

Consultez la vidéo : Faut-il interpeller Brenda Biya ?
Steve Fah procède ainsi à une jonction entre ces deux organisations pourtant distinctes de par leurs statuts, structures, objectifs et moyens d’action. Toutefois, il n’apporte aucunement des éléments de preuve palpables-de nature à établir une liaison quelconque-entre le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun et la Brigade Anti-sardinard, pour assoir le bienfondé de sa sortie. Ce faisant, Steve Fah s’expose à des poursuites judiciaires. 

Le Collectif Me Sylvain Souop, en charge de la défense des intérêts du Mrc

Au regard des graves accusations faites par cette personnalité publique, il serait judicieux pour le Parquet compétent de mettre en mouvement l’action publique contre la personne de Steve Fah. Ce, afin que l’auteur des imputations relevées dans la vidéo citée supra puisse davantage renseigner sur la véracité de ses déclarations et mieux situer l’opinion.  

Le Mrc gagnerait à s’inscrit dans cette dynamique. Parti politique légalisé depuis 2012, cette formation s’est à maintes reprise désolidarisée de toute jonction alléguée avec la Brigade Anti-sardinard. C’est d’ailleurs dans cette dynamique qu’une démarche avait été entreprise au Parquet de Paris courant 2019 par l’Ex-garde des Sceaux français.  Me Eric Dupont Moretti, agissant pour le compte de son client Maurice Kamto, avait constaté qu’aucune plainte n’avait été déposée jusqu’alors par les autorités camerounaises. Celles-ci s’étaient pourtant précipitées à imputer au président du Mrc, la responsabilité des casses enregistrées à l’ambassade du Cameroun en hexagone, le 26 janvier 2019. Ce, alors même que celui-ci s’était rendu dans la ville de Douala au Cameroun ce jour, à l’effet de s’enquérir de la situation des militants de sa formation politique. Lesquels ont été blessés au cours des manifestations par les forces du maintien de l’ordre. 
Il convient par ailleurs de noter que le Mrc s’est toujours opposé à la crise sociopolitique en cours depuis 2016 dans les régions du Noso. Cette opposition fait d’ailleurs partie des leitmotivs des « marches blanches », organisées par ce parti politique. Lesquelles ont débouché sur une série d’arrestations depuis le 26 janvier 2019. Nombreux de militants du Mrc, y compris les non manifestants, à l’exemple du porte-parole et conseiller de Maurice Kamto, Olivier Bibou Nissack ont illégalement été arrêtés, détenus, jugés et incarcérés depuis lors à la prison de Yaoundé Kondengui.
Comment un parti politique peut-il s’opposer à la guerre dans le Noso, et inviter en conséquence l’ordre gouvernant à  mettre un terme, et se retrouver en même temps dans la posture de financier, en cotisant de l’argent, « …pour acheter les armes afin de les envoyer aux ambazoniens » ? Dès lors, une jonction Mrc-Bas telle que présentée par l’influenceur Steve Fah ne saurait résister à met en évidence une démarche paradoxale de l’influenceur.

Maurice Kamto, président du parti politique, Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), accusé de financer la guerre dans les régions en crise du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Le contexte plaide en faveur de la saisine de l’autorité en charge des poursuites par le Mrc. L’année 2025 au Cameroun est principalement marquée par l’organisation de la prochaine élection présidentielle. A cet effet, les accusations dirigées contre le Mrc par l’influenceur Steve Fah entachent le capital sympathique de cette formation politique, et partant, de son learder, Maurice Kamto, candidat à cette consultation électorale. 
L’impact négatif des allégations faites par Steve Fah peut se mesurer eu égard à l’importance numérique des membres qui constituent la communauté de cette personnalité publique, notamment sur le réseau social Facebook. Lesquels membres représentent aussi un marché électoral d’1,4 millions d’électeurs potentiels.  
Dès lors, le dépôt d’une plainte contre la personne de Steve Fah permettra de mener des investigations à l’effet de mieux situer l’opinion. Bien plus, une plainte éventuelle du Mrc contre l’influenceur Steve Fah servirait de mise en garde-contre toute personne qui serait tentée de se livrer à des initiatives similaires, si d’aventure la personnalité visée par ladite plainte venait à être condamnée, faute d’avoir rapporté les preuves de la véracité des propos allégués dans sa vidéo.
L’importance d’une telle démarche trouve en outre son fondement dans l’attitude de Steve Fah. Ce dernier qualifie le parti politique Mrc d’organisation « criminelle », et assume son « acharnement » à son encontre. Preuve d’une volonté manifeste de nuire à la réputation de cette formation politique. L’ « acharnement » auquel fait allusion sieur Fah se traduit par la publication de diverses autres vidéos identiques sur sa page facebook. 
Le Mrc pourrait fonder son action publique sur les dispositions des articles 74, 113, 305 du code pénal Camerounais. La mise en mouvement de l’action publique est d’autant plus nécessaire en cette année électorale, marquée par la prolifération des discours de haine exacerbés sur les réseaux sociaux.