Samuel Wazizi: Le Snjc demande des comptes au gouvernement. 

Samuel Wazizi: Le Snjc demande des comptes au gouvernement. 
A travers une manifestation  ce 09 juin, les membres du Syndicat national des journalistes du Cameroun ont dénoncé le décès de leur confrère. Soupçonné d'intelligence avec les groupes armés non étatiques appelés ambazoniens, le défunt n'a pas eu droit à un procès équitable comme le prévoit l'article 08 du Code de procédure pénale.
Par Florentin Ndatewouo

La mort du journaliste Samuel Ebuwe, plus connu sous le nom de Wazizi ne sera pas vaine. Ce mardi 9 juin, les membres du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) se sont mobilisés pour revendiquer la manifestation de la vérité sur la disparition de leur confère. Vêtus de gilets de couleur bleu estampillés aux effigies dudit syndicat, la corporation s’est dirigée en silence vers le ministère de la Communication. Arrivés l’entrée principale de ce département ministériel, les professionnels de l’information ont délivré les messages portés sur les pancartes confectionnées pour la circonstance : « Non à l’assassinat des journalistes ; les journalistes ne sont pas des terroristes ; remettez-nous sa dépouille ; Silence égale complicité, justice égale vérité ; Oui à une enquête indépendante… »

Cette manifestation pacifique des journalistes fait suite au communiqué signé le 5 juin du chef de la division de communication du ministère en charge de la défense. Dans ledit communiqué, le capitaine de frégate, Cyrille Serge Atonfack indique qu’« à son arrivée à Yaoundé, le nommé Samuel Ebuwe Ajiekia présentait un état fébrile, pour lequel la division de la sécurité militaire l’avait mis à la disposition de l’hôpital militaire de région N°1 à Yaoundé, pour consultation et soins appropriés. Malheureusement, l’état de santé de ce dernier va se dégrader au fil des jours, jusqu’au petit matin du samedi 17 août 2019, lorsque les médecins constatèrent son décès à 02heures13 minutes. » Le décès de Samuel Wazizi a été camouflé pendant 9 mois. Il aura fallu attendre l’alerte de la chaine de télévision Equinoxe, suivie des interpellations des journalistes et les organismes en charge des questions des droits de l’Homme pour que le gouvernement daigne briser le silence. Il n’en fallait pas plus pour organiser un mouvement collectif.
Thierry Eba, président du Snjc Centre s’explique sur le sens de la mobilisation

Joseph Essama, membre du Snjc estime lui aussi que les droits des journalistes sont bafoués
Joseph Essama

Présomption d’innocence
« Toute personne suspectée d’avoir commis une infraction est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui seront assurées. »
Le décès de Samuel Wazizi interpelle une fois de plus sur la question du respect des droits de l’Homme au Cameroun. Au sujet du débat autour des liens que ce dernier aurait eu avec les groupes armés non étatiques appelés ambazoniens, il convient de rappeler que dans l’hypothèse où le soupçon de connivence dont il a fait l’objet était avéré, le mis en cause aurait eu droit à un procès juste et équitable. L’article 8 (1)  de la loi du 27 juillet 2005, portant code de procédure pénal dispose que « Toute personne suspectée d’avoir commis une infraction est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui seront assurées. » L’alinéa (2) ajoute « la présomption d’innocent s’applique au suspect, à l’inculpé, au prévenu et à l’accusé. » Cette disposition est également prévue par la Constitution du 18 janvier 1996. Idem pour les traités et conventions internationales auxquels le Cameroun est Etat partie.

Kingsley Fumunyuy Njoka, porté disparu depuis le 15 mai d’après l’Ong Mandela International Center

A coté de la disparition dans des conditions troubles de Samuel Wazizi, s’ajoute celle du journaliste Kingsley Fumunyuy NjokaD’après l’Organisation non gouvernementale Mandela Center International, ce dernier est mis en situation de disparition forcée depuis le 15 mai dernier. Ce qui emmène les professionnels de l’information à se demander:  qui sera le prochain ?

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