Décès de Rodrigue Ndagueho: L’urgence d’une HUMANISATION des conditions de détention.
Par Florentin Ndatewouo
L’Etat du Cameroun est depuis peu l’objet d’une nouvelle vague d’épidémie de choléra. Celle-ci n’épargne pas le milieu carcéral. Hier 07 avril, Rodrigue Ndagueho Koufet, 37 ans rend l’âme après avoir souffert, entre autres, de cette maladie. Ce militant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc) était détenu à la prison centrale de New Bell à Douala au Cameroun.
Le Mrc indique que 04 autres de ses militants en détention souffrent eux aussi du choléra. Outre les militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, nombre de détenus à travers le Cameroun sont sujets à cette épidémie du choléra. Cette situation interpelle les autorités camerounaises, dans la prise en charge des détenus au sein des milieux carcéraux. A cet effet, il convient de consulter l’ensemble des règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus. La règle 24. 1 dispose : « l’État a la responsabilité d’assurer des soins de santé aux détenus, ceux-ci devant recevoir des soins de même qualité que ceux disponibles dans la société et avoir accès aux services nécessaires sans frais et sans discrimination fondée sur leur statut juridique. 2. Les services de santé devraient être organisés en relation étroite avec l’administration générale de santé publique et de manière à faciliter la continuité du traitement et des soins, notamment pour le VIH, la tuberculose et d’autres maladies infectieuses, ainsi que pour la toxicomanie. » Cet instrument juridique international prévoit également la prise en charge des malades en situation s’urgence comme ce fut le cas pour feu Rodrigue Ndagueho: « Tous les établissements pénitentiaires doivent garantir l’accès rapide aux soins médicaux en cas d’urgence. Les détenus qui requièrent des traitements spécialisés ou soins chirurgicaux doivent être transférés vers des établissements spécialisés ou vers des hôpitaux civils. Lorsqu’un établissement pénitentiaire dispose de ses propres installations hospitalières, le personnel affecté et le matériel fourni doivent y être suffisants pour assurer un traitement et des soins adéquats aux détenus qui y sont envoyés. » Ainsi, énonce la règle 27.
Le décès de sieur Ndagueho Koufet appelle des pouvoirs publics, des actions urgentes de nature à éviter la récidive. Ce décès questionne la politique carcérale camerounaise. Il remet au goût du jour, la problématique de la surpopulation carcérale, avec pour corollaire, l’insalubrité, la précarité des conditions de vie des détenus. Ce qui est aux antipodes des dispositions de la règle 05 du texte évoqué en sus : « Le régime carcéral doit chercher à réduire au minimum les différences qui peuvent exister entre la vie en prison et la vie en liberté dans la mesure où ces différences tendent à atténuer le sens de la responsabilité du détenu ou le respect de la dignité de sa personne. » Dans cette dynamique, « les administrations pénitentiaires doivent apporter tous les aménagements et les ajustements raisonnables pour faire en sorte que les détenus souffrant d’une incapacité physique, mentale ou autre aient un accès entier et effectif à la vie carcérale de façon équitable.»
L’urgence du désengorgement des prisons est plus que jamais d’actualité. A cet effet, la transmission dans les meilleurs délais au Parlement, d’un projet de loi relatif à l’application des peines alternatives serait la bienvenue. En outre, l’accélération des travaux de construction de nouveaux établissements pénitentiaires comme l’a annoncé le ministre de la Justice, Laurent Esso permettrait de décongestionner les prisons.