Présomption de détournement de biens publics : Edgard Alain Mebe Ngo’o rejette en bloc les accusations du Ministère public.
Interrogé par l’un de ses avocats, Me Amougou Koé, hier 25 mai au Tribunal criminel spécial à Yaoundé sur la passation, l’exécution et le fractionnement des marchés publics, l’Ex-ministre délégué à la Présidence chargé de la défense fait un distinguo entre l’avenant et le fractionnement. Par ailleurs, il dit avoir reçu le visa du président de la République avant la signature desdits avenants.
Par Florentin Ndatewouo
Bras droit levé, Edgard Alain Mebe Ngo’o Abraham dépose sous serment : « Je jure de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité », répète-t-il à la suite de l’un des greffiers audienciers. Ce 25 mai, se tient au Tribunal criminel spécial (Tcs) de Yaoundé, la suite du procès de l’Ex-ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense. Edgard Alain Mebe Ngo’o est interrogé par l’une de ses avocats, Me Amougou Koé : « L’accusation estime que vous avez procédez à la signature des marchés sans en avoir qualité ; que vous avez fractionné et méconnu par la même occasion les dispositions légales régissant la passation, l’exécution et le contrôle des marchés publics. Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? » L’air assuré, Edgard Alain Mebe Ngo’o prend la parole : « Je n’ai signé ni passé aucun marché public. Je n’ai signé que le M.O.U (MEMORANDUM OF UNDERSTANDING) et le contrat commercial entre le protocole de Convention entre la Chine et le Cameroun. J’ai signé un M.O.U le 12 janvier 2011 sur instruction de la Présidence de la République. Le 07 avril 2011, j’ai signé à Pékin le contrat à cette convention. J’affirme et je confirme que j’étais l’autorité compétente. » Chaque propos de l’Ex-Mindef s’accompagne d’une gestuelle pour illustrer son contenu. Il rejette en blocs l’accusation liée au fractionnement des marchés : « Je n’ai procédé à aucun fractionnement de marché. A la suite du contrat commercial, j’ai signé 4 avenants. L’avenant ne veut pas dire fractionnement. » Sieur Mebe Ngo’o souligne que les 04 avenants ont préalablement fait l’objet de l’accord du président de la République : « Pour signer l’avenant numéro 1, il a fallu saisir la Présidence de la République. Ensuite, être notifié de manière expresse avant de signer. Nous avons été notifiés par le chef d’état-major particulier du président de la République. » Le même traitement a été réservé aux autres avenants. « Mais, avec en plus, les visas de la Présidence de la République. Ces pièces sont disponibles. » L’accusé note l’existence de ces 04 avenants dans le contrat commercial (article14).
Edgard Alain Mebe Ngo’o précise qu’un système de validation de ces avenants a été adopté. Comment ce système s’est-il opérationnalisé ? « L’avenant numéro 1 valide le contrat commercial. L’avenant numéro 2 valide l’avenant numéro 1 et le contrat commercial. L’avenant numéro 3 valide l’avenant numéro 1, 2 et le contrat commercial », ainsi de suite.
« le M.O.U est un document non engageant. Il a été élaboré en quelques minutes. Il était normal qu’il connaisse des modifications plus tard. »
D’après Me Amougou Koé, le Ministère public estime que l’accusé Mebe Ngo’o a réussi, à travers divers avenants au contrat du 17 avril 2011 non autorisés par le président de la République à modifier les termes du M.O.U. Ceci, par l’introduction dans ce marché par fractionnement divers, du nouveau matériel destiné à la Gendarmerie nationale et aux sapeurs-pompiers. Des matériels à utiliser pour le compte de la fête nationale du 20 mai 2013, alors même que les financements dégagés avaient déjà été exposés à cet effet. Edgard Alain Mebe reprécise la portée du document en cause : « le M.O.U est un document non engageant. Il a été élaboré en quelques minutes. Il était normal qu’il connaisse des modifications plus tard. » Au sujet des avenants, l’Ex-mindef note qu’ils « ont été négociés et par les experts du Ministère des Finances, du Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, de la Caisse autonome d’Amortissement. Ce n’est pas moi qui ai rédigé les avenants. »
« Il m’était donc impossible de mettre la main sur ces fonds. J’attends que le Ministère public me fournisse les preuves sur ses accusations hautement diffamatoires »
Le Mémorandum d’entente est présenté au Tribunal comme pièce à conviction. Pendant que les parties au procès consultent ces documents, Edgard Alain Mebe Ngo’o échange quelques mots avec son coaccusé, le colonel Mboutou Ghislain Elle. Ce dernier partage le box des accusés avec son codétenu, Maxime Mbangue, situé à proximité de celui des témoins où se trouve son interlocuteur.
Sur le premier siège installé après le prétoire, dame Bernadette Nkoulou Minla, épouse Mebe Ngo’o, et Victor Emmanuel Menye conversent. Au terme des consultations, les 4 avenants, et le contrat commercial produits sont admis en la forme comme pièces à conviction. L’EXAMINATION-IN-CHIEF reprend : « Comment faites-vous pour détourner la somme de 196 milliards 800 millions Fcfa pour une dette où le remboursement est étalé sur 10 ans ? » Edgard Alain Mebe Ngo’o indique qu’il n’a pas été question d’un travail personnel et individuel: « les experts des autres Ministères ont bien participé aux négociations qui ont abouti à la signature des 04 avenants » L’Ex-mindef note que sur les 3000 millions d’euros, il revenait au Cameroun de payer 15% des contreparties. Une tâche attribuée d’après lui à la Caisse autonome d’Amortissement (Caa) pour le compte de l’Etat camerounais. Le taux de cette contrepartie est de 15% , représentent 31,1 milliards Fcfa, échelonné. « Il m’était donc impossible de mettre la main sur ces fonds. J’attends que le Ministère public me fournisse les preuves sur ses accusations hautement diffamatoires », souligne Edgard Alain Mebe Ngo’o.
L’accusé indique que le financement est déclenché à travers la Convention passée par le Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’aménagement du Territoire. Le Minepat ayant bénéficié d’un décret d’habilitation du président de la République. La suite de l’interrogatoire de Edgard Alain Mebe Ngo’o est prévue les 23 et 24 juin prochains.