Amadou Vamoulke :”L’essentiel n’est pas dans la signature, mais plutôt dans l’initiative de payer et la désignation du bénéficiaire du chèque de paiement.”

Amadou Vamoulke :”L’essentiel n’est pas dans la signature, mais plutôt dans l’initiative de payer et la désignation du bénéficiaire du chèque de paiement.”

L'ex-directeur de la CRTV répond à l’interrogatoire de son  coaccusé, dame Antoinette Meyoa Essomba. Ceci, au sujet du signataire de l’unique compte bancaire de la CMCA domicilié à la Commercial Bank de Yaoundé. L’audition a lieu au cours du procès de ce 17 mai au Tribunal criminel spécial de Yaoundé.

 

 

Par Florentin Ndatewouo

 

 

Antoinette Meyoa :

Qui était l’ordonnateur des dépenses de la CMCA (CRTV MARKETING AND COMMUNICATION AGENCY)?

Amadou Vamoulke :

C’est une question qui a été amplement évoquée et traitée devant le juge d’instruction et pour laquelle il faudrait que je relise ici le contenu du terme ordonnateur. Car, en réalité, dame Antoinette Essomba gérait la CMCA de façon autonome, y compris la présentation au Conseil d’administration du programme d’actions de la CMCA, du budget. Ma responsabilité de gérant statutaire se limite à approuver les options, les engagements financiers et à signer les documents qui requièrent ma signature, qu’il s’agisse de correspondances ou de documents de paiement qu’elle transmettait toujours avec un exposé de motifs qui me permettait de comprendre de quoi il s’agissait.

En définitive, il n’y a pas eu un seul acte dont  l’initiative ne parte d’elle. Pour illustrer ce que je viens de dire, j’ai demandé  à dame Essomba Antoinette devant madame le juge d’instruction : vous ai-je jamais demandé un franc, pas deux pendant vos années de direction ? Sa réponse a été non.

Antoinette Meyoa :

Pouvez-vous apporter les preuves de vos allégations dont la principale est que j’étais l’ordonnateur des dépenses et gestionnaire de la CMCA. D’autant plus que nous sommes en gestion et les principaux actes de gestion sont concrets, visibles et papables ?

Amadou Vamoulke :

Si vous voulez insinuer que vous n’aviez pas de responsabilités dans la gestion de la CMCA, il faudrait qu’on retrouve la personne qui préparait les chèques et autres instruments de paiement que vous soumettiez à ma signature et que vous précisiez devant le Tribunal qui vous ordonnait de préparer les documents. Et puisque ce n’était pas moi, on peut à juste raison conclure que c’était vous. Au demeurant, le juge d’instruction a auditionné votre plus proche collaboratrice en la personne de madame Mballa Mballa Odile, ainsi que votre successeur à votre poste, en la personne de monsieur Wongibe Emmanuel. Tous les deux ont décrit les mécanismes de décisions prévalant avec vous et avec votre successeur. Lesquels vous ont désigné clairement comme le principal gestionnaire. Mon intervention n’ayant pour seul objet que d’avoir une idée de ce qui se passe dans la filiale de la CRTV qui est la CMCA.

Sur le plan juridique, il est à noter que le gérant statutaire d’une filiale joue à peu prêt le même rôle du Conseil d’administration.

Antoinette Meyoa :

Qui était l’unique signataire de l’unique compte bancaire de la CMCA domicilié à la Commercial Bank de Yaoundé,  est-ce vous ou moi?

Amadou Vamoulke :

Permettez-moi de répondre à cette question en commençant par une interrogation : Qui détient le chéquier relatif au compte qu’elle vient de signaler, et qui le rempli pour qu’il soit signé par le gérant ? La réponse est que c’est le gérant qui signe le chèque, paraphé par la CMCA, accompagné systématiquement d’une note explicative de la pertinence du paiement.

On notera donc que l’essentiel n’est pas dans la signature, mais plutôt dans l’initiative de payer et la désignation du bénéficiaire du chèque de paiement. Cette tâche revenait à madame Essomba Meyoa Antoinette.

