Affaire CRTV : Polycarpe Abah Abah répond à Amadou Vamoulké
Accusé d’avoir procédé à la réduction de 40% des ressources de l’entreprises audio-visuelle à capitaux publics, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances clame son innocence. Il dit n’avoir pas la capacité juridique pour procéder à une telle manœuvre.
Par Florentin Ndatewouo
La réduction de 40% des ressources affectées à la CAMEROON RADIO TELEVISION (CRTV) en 2005 n’est le fait de Polycarpe Abah Abah. « En ma qualité de ministre de l’Economie et des Finances, je n’ai ni réduis, ni ordonné encore moins instruis qui que ce soit de diminuer les ressources affectées au fonctionnement de la CRTV en 2005. » Costume bleu nuit, sourire au coin, l’accusé a l’aire décontracté. Il choisit de déposer sous serment. Le bras droit levé, il jure de dire la vérité : « (…) En effet, je n’avais pas la capacité juridique de le faire. » Polycarpe Abah Abah est entendu hier 09 mars au Tribunal criminel spécial (Tcs) à Yaoundé.
L’ancien ministre de l’Economie et des Finances est interrogé par l’un de ses Avocat, Me Nko. Au cours de son interrogatoire principal, il tient à situer le Tribunal sur les propos tenus par son coaccusé, Amadou Vamoulké. A l’audience du 24 novembre 2021, l’Ex-directeur général de la CRTV déclare : « Oui, il est incontestable que les ressources dont j’ai pu disposer pour faire fonctionner la CRTV ont diminué drastiquement dès la première année de ma gestion d’environ 40%(…) » En réponse à cette déclaration, Polycarpe Abah Abah donne des précisions. Il fait savoir que la réduction des ressources financières de la CRTV ne relève pas de ses prérogatives et attributions. La défense rappelle que les ressources affectées à la CRTV, notamment ses recettes ainsi que ses dépenses, sont arrêtées dans le cadre d’un budget annuel. Ledit budget est élaboré par le directeur général de la CRTV, et approuvé par le Conseil d’administration. Ce conseil est présidé par le ministre de la Communication (Mincom), autorité de tutelle.
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Dans ce sillage, Polycarpe Abah Abah évoque les changements survenus pendant la période des fêtes. Au cours de ladite période, « la redevance audio-visuelle allouée à la CRTV n’était plus l’objet d’une subvention arrêtée par l’Etat dans son budget. En effet, avec la modification de l’ordonnance numéro 89/004 du 09 décembre 1989 portant institution de la redevance audio-visuelle par l’article 10ème de la loi de Finances pour l’exercice 2004, le montant affecté à la CRTV était désormais fonction des recouvrements effectifs de cette redevance sans limitation ni plafond. »
« le trésorier payeur général de Yaoundé est comptable assignataire du compte 470534. A ce titre, il est seule habilité à en comptabiliser les opérations. »
En référence au propos tenus par son coaccusé, Amadou Vamoulké le 25 novembre 2021, Polycarpe Abah Abah rappelle que les recettes de la CRTV sont logées les unes dans les comptes bancaires. Ces comptes sont ouverts et gérés par son directeur général. A cet effet, l’article 1er de l’arrêté numéro 00002/minfi du 30 janvier 1990 fixant les modalités de fonctionnement du compte ouvert dans les écritures du trésor au profit de la CRTV dispose : « il est ouvert au profit de la CRTV dans les écritures du trésor le compte 470534 intitulé CRTV redevance audio-visuelle où sont reversés les produits de la redevance audio-visuelle dans les conditions fixées par le présent arrêté. » L’article 02 de ce texte ajoute : « le trésorier payeur général de Yaoundé est comptable assignataire du compte 470534. A ce titre, il est seule habilité à en comptabiliser les opérations. » Ces dispositions légales permettent à Polycarpe Abah Abah de lever l’ambiguïté autour de son implication supposée, en rapport avec la réduction des ressources financières de la CRTV.
Dans le cadre de cette affaire, Amadou Vamoulke, Polycarpe Abah Abah, Antoinette Menyeng Meyoa, sont accusés d’infractions de détournement de biens publics et coaction de Dbp. Au cours de l’audience d’hier 09 mars, aucun chef d’accusation n’a été évoqué par la défense. Pour des raisons de santé, l’accusé a sollicité un renvoi. En réponse à cette demande, le Tribunal suspend la cause. La suite de l’affaire est prévue les 22, 23 24, 25 mars prochains.