Affaire Leubou et cie : L’accusée dame Lefang accuse le témoin du Ministère public

Affaire Leubou et cie : L’accusée dame Lefang accuse le témoin du Ministère public

La responsable des services des oppositions du Trésor au Ministère des Finances, reproche à sieur Bell, l’usage du qualificatif « frauduleux », pour désigner les suppressions des avances de soldes dont elle répond en partie.

 

Par Florentin Ndatewouo

Lefang Célestina Nkeng peine à contenir ses émotions. L’accusée masque à peine sa colère face au témoin du Ministère public : « Pourquoi avez-vous qualifié de frauduleux les suppressions des avances de solde ? » s’adresse-t-elle, d’un ton inquisiteur, à l’endroit de sieur Bell. « Il y a une accusation. Ce n’est pas moi qui utilise le terme frauduleux, c’est le juge d’instruction. Je réponds aux questions de ce juge-là. Je lui dis : « la façon légale de procéder aux suppressions c’est la présentation du ticket de quittance après remboursement anticipé. » L’expert en sécurité informatique s’exprime le 06 juin de l’année en cours au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé.  Il est contre-interrogé par la défense.

L’accusée dame Lefang affirme avoir échangé avec sieur Bell. Le sujet de conversation a porté sur le procédé de suppression des avances de soldes ayant fait l’objet de remboursements anticipés. Hormis ce cas de figure, dame Lefang dit avoir entretenu l’expert sur un autre type de demande. Il s’agit des personnes qui sollicitent les avances de solde et dont la date du départ à la retraite est proche. Aux dires de l’accusée, ces personnes présentent une particularité. En effet, après avoir effectué la demande des avances de soldes, elles vont en retraite sans toutefois en bénéficier. « Cependant, la machine ayant déjà positionner les avances, il faut les supprimer dans la mesure où les personnes les ayant sollicités ne l’ont pas bénéficié. Est-ce que vous vous en souvenez ? »

 

 

« (…) Le cas que vous évoqué n’est pas prévu dans un document légal. »

 

 Lire aussi: Dr Bell: "L'annulation est frauduleuse lorsqu'elle n'est pas accompagnée d'un reçu ou quittance de remboursement

Le témoin du Parquet général dit avoir travaillé avec des documents légaux et les pratiques qui lui ont été communiquées sur le terrain. « On suivait les avances de solde légalement octroyées et les refus de remboursement. Je peux n’avoir pas prêté attention au cas des personnes auxquelles vous faites allusion. Le cas que vous évoqué n’est pas prévu dans un document légal. » Sieur Bell ne manque pas de s’interroger : « Pourquoi octroyer des avances de solde aux personnes dont la date de départ à la retraite est proche ? » Au cours de son audition, le témoin de l’accusation procède également à la présentation de sa méthode de travail, à l’effet de mieux situer son contradicteur. « Nous sommes allés à la source, on a pris les données sur les avances de soldes, les remboursements, les matricules des personnes concernées. On les a analysés à travers le profilage pour voir le comportement de tous les matricules. On a fait tourner la machine pendant près de 03 semaines. » Durant la période allant de 2015 à 2019, plus de 80 000 matricules sont passés au peigne fin. « Si on avait utilisé le journal, on aurait eu que des extraits et les informations auraient été partiels. C’est effectivement ce qu’on a voulu éviter », va-t-il justifier.

Lire aussi : Sieur Bell : « Le USER 01X (de dame Lefang) a été régulièrement utilisé dans d'autres machines »

Le contre-interrogatoire du témoin du Parquet général par l’accusée dame Lefang est consécutif à celui mené par ses conseils. Son coaccusé, sieur Mefiro Pempemé Inoussa a lui aussi contre-interrogé l’expert. Par la voix de ses confrères de la défense, Me Tchoupo, Avocat de l’accusé Amadou Haman a sollicité un renvoi, en raison de son indisponibilité liée à son état de santé. La suite de la cause est prévue le 10 juin prochain.