Dame Esommba présente une pièce devant servir de base à la poursuite du contre-interrogatoire. Me Pondi, l’un des conseil de Amadou Vamoulke prend la parole après avoir parcouru ledit document. Il a deux observations :  le document comporte un cachet qui indique la provenance de la pièce. Mais, il n’y a ni signature ni le nom de la personne qui est censée avoir certifiée les deux pièces.

Ces pièces ne peuvent pas être admises en l’état.

Me Wamba : Nous aimerions que  tous les accusés soient traités à la même enseigne. Motif pris de ce que monsieur Vamoulke par mes soins avait évoqué lors de son EXAMINATION-IN-CHIEF au demeurant paraphées et cotées. Le Tribunal a exigé que le corpus de ces pièces soit présenté à l’audience. Nous prions le Tribunal de ne pas admettre en la forme ces deux pièces.

Le Ministère public, la partie civile n’ont pas d’observations à faire.

Les membres de la collégialité se concertent et rejettent les pièces.

Antoinette Meyoa :

Qui endossait les différents chèques des clients, récupérés par les agents commerciaux des 10 régions du Cameroun et acheminés à Yaoundé, Est-ce vous ou moi ?

Amadou Vamoulke :

  De qui recevais-je les chèques auxquels elle fait allusion ? Je les recevais de madame Meyoa Antoinette. C’est pour dire que j’endossais effectivement les chèques quand madame Meyoa voulait bien me les faire tenir pour endossement. Au demeurant, je voudrais insister sur 2 constances : Je signais toutes sortes de document, et il ne me serait pas nécessaire qu’elle en produise d’autres, je les reconnaitrais sans difficultés. C’est elle qui était à l’initiative et qui me demandait de signer tel ou tel document ou d’endosser un chèque.

Antoinette Meyoa :

Le 17 novembre 2005, date de ma prise de fonction, le partenariat entre la CRTV et le Pmuc (Pari mutuel urbain camerounais) était déjà fonctionnel. A qui avez-vous confié la charge du recouvrement des espèces auprès du Pmuc à Yaoundé et dans les 10 régions  ?

Amadou Vamoulke  

  Cette question m’embarrasse, car, je ne me souviens pas d’une opération spéciale de recouvrement. Mais, ce qui me semble certain c’est que tout recouvrement fait pour le compte de la CMCA a achevé ses courses dans les caisses de la CMCA. De plus, autant que je me souvienne, madame Meyoa Essomba Antoinette suivait de ci près les opérations avec le Pmuc qu’elle m’a demandé de réviser les termes de la collaboration trop désavantageux pour la CMCA. Elle m’a soumis à cet effet une correspondance destinée au responsable du Pmuc pour demander des ajustements.

Il me vient d’ailleurs à  l’esprit que la rémunération des agents commerciaux de la CMCA étant proportionnelle aux apports, les collaborateurs de madame Essomba se plaignaient qu’elle s’arrogeait des clients substantiels, permanents et solvables et laissait aux autres du menu fretin. C’est dire qu’elle suivait tous les retraits.

Antoinette Meyoa :

Courant 2006, un caissier principal a été nommé dans les services centraux de la CMCA. Qui l’avait nommé ?

Amadou Vamoulke :

Je ne sais plus. Je vais vérifier et apporter la réponse subséquemment. Mais, encore une fois, les projets de nominations proviennent d’elle et de ses collaborateurs.

Antoinette Meyoa :

Mes collaborateurs avaient été nommés par décision de monsieur le directeur général de la CRTV du 16 novembre 2005. Comment pouvez-vous expliquer que dame Essomba ait fait ces propositions alors qu’elle n’était même pas encore employée de la CMCA ?

Amadou Vamoulke :

Je ne sais quel but est visé par la question. Mais, les nominations, pour qu’elles soient rationnelles, sont précédées par une démarche consistant à s’informer sur les préposés aux fonctions. Madame Essomba est le témoignage vivant de la rationalité qui me guide, puisqu’elle a dû passer par un test pour que je la nomme. Elle peut vous attester ici qu’avant qu’elle ne soit nommée, je ne l’a connaissais ni d’Adam, ni d’Eve, et qu’avant son inculpation et les mauvais traitements qui en ont suivi, elle ne jurait que par moi comme le symbole de l’objectivité. Avant elle, servait un directeur à la CMCA. Il a certainement été consulté pour les nominations auxquelles elle fait allusion.