Affaire CRTV : « L’erreur faite par sieur Belinga c’est de n’avoir pas fait des investigations qui nous aurons permis de savoir que nous envoyions de l’argent dans un compte situé dans un paradis fiscal. »

Affaire CRTV : « L’erreur faite par sieur Belinga c’est de n’avoir pas fait des investigations qui nous aurons permis de savoir que nous envoyions de l’argent dans un compte situé dans un paradis fiscal. »

Amadou Vamoulke, pointe ainsi un doigt accusateur sur l’auteur du rapport d’audit effectué au sein de l’entreprise publique dont il avait la charge. Au cours du procès de ce 02 juin au Tcs, l’ex-Dg de la chaine de télévision nationale répond du paiement indu des primes.

 

 

Par Florentin Ndatewouo

 

Amadou Vamoulke ne cesse de remettre en cause le travail de l’expert. Il évoque le développement des « présomptions irresponsables » de sieur Issac Bela Belinga. L’auteur du rapport d’audit à l’origine des poursuites judiciaires contre l’ancien Directeur général (Dg) de la CAMEROON RADION TELEVISION (CRTV) impute le non paiement des droits de retransmission de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) Angola 2010 à Amadou Vamoulke. Il affirme que l’entreprise LC2 Afnex qui a fait l’offre à la CRTV  n’est pas celle qui a reçu les fonds. « L’erreur faite par sieur Belinga c’est de n’avoir pas fait des investigations qui nous aurons permis de savoir que nous envoyions de l’argent dans un compte situé dans un paradis fiscal. Si chaque banquier devait connaitre où et qui doit recevoir les paiements que son fournisseur lui demande d’exécuter, le banquier n’aura plus que ça à faire. » Amadou Vamoulke réagit ainsi ce 02 juin au Tribunal criminel spécial (Tcs) de Yaoundé. Dans le box des témoins, il répond à l’interrogatoire de l’un de ses conseils, Me Pondi. L’accusé poursuit son développement relatif au virement des fonds dans un compte « mafieux » dans le cadre du paiement des droits de retransmission. Il estime que sieur Isaac Belinga aurait pu se demander comment les autres pays africains ont procédé pour acquérir ses droits : « Il aurait découvert alors que le Sénégal, la Côte-d’Ivoire, l’Angola, sont passés par les mêmes contraintes que la CRTV. On aurait pu demander au patron de LC2 Afnex  de venir s’expliquer, pour savoir comment il a pu laisser la CRTV diffuser les matchs sans en avoir les droits. »

 

 

“il est invraisemblable que j’ai organisé la spoliation de la CRTV à l’insu de tous mes collaborateurs…”

 

 

Amadou Vamoulke est également interrogé sur « le paiement indu » des primes. Ce paiement a été effectué dans le cadre de l’élaboration par la  CRTV du budget programme coopération nouvelle dans la gestion de l’entreprise. L’ex-Dg de la CRTV dit avoir travaillé  selon  l’option du gouvernement camerounais. Cette option est  caractérisée par le passage des budgets annuels à des budgets dits programme englobant une période minimale de 03 ans : « Cela requérait un savoir-faire que la CRTV  n’avait pas nécessairement, et des expertises extérieures ont été sollicitées pour nous aider à faire ce travail qui s’est révélé ardu. »  

A la question de savoir si le paiement des primes a reposé sur une base juridique, l’accusé répond par l’affirmatif. « Les primes en question s’appuient sur la circulaire numéro 006/K/Pm du 27 mai 2010 dans laquelle l’attribution des primes était prévue. »

Amadou Vamoulke appelle le tribunal à considérer « qu’il est invraisemblable que j’ai organisé la spoliation de la CRTV à l’insu de tous mes collaborateurs qui ont eu le bonheur d’être déchargés de toute responsabilité, bien qu’il soit évident qu’ils figurent dans toutes la chaine de cette activité. »

Aux accusations du paiement indu des primes, s’ajoute celui d’un double paiement. Amadou Vamoulke relève l’inattention de l’expert. Ce dernier parle dans le cas des suspens bancaires des opérations frauduleuses, « parce qu’il n’a pas vu les éléments complémentaires de l’opération. » Amadou Vamoulke ajoute que les comptables et financiers de la CRTV ont fait valoir que ces pièces comptables existaient bel et bien. Il se réfère aux déclarations de sieur Mohamadou Sali. Le Directeur des Affaires administratives et financières (Daaf) de la CRTV à l’époque des faits a affirmé dans le procès-verbal de son audition du 16 juin 2017 que « les justificatifs donc l’expert fait mention existent bel et bien ».

A la demande de Me Pondi, l’audience est suspendue. La suite de l’affaire est prévue demain 03 juin.