Victor Emmanuel Menye : « Lorsque j'arrive pour mon audition, je suis surpris que les Officiers de police judiciaire m'interrogent sur le kongossa. »

Victor Emmanuel Menye : « Lorsque j'arrive pour mon audition, je suis surpris que les Officiers de police judiciaire m'interrogent sur le kongossa. »
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Emmanuel Victor Menye, directeur général adjoint de la Société camerounaise des banques (Scb), à l'époque des faits, auditionné au Tribunal criminel spécial à Yaoundé ce 06/10/2022.

Accusé de complicité de coaction de détournement de la somme de plus de 01 milliards 300 millions FCFA, reproché à Edgard Alain Mebe Ngo'o et Robert Franchitti, le directeur général adjoint de la Sbc à l’époque des faits clame son innocence. L’accusé est entendu ce 06 septembre au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé, dans le cadre de son interrogatoire principal.

Par Florentin Ndatewouo


"Madame la présidente du tribunal, éminents membres de la collégialité, permettez-moi après trois ans et demi de castration sociale  de déconstruire l'image de personnage sulfureux qui m'a été attribué depuis ma détention provisoire le 05 mars 2019. 

Le directeur général adjoint de la Scb (Société camerounaise des banques (Ndlr) que j’étais a reçu le 29 janvier 2019, un fax  annonçant cette procédure. J'ai assisté au Conseil d'Administration de la Scb de Casablanca le 07 février 2019. Le 08 février j'étais à Montpellier, le 25 février, j'ai assisté à la réunion de la Cobac (Commission bancaire de l’Afrique centrale) à Libreville, bien qu'ayant été entendu par les officiers de police judiciaire du Tcs comme témoin le 18 du même mois. Je n'étais pas concerné par le champ de l'enquête diligenté par le Parquet général du Tcs. Lorsque j'étais à Libreville, je ne savais pas que j'étais en danger. Sinon, je n'allais pas rentrer. 

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Je suis convoqué comme témoin par les Opj (Officiers de police judiciaire (Ndlr) du Tcs pour donner des éclairages sur le fonctionnement des opérations en banque. 
Quand j'arrive pour mon audition, je suis surpris que les  Opj (Officiers de police judiciaire, Ndlr) m'interrogent sur les affabulations, le kongossa, soutenu par rien du tout, jusqu'à date. 

 

 

« le juge d'instruction veut savoir si j'ai été impliqué dans l'acquisition des équipements militaires du Mindef…»

 

 

Je suis inculpé pour deux infractions : complicité du crime de coaction de détournement de la somme de plus de 01 milliards 300 millions FCFA, reproché à Edgard Alain Mebe Ngo'o et Robert Franchitti, à travers les actes d'aide de facilitation dans divers comptage et transactions financières, ainsi que sur l'ouverture abusive des comptes bancaires sur le plan national et international.
deuxième infraction, complicité de blanchiment aggravé de capitaux reproché à Edgard Alain Mebe Ngo'o.

Le 17 octobre 2019, le juge d'instruction veut savoir si j'ai été impliqué dans l'acquisition des équipements militaires du Mindef (Ministère de la défense, Ndlr) durant la période allant de 2009 à 2015. Je lui ai répondu que je n'étais pas impliqué à titre personnel. Il voulait savoir si en tant que directeur général adjoint de la Scb, cette structure a été impliquée dans l'acquisition des effets. Je lui ai fait comprendre que le Mindef étant parmi les plus de 200 milles clients de la Scb. Il voulait savoir si le Mindef a ouvert les comptes à la Scb.  Si oui, quel type de compte ?
Je lui ai dit que le Ministère de la défense a des comptes ouverts à la Scb avant 2009. Il s'agit des comptes courants. Il voulait savoir dans quel cadre la Scb est intervenue dans l'acquisition du matériel militaire. Je lui ai dit que le compte du Mindef est alimenté par les ressources provenant soit de la Snh (Société nationale des Hydrocarbures, Ndlr) ou du Ministère des Finances.  Une fois qu'il était alimenté, vous pouvez faire des retraits....
Pour ce qui est de la signature conjointe, il y avait le chef de service des affaires générales, et celle du ministre de la défense. 
Lorsque les fonds relatifs à l'organisation de la fête du 20 mai tardaient à arriver, la banque donnait comme à tout client, les fonds de découvert. 
Le juge d'instruction  m'a posé les questions sur les rapports avec le ministre Mebe Ngo'o. Il voulait connaître mes rapports avec Robert Franchitti. J'ai dit oui. Je l'ai rencontré. Il avait souhaité travailler avec la Scb. Cela n'a pas fonctionné parce que sa proposition n'obéissait pas au modèle économique de cette structure bancaire.
Il affirme qu’il  y a une transaction qui m'a permis d'acquérir un immeuble à Bastos.

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Il me pose la question de savoir si j'ai ouvert un compte pour  monsieur Edgard Alain Mebe Ngo'o à Paris et à Casablanca. Je lui ai dit : monsieur le juge d’instruction, j'ai beau dû être directeur général adjoint de la Sbc, mes compétences ne vont pas jusqu'à donner des instructions verbales à Paris. Il m'a demandé quel était le montant de mon salaire mensuel, je lui ai répondu qu'il était de 5 millions Fcfa, sans compter les avantages.

 

 

« Je ne comprends même pas pourquoi je me retrouve devant le Ministère public. Je réponds parce que je dois répondre aux questions qu'on me pose pour l'intérêt du tribunal. »

 

 

On me met en prison pour des questions qu'on ne m'a pas posé. Les enquêteurs ne m'ont pas posé des questions. Le juge d'instruction, appelé juge des libertés dans certains pays, décide de mettre en prison un mandataire social qui pouvait payer une caution d'1 millions 300 Fcfa, n'a pas exploré cette option. Il a préféré me mettre en prison.

 Je ne comprends même pas pourquoi je me retrouve devant le Ministère public. Je réponds parce que je dois répondre aux questions qu'on me pose pour l'intérêt du tribunal. Avant cette affaire, je ne savais rien du fonctionnement du Mindef. Ma culture sur la chose militaire a été enrichie ici lors des débats. Je me demande qui est-ce qu’on interroge vraiment devant ce tribunal ?  Est-ce un conseil informel du ministre de la défense, monsieur Edgard Alain Mebe Ngo'o ? Est-ce un ami du ministre de la défense ? Est-ce Emmanuel Victor Menye, le directeur général adjoint des banques ?

J'ai démissionné de la Scb le 11 mars 2019, renonçant à 39 millions FCFA par respect pour les clients. J'ai écrit au ministère des Finances pour dire que je n'étais plus digne de la confiance qu'il m'avait faite (…) 
Je ne pouvais pas terminer cet exercice sans avoir une pensée pour le bâtonnier Me Charles Tchakounté Patié qui aurait voulu me voir en liberté. J'ai perdu un bouclier."