Plaidoiries : La défense de Mebe Ngo’o accuse Ferdinand Ngoh Ngoh d’«instrumentaliser» la Justice.

Plaidoiries : La défense de Mebe Ngo’o accuse Ferdinand Ngoh Ngoh d’«instrumentaliser» la Justice.
Ferdinand Ngoh Ngoh (à gauche) Ministre Secrétaire général de la République de la République, Edgard Alain Mebe Ngo'o (à droite), Ex-ministre délégué à la Présidence, chargé de la Défense, présent à l'audience relative aux plaidoiries de son Avocat au Tribunal criminel spécial à Yaoundé/03/01/2023

A l’audience d’hier 03 janvier de l’année en cours, le Conseil de l’Ex-ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense attribue les déboires judiciaires de leur client à l’actuel Secrétaire général de la Présidence de la République. En outre, ils invoquent des vices de procédures, et demandent de ce fait l’acquittement de leur client.

Par Florentin Ndatewouo

La comparution de l’accusé Edgard Alain Mebe Ngo’o procède d’un complot, à en croire sa défense : « Quelque temps après sa sortie du gouvernement, monsieur le ministre Mebe Ngo’o reçoit un coup de fil de quelqu'un à l'étranger, qui dit « monsieur le Sgpr (Secrétaire général à la Présidence de la République, Ndlr) me charge de vous dire qu'il va vous mettre en prison avec votre épouse. » La défense de l’accusé Mebe Ngo’o note que « Monsieur le Sgpr actuel est puissant. » Pour cause ?  « Il dit et ça se fait. Madame Mebe Ngo'o accompagne effectivement son époux depuis 04 ans à la prison Centrale de Nkondengui. » Me Amougou Koé s’exprime ainsi à l’audience d’hier 03 janvier au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé.

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La défense de l’accusé Edgard Alain Mebe Ngo’o évoque la thèse de « l’instrumentalisation de la Justice ». Elle accuse le ministre Secrétaire général de la Présidence de la République actuel, d’être à l’origine des déboires judiciaires de son client. Ce, de par la violation par Ferdinand Ngoh Ngoh, du secret de la correspondance. Au soutien de cette affirmation, Me Amougou Koé rappelle les missions de l’Agence nationale des investigations financières (Anif). Ces missions sont définies à l’article 03 du décret de 2005 portant création de ladite institution : «  l'Anif a pour mission de recevoir, traiter, et transmettre le cas échéant aux autorités judiciaires, toutes informations relatives aux transferts des fonds, au titre de blanchiment de capitaux (…) » Question : « Le ministre Sgpr a l'époque des faits était -il devenu autorité judiciaire ? Monsieur Ferdinand Ngoh Ngoh n'avait pas à connaître les données bancaires de mon client », va-t-elle marteler.

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Edgard Alain Mebe Ngo’o comparait devant le Tcs pour répondre entre autres, du chef de blanchiment aggravé de capitaux. Le document contesté de l’Anfi par la défense, est à la base de cette accusation.   

 

 

 

 

« Mon client est détenu arbitrairement jusqu'à l'heure actuelle. (…) Madame le président, monsieur les honorables membres de la collégialité, mon client a passé 1471 jours de sa vie en détention provisoire, soit 28 mois, 844 jours de sa vie devant vous. » Me Amougou Koé, Avocat de l’accusé Edgard Alain Mebe Ngo’o.

 

 

Au cours de ses plaidoiries, le Conseil du couple Mebe Ngo’o dénonce des pratiques qui auraient entaché la procédure, et donc porté atteinte aux droits de ses clients : « le 14 février 2019, l'Ex-minfef est interrogé par les fins limiers du Tcs, sans qu'une plainte, objet de son interpellation lui été présentée, jusqu'au placement du ministre Mebe Ngo'o le 08 mars 2020 à la prison Centrale de Nkondengui. » Dans la même logique, Me Amougou Koé déplore « des perquisitions scélérates ». Celles auraient eu lieu aussi bien au domicile de son client, au lieudit d'odza dans la ville de Yaoundé, qu’à Nkolfong, et Zoaétélé, son village.

Elle pointe un doigt accusateur sur la saisie des biens du couple Mebe Ngo’o, ainsi que les hypothèques légales dont les immeubles de son client font l’objet depuis lors.

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 La défenderesse dit avoir interpellé le Juge d’instruction au cours de l’information judiciaire. Ce, à l’effet d’attirer son attention sur la « violation » de ses droits : « Le juge, au lieu de s'appuyer sur la loi et de son intime conviction, comme le veut l'article 310 du code de procédure pénale, s‘est appuyé sur autre chose. »

 

 

 

 

« Pourquoi monsieur Edgard Alain Mebe Ngo'o comparaît encore à cet instant précis, alors que la loi vous prescrit de rendre votre décision dans un délai maximal de 06 mois ? » Me Amougou Koé, Avocat de l’accusé Edgard Alain Mebe Ngo’o.

 

 

 

Me Amougou Koé reproche au juge d’instruction, le non-respect des dispositions de l’article 09(3) de la loi du 16 juillet 2012, modifiant et complétant certaines dispositions de la loi du 14 décembre 2011, portant création d’un Tribunal criminel spécial : « Mon client est détenu arbitrairement jusqu'à l'heure actuelle. (…) Madame le président, monsieur les honorables membres de la collégialité, mon client a passé 1471 jours de sa vie en détention provisoire, soit 28 mois, 844 jours de sa vie devant vous. » Dans le même ordre d’idées, la défense fait grief au Tribunal, de l’inobservation de 10 (6) de la loi cité supra : « (…) On peut donc dire que monsieur Mebe Ngo'o comparaît devant vous depuis plus de 500 jours, sur la base de l'arbitraire. » Et de s’interroger : « Pourquoi monsieur Edgard Alain Mebe Ngo'o comparaît encore à cet instant précis, alors que la loi vous prescrit de rendre votre décision dans un délai maximal de 06 mois ? » A cette question, la défenderesse semble avoir une réponse : « Vous aurez pu décider de faire comparaître notre client libre. Mais hélas, apparemment c'est un dossier sensible... »

La défense demande au tribunal de donner main levée sur les hypothèques légales placés sur les immeubles de son client. De plus, elle réitère sa requête aux fins de nullité de cette procédure pour « instrumentalisation du Tcs et violation des droits de la défense. » Au chapelet des revendications, l’on note l'annulation des procès-verbaux de perquisition et de saisie dressés les  05 et 06 mars 2019 du domicile de l’accusé Edgard Alain Mebe Ngo’o, dans les localités de  Zoatele, et Nkolfong. La suite de la cause a lieu ce 04 janvier. La défense poursuivra ses plaidoiries sur les chefs d’accusation de prise d’intérêt dans un acte, blanchiment aggravé des capitaux. Les infractions de détournement présumées de biens publics, corruption, ont été débattues à l’audience d’hier.