Affaire Crtv : Amadou Vamoulke évoque la responsabilité d’Emmanuel Wongibe

Affaire Crtv : Amadou Vamoulke évoque la responsabilité d’Emmanuel Wongibe

Pour l’ex-directeur général de cette entreprise parapublique, son collaborateur a occupé à l’époque des faits, le poste de directeur en charge de la coopération et des relations publiques. En cette qualité, il était au cœur de nombreuses négociations, à l’instar de celles relatives à l’acquisition du droit des images. Il est contre-interrogé le 10 septembre par le Conseil de l’Etat au Tcs.

 

Par Florentin Ndatewouo

 

Amadou Vamoulke ne bouge pas d’un pouce. Il reste constant sur l’implication de ses collaborateurs dans les opérations ayant débouchés sur les détournements présumés de biens publics dont il répond devant le Tribunal criminel spécial (Tcs). Le 10 septembre dernier, il revient sur le cas de l’actuel directeur général adjoint de la CRTV, Emmanuel Wongibe. L’accusé fait savoir que, dans le cadre de ses attributions de chef de division de la coopération et des relations publiques, sieur Wongibe a mené toutes les négociations. « Il n’y a rien que je sache sur ce dossier et que lui monsieur Wongibe ignore. » En revanche, Amadou Vamoulke note que l’inverse n’est pas vérifié. « Monsieur Wongibe est le collaborateur qui en dernière instance me dit : « C’est bon. Monsieur le directeur général, on va avoir les images. » Dans sa déposition,  l’ex-directeur général de la CRTV estime qu’Emmanuel Wongibe a convaincu le juge d’instruction sur la régularité de toutes les opérations.  Il y voit tout de même, la politique du deux poids deux mesures. « Logiquement, le juge a pensé qu’il pouvait rentrer chez lui et illogiquement, le même juge a trouvé suffisamment intéressant de me maintenir. »

Au cours de son audition, Amadou Vamoulke est interpellé sur l’auteur de la signature du contrat signé entre la CRTV et l’entreprise CCFOOT LIMITED. « Cette signature que je vois et qui pourrait être la mienne ne m’embête aucunement », a-t-il rassuré.

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« Comment le Directeur général peut-il expliquer qu’un protocole d’accord convenu entre CCFOOT LIMITED et la CRTV soit signé par la CRTV, et la banque crédit suisse Trust et non par CCFOOT LIMITED ? » Ainsi, questionne l’un des Avocats de la CRTV, Me Hagbe. « Les signatures avec le crédit Suisse apparemment non impliqué peuvent paraitre curieuses », concède Amadou Vamoulke. Cependant, l’accusé attire l’attention sur l’utilité de la signature du crédit suisse pour la suite des opérations. « Ma mémoire ne met permet plus de dire si la signature du crédit suisse est postérieure ou antérieure à celle de la CRTV. » A la question de savoir si les pertes financières ont été enregistrées, par la CRTV, le ministère des Finances (Minfi) ou alors CCFOOT LIMITED ?  Amadou Vamoulke se veut négatif : « personne n’a perdu l’argent. Dans la recherche des explications, je peux dire que j’ai eu vent de ce que le crédit suisse est l’institution qui a permis à CCFOOT LIMITED de s’arroger les droits de diffusion, en déposant auprès de la CAF (Confédération africaine de football), les ressources qu’elle mobilisait. Je soupçonne que la signature du crédit suisse relève d’une clause contractuelle que la CRTV ignore. »

 

 

« c’est nous qui détenons les droits de retransmission. Si vous ne payiez pas tel montant, vous n’auriez pas les droits. »

 

 

Dans le prolongement de la CROSS-EXAMINATION, Amadou Vamoulke s’explique sur le paiement d’une même prestation à deux prestataires différents. Lesdits paiements ont lieu dans le cadre de l’acquisition des droits d’image. Au mois de septembre 2010, la CAMEROON RADIO TELEVISION sollicite de l’entreprise CCFOOT LIMITED des droits d‘image relatifs au match de football. Cette rencontre sportive oppose l’équipe nationale du Cameroun à celle de l’îles-Maurice. « Le contrat avec CCFOOT LIMITED stipule que pour la somme de 880 millions Fcfa que vous payiez, nous allons vous donner le signal A, b, c, parmi lesquels le match Cameroun-Ile-Maurice », expose l’accusé.  

A la veille du match, un événement inattendu se produit. Une autre entreprise, du nom d’Ifap Sport entre en scène. Elle rédige une note à l’attention de la CRTV : « c’est nous qui détenons les droits de retransmission. Si vous ne payiez pas tel montant, vous n’auriez pas les droits. » Amadou Vamoulke tombe des nues. Face à cette situation inattendue, il retourne auprès de l’entreprise CCFOOT LIMITED pour savoir de quoi il retourne. Cette dernière se veut rassurante, et promet d’y apporter une solution.  

 

 

« le Dg que je suis prends ses responsabilités. Je paie Ifap Sport avec la certitude que cet argent sera remboursé. »

 

 

Amadou Vamoulke n’est pas au bout de ses surprises. A l’approche du match, il affirme avoir fait le constat selon lequel, Ifap Sport est le véritable détenteur des droits : « le Dg que je suis prends ses responsabilités. Je paie Ifap Sport avec la certitude que cet argent sera remboursé. » Amadou Vamoulke mise ainsi sur le partenariat avec CCFOOT LIMITED. « Car, de toutes les façons, CCFOOT LIMITED était un partenaire incontournable des télévisions africaines pour les droits de retransmission. Nous aurions le temps de récupérer ce qui nous est dû au moment de l’admission des droits avenirs. »

L’Ex-directeur général de la CRTV dit avoir engagé des procédures contre CCFOOT LIMITED en son temps. « Je ne sais pas ce qu’elles sont devenues. »

Amadou Vamoulke prévient sur les dangers potentiels auxquels l’entreprise à sa charge était exposée à l’époque des faits. Il note que si le match n’avait pas été vu par les Camerounais, « l’image de marque de la CRTV aurait pris un coup. Le gouvernement n’aurait pas apprécié, avec les conséquences disciplinaires qui accompagnaient ce genre désagrément. »

Bien avant le contre-interrogatoire de l’accusé, Me Hagbe, l’un des Avocats de la CRTV a procédé à la production des documents. Au terme des consultations par les parties au procès, lesdits documents sont admis au dossier de procédure comme pièces à conviction.  A la demande de Me Pondi, l’un des Conseils d’Amadou Vamoulke, l’audience est suspendue. La cause renvoyée au 28 octobre. Elle reprendra les 10 et 11 novembre prochains pour la suite du contre-interrogatoire.