Présomption de détournement de biens : Edgard Alain Mebe Ngo’o qualifie d’ « incongruités et d’absurdités arithmétiques », les accusations du Parquet général.
Interrogé ce 14 juillet devant le Tcs, l’ex-mindef note que les sommes alléguées sont supérieures au montant effectif décaissé par l’Etat.
Par Florentin Ndatewouo
Edgard Alain Mebe ne recule pas d’un pouce. Il maintient sa ligne de défense et ne cesse de clamer son innocence. Ainsi, l’ex-ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense (Mindef) indique que, « l’affirmation qui consiste à dire que monsieur le ministre a détourné de l’argent n’existe que dans l’imagination. » Et l’accusé de s’en prendre au représentant du Parquet général : « le Ministère public s’est appuyé sur un témoignage qui est d’une indigence inqualifiable, à l’image du témoin lui-même. » Edgard Alain Mebe Ngo’o tient ces propos au cours de l’audience de ce 14 juillet. Devant la collégialité du Tribunal criminel spécial (Tcs), il est interrogé par l’une de ses Avocates. Me Noelle Amougou Koé demande à son client de faire des observations relatives au détournement supposé des marchés dits fictifs et surfacturés.
« (…) L’accusation a additionné au montant des marchés, le montant des surfacturations (…) »
Les marchés querellés sont passés entre 2012 et 2013. Pour l’année 2012, le montant des surfacturations est de 903 millions 320 mille 572 Fcfa.
04 marchés dits fictifs sont comptabilisés au cours de la même année, pour un total de 6 milliards 285 millions 289 mille 261 Fcfa. 03 de ces marchés se distinguent de par leur caractéristiques, qualifiés à la fois de fictifs et de surfacturés. Le montant total du détournement qui en résulte est de 04 milliard 075 millions 444 mille 311 Fcfa. « Comment faites-vous pour détourner une somme supérieure à celle sortie des caisses de l’Etat ? » Question Me Koé. « Je ne sais pas d’où sortent ces chiffres. L’accusation a additionné au montant des marchés, le montant des surfacturations, plus le détournement des retenues à la source (26 milliards Fcfa Ndlr). »
Edgard Alain Mebe Ngo’o semble perdre son latin au regard de l’ampleur des accusations. « Je n’ai pas d’explication à donner à ce genre de phénomène. J’avoue ne pas comprendre ce qui m’est exactement reproché. » L’accusé ajoute que les évaluations qui ont été faites pour soutenir l’accusation contiennent des « incongruités et des absurdités arithmétiques ». Lesquels sont de nature à remettre en cause la pertinence, la sincérité et la réalité de cette accusation.
Edgard Alain Mebe Ngo’o dit être poursuivi en sa qualité d’ordonnateur des dépenses. Il dit avoir accrédité un ordonnateur délégué, en conformité aux prescriptions du Ministre de Finances. « C’est la raison pour laquelle tous les bons d’engagement sont signés de ce dernier et non pas de moi », a-t-il justifié.
« A supposer que j’étais un braqueur, comment cela pourrait être possible ? C’est une incongruité. Je ne reviendrai pas sur l’équilibre psychologique du témoin de l’accusation. »
En outre, l’ex-mindef est entendu sur la question des bons d’engagement des marchés. L’accusé note que le bon est visé par le contrôleur financier, du nom de monsieur Nimbé Didier Patrice. Le visa apposé par le contrôleur financier est la Preuve selon Edgard Alain Mebe Ngo’o de la conformité du bon d’engagement. Lequel renseigne par ailleurs sur la procédure que le Ministère des Finances a décidé d’utiliser. « Il s’agit de la procédure simplifiée, dérogatoire à la procédure normale de l’exécution de la dépense publique. »
L’accusé enchaine avec l’infraction de détournement allégué de biens publics de la somme de 26 milliards. Montant décaissé au titre des retenues à la source de la Taxe sur la valeur ajoutée (Tva) et de l’Impôt sur le revenu (Ir).
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Edgard Alain Mebe Ngo’o rappelle que ces taxes et impôts sont prélevés directement par le Trésor public au moment de la sortie des fonds des caisses. « A supposer que j’étais un braqueur, comment cela pourrait être possible ? C’est une incongruité. Je ne reviendrai pas sur l’équilibre psychologique du témoin de l’accusation. »
L’audience de ce 14 juillet s’est tenue en présence de Minla Nkoulou épouse Mebe Ngo’o, Victor Emmanuel Menye, Leonard Maxime Mbangue, Ghislain Mboutou Elle. Ces 04 autres accusés sont eux-aussi poursuivis pour les infractions de corruption, détournement de biens publics (Dbp), violation du code des marchés, prise d’intérêt dans un acte, blanchiment aggravé des capitaux, complicité de Dbp. La suite de L’EXAMINATION-IN-CHIEF de l’accusé Edgard Alain Mebe est prévue demain 15 juillet.