Loi de Finances 2021 : Les députés de l’opposition DÉNONCENT le projet de rectification.
Des élus de l’Udc et du Pcrn remettent en cause la pertinence de l’option choisie par l’exécutif : « le gouvernement voudrait qu’on s’endette pour rembourser la dette. » En réaction, le ministre des Finances fait valoir qu’ « Aucun Etat actuel ne peut se développer sans s’endetter. »
Par Florentin Ndatewouo
Le projet portant rectification de la loi de Finances 2021 n’est pas vu d’un bon par des députés des partis politiques de l’opposition. A l’occasion des discussions générales tenues ce 12 juin à l’hémicycle du Palais des Congrès de Yaoundé, des élus de la nation expriment leur indignation. Au terme de la lecture du rapport des travaux tenus devant la commission des finances et du Budget de la chambre basse du Parlement, l’honorable Koupit Adamou monte au perchoir. L’élu de l’Union démocratique du Cameroun (Udc) fait valoir l’idée selon laquelle « le gouvernement voudrait qu’on s’endette pour rembourser la dette ». Dès lors, le problème réside dans l’incapacité pour le gouvernement à réaliser les recettes. Cela signifie que « les prévisions budgétaires n’étaient pas pertinentes » En conclusion, le député Udc estime que « ce projet de loi n’est pas fondé ».
Le commissaire du gouvernement ne l’entend pas de cette oreille. « Nous n’allons pas à l’eurobond parce que nous sommes incapables de réaliser les recettes », rétorque le ministre des Finances (Minfi). Louis Paul Motaze fait allusion à la pandémie du Covid-19. Cette dernière motive en partie le texte en examen. A cet effet, le Minfi estime qu’ « il y a certainement des sorciers parmi vous. Je n’en sais rien. Le gouvernement n’a pas prévu la crise du Covid-19. La même économie est frappée par plusieurs crises. » A cet effet, « il ne faut pas négliger l’impact de la crise sur l’économie », ajoute-t-il.
« Le gouvernement a un effectif pléthorique. Chaque département ministériel constitue un pôle de dépense. »
L’honorable Koupit émet des propositions de nature à éviter l’option de la dette. Ainsi, il milite pour la réduction du train de vie de l’Etat : « le gouvernement a un effectif pléthorique. Chaque département ministériel constitue un pôle de dépense. »
Le ministre des Finances reconnait la pertinence de l’intervention : « Vous avez raison de dire qu’il faut limiter les dépenses. Et de nuancer : « Vous savez aussi qu’il y a des recettes incompressibles. »
Au sujet de la réduction de l’effectif des membres du gouvernement, le Minfi indique que cela ne relève guère de sa compétence. Il se veut tout de même ironique à l’égard de la représentation nationale : « Vous êtes généreux honorable. Pourquoi ne demandez-vous pas aussi de réduire le nombre de députés ? »
Le Cameroun est un pays dont la gestion des ressources financières met au devant de la scène son « irresponsabilité ». Tel est la posture de l’honorable Cabral Libii. Le député du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) interroge le ministre des Finances sur l’impact de la « gabegie et la corruption ». Ce qui justifierait le défaut « d’absorption de la dette », et par conséquent la modification du modèle économique.
Louis Paul Motaze n’a visiblement pas la tâche aisée. Cependant, le Minfi n’est pas une victime résignée. « Aucun Etat actuel ne peut se développer sans s’endetter. Ce sont les mêmes qui se plaignent de la dette qui disent qu’il n’y a pas de route dans nos localités. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Il y a des bonnes et des mauvaises dettes », indique-t-il d’entrée de jeu.
« On est félicité par les partenaires financiers pour notre résilience. »
Le Minfi rappelle que les partenaires encouragent l’Etat camerounais à davantage s’endetter. « On est félicité par les partenaires financiers pour notre résilience. » Cette déclaration appelle l’approbation de certains députés du Rassemble démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Au rang desquels, l’honorable Essomba Bengono. Ce dernier acquiesce à la réponse du Minfi en hochant la tête.
Sur la question relative au motif lié à la rectification du projet en débat, Louis Paul Motaze a son idée. Le Minfi pointe du doigt les changements de paramètres au cours de l’année budgétaire. Lesquels induisent un ajustement conséquent.
Par ailleurs, les questions liées au traitement des prestataires internes sur l’endettement ; l’argent économisé dans la cadre du fichier des dépenses de l’Etat sont posées sur la table. Au terme des échanges, le projet de loi portant rectification de l’ordonnance du 26 mai 2021, modifiant et complétant certaines dispositions de la loi du 17 décembre 2020 portant loi des finances de la République du Cameroun pour l’exercice 2021 est adopté.