Soupçon de détournement de biens publics en coaction : Le Ministère public et la défense à couteaux tirés.

Soupçon de détournement de biens publics en coaction : Le Ministère public et la défense à couteaux tirés.

L’avocat général entend mettre un terme à l’interrogatoire du témoin, au cas où les avocats des accusés n’auraient pas de questions à lui poser. A l’opposé, les défenseurs des mises en cause plaident pour l’audition de l’agent comptable, Akumah Reuben Fon, sur les faits de coaction en relation avec l’ancien recteur de l’Université de Douala, le professeur Bruno Bekolo Ebe.

 

 

Par Florentin Ndatewouo

La suite de l’audition de Joseph Mpouli Mpouli a eu lieu hier 22 décembre au Tribunal criminel spécial (Tcs) de Yaoundé. Devant les membres de la collégialité, le témoin du Ministère public est revenu sur les charges retenues contre l’ancien recteur de l’Université de Douala, le professeur Bruno Bekolo Ebe. D’après l’inspecteur d’Etat en service au Contrôle supérieur de l’État (Consupe), lesdites charges ont été commises en coaction avec sieurs Pokem Jean Pierre, responsable des restaurants universitaires, et Akumah Reuben Fon, agent comptable. Ainsi, la mission dit avoir relevé en partie à l’encontre des accusés : “l’utilisation des agents de l’université pour des besoins personnels.” A la suite du témoin, le représentant du parquet général a estimé avoir ressemblé les éléments nécessaires pour étayer ses réquisitions pendant le déroulé des prochaines audiences.

Me Ndjodo Bikoun, l’un avocat du professeur Bruno Bekolo Ebe s’indigne. Il dénonce une “démarche kafkaienne” contre son client.
“La responsabilité pénale étant strictement personnelle et individuelle, comment le professeur Bekolo pourra-t-il se défendre tant il est vrai, l’accusation avoue devant le tribunal qu’elle n’est pas prête à l’interroger. Notre demande est que l’accusation dise qu’elle ne reproche rien à monsieur Bekolo.”
“Hum, Ah bon!?” L’Avocat général sursaute et réplique avec solennité :
“C’est triste et grave qu’on veuille nous faire dire ce qu’on n’a jamais dit. Une partie de la défense vient d’affirmer, que de la bouche de l’occupant du banc, on aurait déclaré que certaines infractions ont été commises de concert et ensemble avec le Professeur Bekolo et agent comptable Akumah Reuben Fon. Autant cela est vrai, autant ce n’est pas le témoin de l’accusation qui a dit.”

 

 

Qu’on ne nous dise pas que le fait de ne pas interroger un témoin sur un aspect de la procédure soit une violation des droits de la défense.”

 

 

Ensuite, le représentant du parquet général précise sa pensée :”Nous avons dit et tout le monde la suivi que nous entendions mettre un terme à l’EXAMINATION-IN-CHIEF chief au cas où l’accusation n’aurait pas de questions à poser à notre témoin.” Prenant une fois de plus la parole, Me Ndjodo s’interroge, à l’effet de comprendre la raison pour laquelle “l’avocat général voudrait que j’interroge le témoin alors qu’il ne l’a pas fait ?”

Me Fogue Armand, conseil du professeur Bruno Bekolo Ebe entre dans la danse. Ce dernier plaide afin que les faits reprochés à l’accusé Akumah Reuben Fon, agent comptable, soient présentés au tribunal. Ce qui, d’après lui permettra de savoir comment la coaction entre sieur Akumah et le Professeur Bekolo s’est faite. “Si ce n’est pas respecté, les droits du Pr Bekolo seront violés”, prévient-t-il. En réaction à cette intervention, l’avocat général rappelle que la liberté de preuve est consacrée: “Qu’on ne nous dise pas que le fait de ne pas interroger un témoin sur un aspect de la procédure soit une violation des droits de la défense.” L’audience a été suspendue au terme des débats, et la cause renvoyée au 04 février 2021 pour la suite de l’interrogatoire du témoin.