Défense : Edgard Alain Mebe Ngo’o s'explique sur l’origine de sa fortune.
A l’audience du 25 août dernier au Tribunal criminel spécial, l’ex-ministre délégué à la Présidence chargé de la défense évoque les avantages statutaires rattachés aux fonctions qu’il a occupées.
Par Florentin Ndatewouo
Le voile est en partie levé sur l’origine du patrimoine d’Edgard Alain Mebe Ngo’o. L’ex-ministre délégué à la Présidence chargé de la défense (Mindef) est poursuivi entre autres, pour corruption et blanchiment de capitaux. Hier 25 août, le pensionnaire de la prison centrale de Yaoundé Kondengui apporte des explications sur ses avoirs. Il est interrogé dans le cadre la suite de l’EXAMINATION-IN-CHIEF. Edgard Alain Mebe Ngo’o dit avoir bénéficié des avantages statutaires qui lui permettent de justifier l’origine de son patrimoine. Ces avantages sont rattachés à la période de 12 ans de service préfectoral, et 21 ans à des fonctions de rang ministériels. « Pendant 21 ans, j’ai eu droit aux frais de souveraineté. Je ne vais pas donner le montant ici, le Ministère des Finances sait de quoi je parle. J’ai eu droit tous les 03 ans aux indemnités d’achat de véhicules de prestige. J’ai eu droit aux frais de fonctionnement de mon hôtel particulier tous les ans. »
L’accusé dit avoir effectué de nombreuses missions à l’étranger. Ces missions ont donné lieu à la perception des frais de mission et de déplacement.
La fortune d’Edgard Alain résulterait aussi des activités parallèles. L’ancien délégué général à la sureté nationale (Dgsn) dit avoir investi dans des activités génératrices de revenus. Au rang desquels, l’agriculture, la pisciculture, l’élevage. Ces investissements sont le résultat d’une option prise de concert avec son épouse, l’accusée dame Minla Nkoulou Bernadette. Ceci, depuis 1985, date de son entrée en service dans l’administration préfectorale. Dans sa déposition, Edgard Alain Mebe Ngo’o note que son épouse a travaillé en relation avec sa feue mère dame Adjoa Mpon Alice :« Je précise que c’est leur exploitation qui avait remporté en 2011 la meilleure spéculation au comice agropastoral avec une unité qui produit 1000 litres d’huile rouge par jour. »
« Nous avons entrepris la construction de l’hôtel la marée qui a fait l’objet d’extension, en réinvestissant les bénéfices engrangés et en faisant recours aux prêts bancaires. »
Edgard Alain Mebe dit avoir entreprit dans le secteur hôtelier. « Nous avons entrepris la construction de l’hôtel la marée qui a fait l’objet d’extension, en réinvestissant les bénéfices engrangés et en faisant recours aux prêts bancaires. » Avant son arrestation, suivie de son épouse, le couple Mebe Ngo’o est propriétaire d’une petite et moyenne entreprise (Pme). Créée en 1997 par Bernadette Minla Nkoulou, alors qu’il est préfet du département du Mfoundi, ladite pme, spécialisée dans la location de chaises et de chapiteaux connait une extension. Ainsi, en 2005, elle mute en une Société à responsabilité limitée (Sarl). Ses activités s’étendent à la location des véhicules d’occasion.
Suite à l’incarcération de couple Mebe Ngo’o, des hypothèques légales ont été inscrites sur les immeubles des détenus. Cette mesure a été ordonnée de l’avis du Conseil de l’accusé par le juge d’instruction. Mesure qui ne repose sur aucune base légale selon Edgard Alain Mebe Ngo’o. « Il me semble que n’étant pas redevable à l’Etat, aucune hypothèque ne devrait être inscrite sur mes immeubles, surtout par le juge d’instruction qui de mon modeste point de vue n’a pas qualité. »
Il note que ces hypothèques légales ont été « unilatéralement inscrites au moment où aucune victime n’était connue. La partie civile ne s’est manifestée qu’après 18 mois. » En outre, Edgard Alain Mebe Ngo’o déplore le fait que « parmi les bien hypothéqués, on compte ceux acquis en dehors de la période infractionnelle (2010-2015, Ndlr). » Le détenu nie de ce fait les accusations liées au détournement de biens publics, de corruption et de blanchiment aggravé de capitaux. A l'audience du 10 mai de l'année en cours, le Ministère public a déclaré que la quantité et la qualité du patrimoine de l'accusé est en "total déphasage avec son activité et ses revenus."