Arrestation : « Les policiers se sont introduits à mon domicile à 04H du matin. »

Arrestation : « Les policiers se sont introduits à mon domicile à 04H du matin. »

Placé en garde-à-vue depuis cette matinée du 24 août dans une cellule du Parquet du Tribunal de première instance de Yaoundé Centre-administratif, le journaliste Bessala parle des circonstances de son interpellation.

 

Par Florentin Ndatewouo

 

La distanciation sociale entre les suspects gardés à vue et les visiteurs est de mise. Les échanges ne sont possibles que de par une ouverture située au-dessus du poignet de la porte de la cellule. «Bessala, c’est de la part de Thierry Eba », ainsi, le président du Snjc annonce sa présence à son confrère détenu.  La visite cette matinée du 24 août du président du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) section Centre permet au journaliste de sortir momentanément de son isolement. Un autre gardé vue placé à l’entrée de la porte de rassurer : « Patientez, il cherche son bâton (Béquille Ndlr) pour venir. » Les bruits ininterrompus des béquilles qui se font légèrement attendre indiquent le déplacement de sieur Bessala. Quelques secondes après, le confrère fait son apparition. On peut perçoit une partie de son visage. Les échanges se font devant une porte fermée : « J’ai mal au genou gauche et aux reins. Cette nuit, la douleur était tellement grande que je n’ai pas pu trouver le sommeil », décrit-il au cours de la conversation. Le journaliste Bessala est placé en garde-à-vue dans l’une des cellules du parquet du Tribunal de première instance (Tpi) de Yaoundé Centre-administratif.

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 Il a été interpellé à son domicile à Nkolafamba (département de la Méfou-et-Afamba, région du Centre, Ndlr), alors qu’il suit un traitement. Ce, à la suite d’un accident de circulation qui a provoqué un malaise, notamment au genou gauche. « J’ai été interpellé par les éléments de la police de Yaoundé 4ème à Nkolafamba…Les policiers se sont introduits chez moi à 04H du matin. En ce moment, j’ai avec moi, mes médicaments que mon épouse m’a rapportés. »

 

 

« l'officier de police judiciaire chargé de l'exécution d'un mandat d'arrêt ne peut à cette fin s'introduire dans une résidence avant 06 heures et après 18 heures. »

 

 

L’arrestation de sieur Bessala ne s’est pas déroulé selon la norme. En effet, l’exécution des mandats de justice est encadrée par la loi du 27 juillet 2005 portant Code de procédure pénale. L’article 23 de ce texte normatif dispose : « l'officier de police judiciaire chargé de l'exécution d'un mandat d'arrêt ne peut à cette fin s'introduire dans une résidence avant 06 heures et après 18 heures. »

De plus, le suspect est placé en garde-à-vue, alors même qu’il dispose d’un domicile. Or, l’article 118 (2) du code de procédure pénale évoqué en sus énonce : « Toute personne ayant une résidence connue ne peut, sauf cas de crime ou de délit flagrant et s'il existe contre elle des indices graves et concordants, faire l'objet d'une mesure de garde à vue. »

Jusqu’à notre départ du parquet, sieur Bessala n’avait  pas encore été auditionné par un Magistrat du Parquet. Les faits présumés qui lui sont reprochés n’ont guère été notifiés.

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Le journaliste Bessala est arrêté suite à la publication d’un article lié à un litige foncier. « J’ai été contacté par une veuve, la nommée Jeanne Ngono. Elle  m’a exposée un problème de vente de terrain, qui l’oppose à une dame, Bella Marie. Dame Ngono a souhaité que cette question soit portée à l’attention du public. » La publication de l’article en cause offre l’occasion aux détracteurs de sieur Bessala de procéder à des règlements de compte : « Mon arrestation a été facilitée par les chefs de mon village dont je suis limitrophe. Ils ont l’habitude de signer les certificats d’abandon coutumier pour la vente des terrains. Ce qui pose de nombreux litiges fonciers. Je dénonce régulièrement cette pratique. Ils ont donc profité de cette occasion pour me livrer. »

 

Avant son transfert cette matinée à la cellule du Parquet du Tpi de Yaoundé, sieur Bessala a passé la nuit au Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed). Il a été entendu à cet effet : « Je n’ai pas été maltraité au Sed.  Ils ont jeté le matelas au sol au couloir, j’ai dormi dessus. »

Le Snjc section Centre se déploie  afin que les conditions de la garde-à-vue, ainsi que la libération de sieur Bessala se déroulent dans de meilleures conditions.