Affaire CRTV : Amadou Vamoulke parle d’une VOLONTE d’asphyxie.
Contre-interrogé le 24 novembre dernier au Tcs à Yaoundé, par son coaccusé Polycarpe Abah Abah, ancien ministre de l’Economie et des Finances, l’Ex-Directeur général de la CRTV déplore la baisse des ressources financières issues de la redevance audio-visuelle. Cette réduction traduit à son égard, « une volonté de nuire ».
Par Florentin Ndatewouo
Amadou Vamoulke est formel. Pour l’Ex-directeur général de la CAMEROON RADIO TELEVISION (CRTV), son arrivée à la tête de cette entreprise publique audio-visuelle n’est pas vu d’un bon œil. A l’audience du 24 novembre dernier au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé, l’Ex-directeur général de la CRTV évoque une hostilité à son égard. Laquelle se serait matérialisée dans la mise à disposition des ressources en provenance de la Redevance audio-visuelle (Rav). « Il est incontestable que les ressources dont j’ai pu disposer pour faire fonctionner la CRTV ont diminué drastiquement dès la première année de ma gestion (…) Si en 2004 mon prédécesseur, le Pr Gervais Mendo Ze de regretté mémoire avait à disposition 23 milliards Fcfa, il est très logique de penser qu’une volonté d’asphyxie se manifestait à mon endroit. »
Amadou Vamoulke pend la parole dans le cadre du contre-interrogatoire mené par son coaccusé, Polycarpe Abah Abah. Amadou Vamoulke est nommé directeur général de la CRTV en janvier 2005. Il constate une baisse de ressources financières. C’est ainsi qu’il initie une rencontre avec le ministre de l’Economie et des Finances d’alors, Polycarpe Abah Abah. L’objet de l’audience porte sur les motifs de la baisse de l’enveloppe de la Rav. « (…) Il m’avait répondu, autant que je m’en souvienne, que si monsieur Mendo Ze a eu 23 milliards Fcfa, ce n’était pas normal et que selon lui, la CRTV ne devait pas s’attendre à plus de 11 milliards Fcfa de la RAV », rappelle l’ancien directeur général de la CRTV, et de clarifier : « Je ne vous incrimine pas à titre personnel, mais, c’était sous votre magistère que cela s’est passé. »
« Ces baisses se constataient de mois en mois, et y compris des années précédant 2004. En 2003, c’est 20 milliards Fcfa. En 2003, il n’y avait pas la CAN, ni d’élection présidentielle… »
Son contradicteur note qu’au mois d’octobre 2004, le Cameroun organise une élection présidentielle. Cette consultation électorale est l’objet d’une couverture médiatique assurée par la CRTV. A cette couverture médiatique, s’ajoute la retransmission des matchs de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) la même année. « Est-il exact que ces événements exceptionnels engendraient des coûts exceptionnels qui ne se sont pas produits en 2005 ? » Interroge Polycarpe Abah Abah.
En réponse, Amadou Vamoulke reconnait la tenue effective des événements évoqués. Cependant, l’Ex-directeur général de la CRTV n’est pas convaincu par les arguments de son contradicteur. Amadou Vamoulke estime que les événements mentionnés ne suffisent pas à justifier en totalité la baisse des ressources. « Ces baisses se constataient de mois en mois, et y compris des années précédant 2004. En 2003, c’est 20 milliards Fcfa. En 2003, il n’y avait pas la CAN, ni d’élection présidentielle. De même qu’en 2002. Dans ce sillage, Amadou Vamoulke observe des fluctuations dans la redevance audio-visuelle, d’une année à l’autre, avec une nuance : « (…) mais, pas de l’ordre de celles enregistrées en 2005. Et si le chiffre de 11 milliards Fcfa donné par le ministre à l’époque comme étant celui auquel la CRTV pouvait raisonnablement prétendre, il restera toujours à expliquer le gap »
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Polycarpe Abah Abah présente une annexe du rapport de contre-expertise judiciaire à l’accusé Amadou Vamoulke. Il s’agit de l’historique du compte 479534 intitulé « CRTV Rav ». Le document contient le montant des ressources provenant de l’exercice 2004. Ces ressources d’un montant de 05 milliards 544 millions 508 Fcfa ont été transférées en 2005 à la CRTV.
Le contre-interrogatoire de l’accusé Amadou Vamoulke porte en outre sur les mécanismes de collecte et de mis à disposition des ressources de la Redevance audio-visuelle pendant la période des fêtes à la CRTV.
Dans le cadre de cette affaire, Amadou Vamoulke, Polycarpe Abah Abah, Antoinette Menyeng Meyoa sont poursuivis pour les faits présumés de détournement de biens public, coaction de détournement Dbp.