Pr Bruno Bekolo Ebe : « Pour avoir voulu préserver la fortune publique, j’ai perdu et mon frère cadet, et ma propre liberté. »
A l’audience du 28 juin dernier, l’ancien recteur de l’Université de Douala parle d’un « PROJET FUNESTE » qui a conduit au suicide d’un membre de sa famille, durant sa période de détention provisoire. Au cours de son interrogatoire principal qui se poursuit devant le Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé, il dénonce l’accusation d’un détournement qui lui imputé, alors même qu’il en a été le plaignant, par devant le Tribunal de grande instance du Wouri dans la région du Littoral.
Par Florentin Ndatewouo
Le sentiment de confusion anime le professeur Bruno Bekolo ce 28 juin. Motif ? « La mission de contrôle et le témoin de l'accusation se sont organisés, pour que le professeur Bekolo Ebe soit paradoxalement la victime d'une dénonciation qu'il a lui-même faite, de malversations financières, et donc la procédure était alors pendante devant le Tgi du Wouri. Moi le Pr Bekolo Ebe l'ayant saisi d'une plainte. » Une situation qui, de l’avis de l’accusé, ne sera pas sans conséquence sur sa vie familiale : « Le Pr Bekolo Ebe a tellement voulu projeter la fortune publique qu'il a dénoncé, au risque de faire exposer sa famille, ce qui a malheureusement été le cas par la suite. Son cadet de même père et de même mère, monsieur Ebe, s'est d'ailleurs suicidé pendant sa détention provisoire. » Cette révélation suscite la compassion : « Oh mon Dieu, quel horreur », réagit une dame dans l’assistance.
Devant la collégialité du Tribunal criminel spécial (Tcs), l’ancien recteur de l’Université de Douala poursuit son interrogatoire principal. Il est entendu en partie, sur le détournement présumé de la somme de la somme de 708 millions 705 mille 480 Fcfa. « Manifestement, pour la mission et le témoin de l'accusation, l'inculpation du cadet du professeur Bekolo Ebe a servi de base à un projet funeste visant à le détruire. Ainsi, pour avoir voulu préserver la fortune publique, le Professeur Bekolo Ebe a perdu et son Cadet, et sa propre liberté. »
Le détournement allégué du montant 708 millions 705 mille 480 Fcfa est consécutif aux opérations de retraits de fonds. De par leurs natures, lesdites opérations sont jugées frauduleuses par le professeur Ebe. L’enseignant des sciences économiques fait savoir que les opérations y relatives figuraient dans les listings des banques. Cependant, celles-ci ne pouvaient pas avoir été enregistrées dans les livres comptables. « C'est pour cela que j'en ai informé, malgré les allégations contraires devant vous du témoin de l'accusation, la mission de contrôle qui devait donc les reprendre, pour effectuer avec l'agent comptable, un redressement des écritures comptables. C'est donc les seules opérations dont on avait la certitude, que leur destination du point de vue de l'université n'étaient pas justifiés. »
« Mais, la mission de contrôle, à partir des informations tirées de cette affaire, et plus tard le témoin de l'accusation, ont pris appui pour généraliser les allégations de non-enregistrement des opérations de retrait dans les livres comptables, et partant, de détournement supposé de ma part. »
Les opérations de retrait de fonds querellées feront par la suite l’objet d’une évaluation par la chambre criminelle du Tribunal de grande instance du Wouri, dans le jugement numéro 67/crime du 04 avril 2012. « Mais, la mission de contrôle, à partir des informations tirées de cette affaire, et plus tard le témoin de l'accusation, ont pris appui pour généraliser les allégations de non-enregistrement des opérations de retrait dans les livres comptables, et partant, de détournement supposé de ma part. »
Dans sa déposition, l’accusé Bruno Bekolo Ebe décrit le procédé employé par la mission du contrôle supérieure de l’Etat, pour assoir son accusation : « En fait, aux retraits frauduleux, la mission a ajouté la somme d’01 milliard 076 millions 923 mille 238 Fcfa d'opérations effectives, sur un total de 01 milliard 785 millions 628 mille 728 Fcfa dont elle prétendait qu'elles étaient absentes des livres journaux ». De l’avis de sieur Ebe, cette démarche est contraire à la réalité des faits : « les vérifications ont permis de constater qu'elles étaient bel et bien enregistrées, et donc que leurs destinations étaient bien justifiées. » Et de conclure qu’ « aucun élément ne permet de soutenir qu'il y ait eu une quelconque distraction de fonds (…) »
Dans le cadre de cette affaire, le professeur Bruno Bekolo Ebe est poursuivi devant le Tcs avec 04 autres accusés. En compagnie d’Augustin Mboutou Marie, Ayina Ohandja Louis Max, Pokem Jean Pierre, Akumah Reuben Fon (en fuite, ndlr), ils répondent des faits présumés de détournement de biens publics. La suite de la cause est prévue les 28 juillet et 09 août prochains.