Université de Douala : L’accusé Louis Max Ayina parle de la gestion d’un compte bancaire querellé.
Pour l’ancien directeur général de l’Institut universitaire technologique, la non implication du contrôleur financier, et de l’agent comptable dans les opérations est justifiée. Ceci, en ce que « les dépenses liées aux fonds qui y étaient hébergés n’étaient pas prévues par le budget primitif de l’Etat. »
Par Florentin Ndatewouo
Il existe un désaccord entre la mission de contrôle du Conseil supérieur de l’Etat (Consupe), et l’Institut universitaire technologique (Iut). Cette divergence est liée à la gestion d’un compte bancaire de cet établissement placé sous la tutelle de l’Université de Douala. « Les dépenses liées aux fonds qui y étaient hébergés n’étaient pas budgétées. C’est-à-dire que les dépenses n’étaient pas prévues dans le budget primitif de l’Etat. Par conséquent, ni le contrôleur financier, ni l’agent comptable n’étaient impliqués dans le contrôle de ces fonds. » Louis Max Ayina Ohandja rappelle ainsi les propos du témoin de l’accusation. Joseph Mpouli Mpouli s’est exprimé au cours de son interrogatoire en date du 04 février de l’année en cours.
Durant la période allant de 2008 à 2010, l’Institut universitaire technologique dispose de 3 comptes bancaires :
-le compte numéro31664700001-51, encore appelé Iut formation continue ;
-le compte bancaire numéro : 0127901532-41 ;
-le compte numéro 01253101002-65.
Le premier compte est l’objet de controverses. Il comporte les frais d’inscription aux différents concours organisés par l’Iut ; les recettes issues des relations avec les milieux industriels, donc la formation continue ; les bourses, aides aux étudiants et divers appuis venant des entreprises.
Louis Max Ayina Ohandja est auditionné au Tribunal criminel spécial (Tcs) le 05 octobre dernier. Au cours de son EXAMINATION-IN-CHIEF, l’Ex-directeur général de l’Iut expose sur la nature des dépenses effectuées à travers les comptes bancaires. L’accusé dit avoir procédé au décaissement total de la somme de 260 millions 883 mille 670 Fcfa. « Nous présentons les pièces justificatives pour un montant total de 261 millions 177 mille 566 Fcfa, soit un écart négatif de 293 mille 196 Fcfa qui est explicable et peut être jugé marginal.»
De tradition, l’Institut universitaire technologique organise 03 concours par an, et un recrutement au cycle du Brevet des techniciens supérieurs (Bts). Ce qui nécessite :
-les missions de prospection sur le territoire national, la communication ;
-l’acheminement et le traitement des dossiers ;
-la préparation logistique et technique ;
-les missions vers les centres de concours ;
-le fonctionnement des centres de concours (surveillance et coordination) ;
-La correction et gestion du concours ;
- préparation et traitement informatique des données.
« A titre d’illustration, nous avons conduit 1098 opérations de dépenses entre le 1er janvier 2008 au 31 décembre 2010 ; 14 opérations avec moins de 500 mille Fcfa pour une valeur de 25,5 millions Fcfa »
A ces dépenses s’ajoutent les décaissements effectués dans le cadre des activités du Centre d’interface avec les milieux industriels (Cimi) : « Pour l’organisation des activités du Cimi conduites avec l’appui et l’assistance des Français, cette organisation a généré les dépenses suivantes : la prospection auprès des entreprises et des organisations ; la promotion des offres de formation. » L’organisation administrative des offres de formation ; les cérémonies de remise des parchemins de fin de formation ; la contribution à la remise à niveau des ateliers et laboratoires se greffe à ces activités. « A titre d’illustration, nous avons conduit 1098 opérations de dépenses entre le 1er janvier 2008 au 31 décembre 2010 ; 14 opérations avec moins de 500 mille Fcfa pour une valeur de 25,5 millions Fcfa »
Dans ses dépositions, Louis Max Ayina reviens sur l’origine des formations dispensées par l’Iut. L’accusé fait savoir que l’Institut dont il a la charge a mis sur pied deux projets depuis 1999.Ces projets portent sur la formation technique dans l’enseignement supérieur et la coordination ainsi que la modernisation de l’enseignement technique dans cet ordre d’enseignement. Ces projets sont l’objet de deux conventions, à savoir : l’accord de rétrocession des fonds IBA(un organisme de la banque mondiale Ndlr), numéro 3110 CM. La deuxième convention est la convention de financement numéro 20010132-3/2002 entre le gouvernement français et le gouvernement du Cameroun.
L’interrogatoire de Louis Max Ayina porte aussi sur le détournement présumé de la somme de 4 millions 827 mille 821 Fcfa. Le mis en cause rejette en bloc cette accusation :« Nous avons été pendant plus de 10 ans chez monsieur Ebuné Théophile, à la cité des palmiers. Nous percevions au titre d’indemnité la somme de 58 mille 159 Fcfa par mois. Cette somme servait à payer les factures d’électricité et autre. » En outre, le Tribunal reproche à celui qui dans une autre vie à officié comme secrétaire d’Etat auprès du Ministère des Travaux publics, en charge des routes, les faits de détournement de biens publics. Le préjudice s’élève à 534, 7 millions Fcfa.
Tout au long de son audition, Louis Max Ayina Ohandja procède à la production des documents. Parmi ces pièces, figurent l’attestation de location délivrée par le bailleur, une photocopie du bail enregistré depuis 2004. Pour justifier l’effectivité de l’organisation des concours, l’accusé présente au Tribunal 09 communiqués de publication des résultats. Après consultation par les parties, les pièces sont admises au dossier de procédure. La suite du procès est prévue le 12 octobre prochain.
Dans le cadre de cette affaire, Louis Max Ayina Ohandja comparait aux côtés du professeur Bruno Bekolo, ancien recteur de l’Université de Douala. Sieurs Pokem Jean Pierre, Akumah Fon Reuben, Mboudou Augustin Marie sont également coaccusés dans la présente cause.